Embellie économique selon la Banque mondiale : Le Mali en voie de renouer avec la croissance

2

Après le vote de la Feuille de route de la transition par l’Assemblée nationale, consacrant une unité de vue et d’action pour sortir de la crise, l’heure est à la reconstruction du pays, notamment de l’économie nationale où une embellie se dessine et promet de remettre le Mali sur la voie de la croissance économique en 2013, année au cours de laquelle il est prévu d’atteindre le taux de 5%. C’est en tout cas l’avis de la Banque mondiale, comme indiqué dans son nouveau rapport semestriel sur la situation macroéconomique du Mali. Selon le document, l’exécution du budget de 2012 a été affectée, mais le niveau des recettes totales est attendu en légère hausse en 2012 par rapport à 2011, même si les dons baisseraient de près de 90%. En termes réels, les dépenses courantes ressortiraient stables en 2012 par rapport à 2011.

Tiénan Coulibaly, Ministre de l'Economie, des finances et du Budget
Tiénan Coulibaly, Ministre de l’Economie, des finances et du Budget

La libération progressive de la partie septentrionale du pays occupée par les narco djihadistes a sonné le tocsin du redémarrage de l’activité économique restée sur cale pendant presqu’une bonne année, à cause de la crise institutionnelle suite au coup d’Etat du 22 mars 2012, mais aussi et surtout après l’invasion d’une partie du territoire par la coalition du mal composée d’Aqmi, Ansar Eddine, Mujao, Boko Haram et Mnla. Il s’en est suivi une déstructuration du tissu économique et un retrait des partenaires financiers du Mali qui avaient préféré se désengager provisoirement le temps d’y voir plus clair.
Mais depuis le début de l’année 2013, surtout avec les résultats enregistrés par l’opération Serval, la confiance et la sérénité, deux éléments fondamentaux en termes d’investissements, s’installent progressivement et appellent les partenaires du monde entier qui recommencent à s’intéresser à la destination Mali. La Banque mondiale qui est l’un des plus importants  partenaires du Mali a d’ailleurs salué la nouvelle dynamique de reprise de l’activité économique lors de la publication de son dernier rapport semestriel sur le Mali qui prévoit un taux de croissance économique de 5 % pour cette année.
20 projets et programmes pour un montant total de plus de 360 milliards Fcfa
Notons qu’au cours de l’année 2012, le volume de financement du Mali par l’institution bancaire mondiale était de 53 millions Us dollars, contre 163,2 en 2011, 146,7 en 2010, 231 en 2009. Les événements de l’année 2012 expliquent en grande partie la baisse notoire enregistrée, mais comme le disait le ministre de l’Economie, des finances et du budget, Tiénan Coulibaly, lors de la revue des portefeuilles entre la Banque mondiale et l’Etat du Mali, au mois de novembre 2012: «Dès la mission d’évaluation de la BM intervenue au Mali en juin dernier, nous avons assisté avec beaucoup de bonheur à une reprise graduelle des activités», avait-il souligné. Lors de cette revue des programmes, il a été précisé que le portefeuille actif des projets de la Banque mondiale au Mali comprenait 20 projets et programmes pour un montant total de plus de 360 milliards Fcfa.
La semaine dernière, la Banque mondiale a procédé à la présentation d’un rapport sur la situation macroéconomique du Mali en 2012, à son siège de Bamako. Au vu de ce rapport, il y a eu plus de craintes que de dégâts causés par la crise. En effet, il était prévu, en 2012, une contraction du PIB réel de 1.5 % à cause de l’influence de l’instabilité politique sur l’activité économique. Mais finalement, les bonnes performances des sous-secteurs agricole et aurifère finiront par en atténuer les effets.
Diminution des recettes de 17% 
L’auteur principal du rapport, Cheick Diop, a précisé qu’entre 2000 et 2010, le PIB du Mali a connu une croissance avec un taux annuel moyen de 5,7%. Instable au départ, il a fini par se tasser autour de 5% entre 2005 et 2010. Il y a eu une conjonction de facteurs positifs qui ont facilité l’atteinte de ces résultats. En termes de facteurs exogènes, il y a  une bonne pluviométrie et des termes de l’échange globalement favorables, principalement au niveau de l’exportation de produits-phares comme le coton. Pour les facteurs endogènes, on peut citer l’environnement politique stable, soutenant une bonne gestion macroéconomique. Ce qui a facilité le financement de l’investissement par des ressources extérieures provenant des partenaires financiers du Mali.
Il a fallu attendre 2011, avec le déficit pluviométrique, pour voir la croissance chuter jusqu’à 2,7%. Le Mali est un pays très dépendant du secteur agricole par conséquent de la pluviométrie.
La bonne nouvelle est que le Mali, malgré ses difficultés, est en train de renouer avec les performances économiques, même si en 2012, le total des recettes et dons devrait diminuer de 17 % en termes réels par rapport à 2011. Sans oublier que les opportunités de financement se sont sensiblement amenuisées: il a été enregistré une baisse de 93 % du financement extérieur net. La conséquence directe en est un déficit budgétaire global prévu aux alentours de 3,8 % du PIB en 2011 à 2,5 % du PIB en 2012. Mais le gouvernement a su apporter la réplique en réduisant de façon drastique les dépenses publiques. Ce qui fait que les dépenses totales et prêts nets devront connaître une baisse de 21% en termes réels par rapport à 2011. Il est important de noter, selon le rapport de la Banque mondiale, qu’en termes réels, les dépenses courantes se stabiliseraient en 2012 par rapport à 2011.
Quant à la dette extérieure qui est entièrement une dette publique, elle ressortirait à 29.5% du PIB en 2012, après avoir atteint 28,1% en 2011. La dette intérieure, de son côté, est faible, passant de 4,7% du PIB en 2011 à 5,1% en 2012 selon les prévisions.
Croissance de 24% des crédits à l’économie
Pour la masse monétaire, il a été noté une augmentation de 15%, entre 2010 et 2011, bénéficiant de la forte croissance des crédits à l’économie (+24%) et d’une légère détérioration de la position créditrice du gouvernement. En fin octobre 2012, elle a connu un accroissement de 13% en glissement annuel. Une détérioration plus accentuée de la position créditrice du gouvernement, alors que la croissance des crédits à l’économie est ressortie à 8% en glissement annuel. Pour l’inflation, le taux d’inflation moyen annuel a haussé passant de 1,4 % en 2010 à 3 % en 2011 et 5,3% en 2012. Situation due principalement à la sécheresse.
Aujourd’hui, l’heure est à la reconstruction, notamment au niveau de secteurs très touchés par la crise, comme dans le tourisme et l’hôtellerie, le BTP qui a connu une chute de 20%, découlant du déficit des investissements publics et privés. Tout le contraire d’autres secteurs qui ont été plus résistants, sinon même plus heureux, comme la production minière avec une croissance de 7.5%, la production agricole avec +13%. Ce, à quoi, il faut ajouter une bonne politique budgétaire du Mali, notamment le niveau d’endettement modéré qui concourt à la réalisation de la stabilité macroéconomique.
A.B. NIANG

Commentaires via Facebook :

2 COMMENTAIRES

Comments are closed.