Politique de l’élevage au Mali: La filière avicole délaissée

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Le ministre de l’Elevage et de la Pêche a effectué  lundi 26 novembre 2012 une visite au siège de la Fédération des Intervenants de la Filière Avicole au Mali (FIFAM), situé à la cité UNICEF de Niamakoro. Cette rencontre d’échanges a permis à  Makan Alou Tounkara et sa délégation  de mieux cerner la problématique de développement de la filière avicole dans notre pays.

Le ministre Tounkara a reconnu que la filière avicole est un sous secteur délaissé. Selon lui, ” même dans la vision stratégique du Département de l’Elevage et de la Pêche, l’aviculture ne fait pas partie. On n’a pas compris que dans la production animale, il y a aussi l’aviculture, le poulet. On entend parler d’une Direction Nationale de la Pêche, mais pas pour l’aviculture “. Ce qui signifie qu’il urge de créer une Direction Nationale de l’Aviculture. Un projet qui sera largement soutenu au cours des journées avicoles prévues dans le futur.

En tous les cas, le ministre Makan Alou Tounkara a préconisé une vision commune pour développer la filière avicole au Mali. Il s’agira d’élaborer une politique nationale pour l’aviculture, de rendre accessible le crédit bancaire, de neutraliser la concurrence déloyale, de mieux renforcer les capacités des intervenants afin d’être plus professionnels.

Auparavant, la Présidente de la FIFAM, Mme Sanogo Djarata Traoré, a vivement remercié le ministre Makan Alou Tounkara et son staff pour venir s’imprégner des difficultés auxquelles sont confrontés les intervenants de la filière avicole. Elle s’est également réjouie de la création du Projet de Développement Avicole du Mali (PDAM). Dans sa mission d’appui du secteur  avicole, ce projet avait plusieurs objectifs dont l’organisation de la filière, qui a abouti à la création en 2005, de la FIFAM. Pour la circonstance, les membres de la FIFAM ont souligné l’importance du PDAM à travers une banderole sur laquelle on pouvait lire : ” Le Projet de Développement Avicole du Mali (PDAM) : une stratégie d’intervention multidimensionnelle “.

Après cette marque de reconnaissance, une brillante présentation a été faite et  ponctuée d’explications précises de Mme Sanogo. Il ressort que la fédération a eu des acquis. Mais, elle reste confrontée à des difficultés et contraintes. On note la dépendance de l’extérieur (à environ 55%) en approvisionnement de poussins d’un jour ;  la contrainte liée à l’importation (exigence de volume) ; la non maîtrise du transport aérien des poussins d’un jour de la zone UEMOA ; le coût élevé des infrastructures avicoles (bâtiment, équipement etc.).

S’y ajoutent le manque de fonds de garantie facilitant l’accès aux crédits ; l’insuffisance d’accompagnement des autorités de tutelle pour le respect des normes sanitaires et hygiéniques ; l’installation anarchique des aviculteurs ; l’insuffisance de réseau de distribution fiable ; l’insuffisance de matériel de stockage de conservation et de transformation des produits avicoles.

Enfin, on peut noter la non disponibilité de sites appropriés de productions avicoles ; les taxes élevées  sur les OAC ; la concurrence déloyale des importateurs de poulets congelés d’origine douteuse et à très bas prix, malgré l’interdiction par un arrêté interministériel; le manque d’équipement adéquat de transport des produits avicoles et la  contrainte liée à la communication (manque de bulletins d’information et de système d’information fiable).

Casser des œufs !

Face à ces préoccupations, Mme Sanogo et ses  fidèles membres  demandent aux décideurs de casser des œufs pour faire des omelettes  compétitives sur le marché international afin de promouvoir la filière avicole, un secteur pourvoyeur d’emplois dans notre pays où le chômage devient un casse-tête. Ainsi, ils ont formulé d’importantes doléances.  Il s’agit d’accroitre les effectifs  de reproducteurs et  le nombre de couvoirs pour faire face à la démographie galopante; instituer des  programmes de formation et de suivi des acteurs; mettre en place de fonds de garantie pouvant faciliter aux aviculteurs l’accès aux crédits.

Il y a également la nécessité de renforcer la reconnaissance institutionnelle de nos organisations, d’institutionnaliser des  journées  avicoles ; de gagner le pari de la restructuration professionnelle ; d’approvisionner le marché malien en intrants (matières premières) de qualité à un prix compétitif. ; de lutter efficacement contre l’importation clandestine des poulets congelés ; de mettre en place de matériel adéquat d’abattage et de transport des poulets et des produits  avicoles.

Enfin, la FIFAM demande aux décideurs de faire des bulletins d’information sur l’aviculture moderne ; d’avoir un centre de formation pratique en aviculture; d’obtenir une parcelle pour abriter le siège de  la fédération, de rendre les structures beaucoup plus opérationnelles  sur le plan financier et de mettre en place un système d’information du marché des produits  avicoles.  Elle demande également de mettre en place une unité centrale Industrielle de fabriques d’aliment ; de créer des unités de transformation et de commercialisation ; d’obtenir une meilleure organisation de la filière ; de faire de la filière un vrai créneau de création d’emplois et un levier de développement économique.

 

M.Maïga

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