Délestage permanent à Gao : Quand  EDM SA pousse les populations à la colère

0

Cela fera bientôt 6 mois que Gao, capitale économique de la 7ème région du Mali n’a plus d’électricité. Toutes les tentatives ont été vaines pour faire entendre raison à la Direction Générale d’EDM SA à Bamako. Cette Direction aurait même laissé entendre, selon des internes à la boîte  qu’ « en cette période d’hivernage, une zone désertique comme Gao ne constitue pas une priorité pour la société ». Au niveau des autorités, personne n’a levé le petit doigt pour doter l’une des plus anciennes villes du Mali d’un groupe électrogène de quelques modiques millions de Cfa. Surtout que cette ville vit dans une insécurité permanente, sous la loi de trafiquants, de terroristes et de leurs nombreux complices.
 
Le désormais ancien gouverneur de la région Kalifa Keita promu depuis Chef d’Etat major, a abattu toutes ses cartes. Il a été au four et au moulin, voulant vaille que vaille donner ne serait ce que la nuit, du répit aux populations martyrisées quant à la lumière pour éclairer leurs demeures et les connecter à la télévision nationale ou aux nombreux satellites dont disposent les habitants. Rien n’y fit. Gao ressemble à la nuit à une ville fantôme. Les petits commerces tournent au ralenti le jour et les quelques lieux de distractions ferment mélancoliquement leurs portes. Les habitants sont amers et sont partagés entre résignation et colère. Plusieurs groupes de jeunes s’apprêtent à manifester pour dénoncer cet abandon et ce mépris d’EDM SA à l’endroit de leur cité. Pire l’insécurité a pris du galon. Les braquages et les casses de commerces ont connu une hausse vertigineuse. Dans certains quartiers comme Aljanabandia ou le Château, personne n’ose s’aventurer dans les rues au-delà de 21 heures. La Police est quasi absente la nuit, elle évoque d’ailleurs le manque de lumière qui leur rend difficile le contrôle de ceux qu’elle croise à des heures indues. Le Gouvernement de Mariam Kaidama Sidibé joue à l’aveugle et au sourd et se limite à dissuader d’éventuelles manifestations dans la ville poudrière. A la date d’aujourd’hui, EDM SA n’a dépêché aucune mission sur place pour évaluer la situation et prendre les mesures adéquates.

De sources dignes de foi, la station EDM SA de Gao n’a jamais bénéficié de groupes électrogènes convenables. Ce sont toujours des machines d’occasion ayant déjà servi ailleurs qu’on déverse sur la ville. Nombreuses sont les familles ou les commerces qui ont vu leurs réfrigérateurs ou leurs appareils court-circuités par les baisses anarchiques de tensions.  Les rafistolages ont donc montré leur limite et pris de court la Direction Générale qui à ce jour n’est même pas parvenu à fixer une périodicité pour résoudre le problème. En attendant la tension couve et la colère monte, et, personne ne sait encore de quelle manière prendra fin la tragédie que vivent des populations déjà trop longtemps éprouvées.
Karim FOMBA
(Envoyé spécial)

Commentaires via Facebook :