Accès à l’eau potable : Avec plus de financements…

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Entre 2004 et 2011, le taux d’accès est passé de 62 à plus de 75%. Mais les besoins restent énormes, même à Bamako.

L’accès à l’eau potable figure en bonne place dans les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) qui prévoient de réduire de 50% le nombre de personne n’ayant pas accès à la précieuse ressource d’ici à l’horizon 2015. Au Mali, les pouvoirs publics ont logiquement fait de l’accès à l’eau potable une forte priorité. Les actions menées dans ce sens depuis quelques années ont déjà donné des résultats appréciables. L’inventaire des points d’eau réalisés en 2003 a permis la mise à jour du Système d’information de gestion des ressources en eau au Mali (SIGMA). Cet inventaire avait répertorié 28 045 points d’eau repartis en forages, puits directs busés et cuvelés, puits citernes connectés à des forages, puits pastoraux et bornes fontaines équipés des réseaux d’adduction.

De 2004 à aujourd’hui, le taux d’accès à l’eau potable est passé de 62 à plus de 75%. Cet élan s’est poursuivi grâce à une autre action : le processus de réforme institutionnelle de la société Energie du Mali (EDM) qui a abouti à la séparation de la gestion de l’eau et de l’énergie. D’importants projets ont été initiés, exécutés ou sont en cours d’exécution : la construction de stations compactes à Baco-Djicoroni, Missabougou et Magnambougou. Il y a surtout l’ambitieux projet structurant de la future station de pompage de Kabala dont le coût de réalisation est estimé à plus de 150 milliards de Fcfa. Mme Ly Fatoumata Kané, la directrice nationale de l’Hydraulique, explique que de gros efforts sont faits pour accroitre significativement le taux d’accès à l’eau potable. « Ces dernières années, il y a une véritable dynamique en faveur du secteur de l’eau. Aujourd’hui, le Mali figure parmi les pays ayant atteint de bons résultats en si peu de temps. En 7 ans, nous avons augmenté le taux d’accès à l’eau potable de plus de 20%. En 2004, le taux de couverture était de 62%.

Aujourd’hui, il avoisine les 80%. Au regard de nos moyens, c’est un bon résultat », apprécie Mme Ly Fatoumata Kané. Il faut cependant admettre qu’il reste beaucoup à faire. En effet, même dans la capitale, le problème d’eau se pose avec acuité dans de nombreux quartiers. A la Société malienne de gestion de l’eau potable (SOMAGEP), l’on explique que le schéma directeur graduel d’accès à l’eau est basé sur un certain nombre de critères en terme de disponibilité et de qualité des ressources en eau. Dans la mise en œuvre de ce chronogramme, des usagers vont forcement se plaindre d’une certaine lenteur, relève un responsable de cette structure. « L’accès à l’eau est un droit humain comme tous les autres.

L’Etat est le garant du respect de ce droit. En assurant l’accès des citoyens à l’eau potable, l’Etat ne fait que son devoir. Ce n’est pas de la charité. C’est un moyen d’expression de droit et d’obligation », souligne Dounantié Dao, le président de la Coalition nationale pour la Campagne internationale pour l’accès à l’eau potable et à l’assainissement (CN/CIEPA). Celui-ci estime que le chemin à parcourir pour atteindre les objectifs fixés est encore long. « Pour développer un secteur comme l’eau et l’assainissement, nous avons besoin de financements conséquents. Aujourd’hui le premier obstacle auquel se heurte le secteur, c’est le manque de financement. La part du secteur ne représente pas grand’chose dans le budget d’Etat : moins de 5% pour l’eau et moins de 1% pour l’assainissement », assure-t-il.

400 MILLIARDS DE FCFA. Or, poursuit Dounantié Dao, le Mali est signataire de traités et conventions internationaux relatifs à la promotion et au développement du secteur. Parmi ces dispositions internationales, l’on peut citer, entre autres, la déclaration des Nations unies sur les droits de l’homme et l’accès à l’eau potable et à l’assainissement, la résolution 64/292 adoptée en 2010 par l’Assemblée générale de l’ONU sur le droit fondamental à l’eau et à l’assainissement. Dans sa volonté d’assurer l’accès à l’eau potable de tous nos compatriotes, le gouvernement a adopté en 2006, une Politique nationale de l’eau (PNE). Celle-ci est la boussole de la promotion du secteur de l’eau. Elle prévoit deux types d’action. Il y a d’abord les programmes visant à développer et mettre en place des outils de gestion des ressources en eau afin que l’administration de l’eau puisse disposer des moyens de pérenniser le développement du secteur. Le second type d’action porte sur la réalisation et la réhabilitation d’équipements et d’infrastructures hydrauliques. La mise en œuvre de cette politique s’effectue selon un plan national d’accès à l’eau potable (PNAEP).

Le coût global de ce plan est estimé à environ 400 milliards de Fcfa. Il sera en grande partie financé par les partenaires techniques et financiers auprès desquels la recherche de fonds est en cours. Il faut dire que l’appui des PTF dans le secteur représente près de 85% des financements accordés aux projets et programmes. Cette dépendance constitue un handicap pour la mise en œuvre du plan d’actions, souligne Mme Ly Fatoumata Kané, en expliquant que les conditionnalités de décaissement des fonds ne favorisent pas la mise en œuvre des contrats à temps. La directrice nationale de l’Hydraulique préconise davantage d’efforts en faveur de la mobilisation des ressources internes.

Le président de la CN/CIEPA, Dounantié Dao, prône également cette approche. « Nous devons faire l’essentiel avec nos propres ressources. L’eau et l’assainissement sont des domaines vitaux et doivent être inscrits dans les priorités de l’Etat. L’aide des partenaires est certes utile, mais elle ne pourra jamais nous permettre d’atteindre nos objectifs », estime-t-il. Selon Mme Ly Fatoumata Kané, la politique nationale de l’eau a permis de mobiliser les énergies en faveur du secteur. Autres acquis de son point de vue : le renforcement de structures techniques et la cohérence des interventions grâce à la mise en œuvre du Programme sectoriel eau et assainissement (PROSEA). Ce programme repose sur 4 objectifs principaux : la promotion de l’accès à l’eau ; la connaissance et le suivi des ressources en eau ; l’utilisation de l’eau à d’autres usages (agricoles par exemple) et le renforcement des capacités des structures techniques et de la société civile.

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Accès à l’eau et à l’assainissement : AUSSI UNE QUESTION DE DROIT

Tout le monde a droit à l’eau potable et à l’assainissement. La question s’était invitée à la dernière édition de l’Espace d’interpellation démocratique, le 10 décembre passé. Le jury d’honneur de l’EID a formulé des recommandations sur le secteur. Elles concernent l’accès équitable à l’eau potable pour tous les citoyens, la priorisation des questions liées à l’hygiène et à l’assainissement par l’affectation de ressources budgétaires conséquentes, l’adoption de mesures pour lutter contre la prolifération des déchets (liquides et solides), l’élaboration et la mise en œuvre d’un plan d’action national sur la sensibilisation des populations face à la dégradation de l’environnement.

La Coalition nationale pour la Campagne internationale pour l’accès à l’eau et à l’assainissement (CN/CIEPA) se félicite de ces recommandations. Son président, Dounantié Dao, a animé vendredi une conférence de presse pour commenter ces recommandations. Cette rencontre avec la presse s’est déroulée au siège de l’ONG à Hamdallaye ACI en présence de Mme Coulibaly Salimata Diarra, la présidente de la Coalition pour l’accès à l’eau potable, l’hygiène et l’assainissement (CAEPHA). Les échanges ont porté essentiellement sur la participation de la CN/CIEPA à l’EID. Selon le conférencier, l’Espace a constitué une tribune idéale pour sensibiliser sur l’aspect « droit » en matière de promotion de l’accès à l’eau et à l’assainissement. « Des recommandations ont été formulées sur l’eau et l’assainissement. Notre combat est désormais de faire en sorte que ces recommandations soient suivies d’effet », a dit le conférencier. Aujourd’hui, a-t-il noté, plus 4 millions de Maliens n’ont pas encore accès à l’eau potable, tandis que plus de 70% de nos compatriotes n’ont pas accès à une infrastructure sanitaire de base. Comment faire pour changer cette situation ?

Dounantié Dao estime qu’il faut sensibiliser la population à prendre conscience de son droit vis-à-vis des pouvoirs publics : « Notre stratégie consiste à aider les populations à prendre conscience de cet aspect. Pour ce faire nous mettrons l’accent sur la communication. Nous continuerons à mettre la pression sur le gouvernement. Il a pris des engagements à travers la reconnaissance des textes et résolutions internationaux ». Le coordinateur la CN/CIEPA, Bouréima Tabalaba, s’est déclaré favorable à la mise en place d’un dispositif juridique qui permettra aux populations de jouir des droits d’accès à l’eau potable et à l’assainissement. « Nous sommes dans un Etat de droit. Le gouvernement est le garant de cette justice. A ce titre, il est temps que les usagers aient le pouvoir de se plaindre, là où il faut, chaque fois qu’ils estiment que leur droit est bafoué », a-t-il estimé.

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Énergie du Mali : HAUSSE TARIFAIRE EN VUE

Les consommateurs sont avertis. Les tarifs de la société Energie du Mali (EDM) augmenteront au cours de l’année 2012. Il s’agirait de la seule solution possible pour soulager les finances d’une entreprise fortement touchées par la hausse du prix des hydrocarbures. La proposition d’augmenter les tarifs a été faite hier aux administrateurs par le président du conseil d’administration, Ousmane Issoufi Maïga, à l’occasion d’une session du conseil d’administration. Les travaux de cette session se sont déroulés au siège du conseil à Badalabougou. Ils ont enregistré la participation de la directrice nationale de l’Hydraulique, Mme Ly Fatoumata Kané, du directeur général d’EDM, Sékou Alpha Djitèye, et des autres administrateurs. Essentiellement budgétaire, la session a examiné le projet de budget qui prévoit un déficit prévisionnel de 15,67 milliards de Fcfa et cela, malgré une subvention d’exploitation et d’investissement de 20 milliards de Fcfa octroyée par l’Etat. Ce résultat s’explique par la hausse programmée du coût de l’énergie de Manantali, la forte augmentation de la production (12,81%), la hausse des prix des produits pétroliers et l’augmentation de la part du thermique (28,78%) dans la production, consécutive aux faibles niveaux d’eau dans les lacs de retenue des barrages. Par ailleurs, EDM sera déchargée définitivement de la gestion commerciale du secteur de l’eau potable confiée à la Société malienne de gestion de l’eau potable (SOMAGEP) à partir de janvier 2012.

La hausse tarifaire envisagée est d’autant plus compréhensible que le prix unitaire de l’électricité est resté stable depuis la baisse effectuée en 2002 sous l’impulsion des pouvoirs publics. Une décision qui est d’ailleurs à l’origine de la rupture de contrat qui liait l’Etat malien au partenaire stratégique de l’époque. De cette date à jours, la société a poursuivi sa mission de service public, malgré les différentes fluctuations des prix des hydrocarbures et des consommables au plan international. Ousmane Issoufi Maïga a indiqué que l’aboutissement du processus de réforme aura été possible grâce aux efforts conjugués des cadres du département de tutelle, de la direction générale, des membres du conseil d’administration, de l’ensemble des travailleurs de la société et des syndicats. Le processus de réforme va se poursuivre en tenant compte du plan de redressement.

Mais EDM va continuer à assurer sa mission de service public visant à produire, transporter et distribuer à tous les demandeurs de l’électricité à un prix accessible. « Une tâche ardue. D’autant plus ardue que sa mise en œuvre est rendue chaque jour plus difficile avec, notamment une trésorerie très tendue », a noté le président du conseil d’administration. Outre les projets de budget pour l’exercice 2012, les administrateurs ont examiné d’autres documents, notamment l’état d’exécution des recommandations de la précédente session, la régularisation des dossiers approuvés par la procédure de consultation à domicile, etc…

 

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