Péril sur la filière avicole au Mali : La FIFAM tire la sonnette d’alarme

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Le secteur qui fait vivre des millions de personnes tant en milieu rural qu’urbain doit être protégé pour non seulement sauver des emplois mais sécuriser des revenus et lutter contre la pauvreté au niveau rural.

La filière avicole au Mali connaîtra le même sort que celle du Ghana ? Au rythme où l’on va, si rien n’est fait pour la sauver, elle court inexorablement vers une mort certaine. Malheureusement, les raisons de cette tragédie sont connues de tout le monde, mais personne ne veut en faire une priorité. C’est l’importation frauduleuse des vieux stocks de viande de poulet d’Europe. Le produit frauduleux est mélangé dans des chargements de poisson de mer pour tromper la vigilance des douaniers (les gendarmes de l’économie) et les agents des services vétérinaires postés au niveau des frontières pour empêcher l’introduction des produits alimentaires avariés dans notre pays. Les opérateurs véreux à l’origine de ce commerce éhonté usent de  la nature délicate du produit. Car à la différence des autres marchandises, les chargements de poissons ne peuvent rester longtemps stationnés au risque de les détruire. Car, elle est conservée au frais dans des camions frigorifiques, le maintenir longtemps pour des procédures de dédouanements est très risqué. C’est pourquoi, les gabelous accélèrent la procédure pour leur permettre de continuer rapidement la route. La routine aidant, certains importateurs véreux ont commencé timidement à les mélanger avec quelques cartons de viande de poulet, au point que le commerce risque de s’imposer à nos autorités. Or, le secteur est protégé pour des raisons sanitaires.

Le secteur protégé par une batterie de textes règlementaires

Le péril économique et sanitaire est si inquiétant que les acteurs de la filière, organisés au sein d’une faitière, dénommée la Fédération des Intervenants de la Filière Avicole du Mali (FIFAM)  sont  montés au créneau le mercredi dernier à travers un point de presse dans la cour de la Direction Régionale des Services Vétérinaires du District. C’était à l’issue d’une séance de travail avec les responsables des services vétérinaires du District de Bamako. Un seul point était inscrit à l’ordre du jour de cette réunion : « Comment faire pour enrayer l’importation frauduleuse de la viande de poulet au Mali ». Surtout à cette veille de fête qui est considérée par les intervenants de la filière comme une période de pique dans la commercialisation des poulets (abattus ou sur pieds). La réunion a été coprésidée par le directeur régional  des Services  Vétérinaires du District de Bamako par intérim Bamba Keïta et  la présidente de la FIFAM, Mme Sanogo Diarata Traoré. Les deux parties étaient entourées de leurs collaborateurs respectifs, notamment le secrétaire à l’organisation de la FIFAM, Lamine Traoré. Le but principal de cette réunion était d’attirer l’attention des Autorités en charge du Commerce et de l’Industrie, de l’Economie et des Finances et de la Sécurité sur le strict respect des Arrêtés interministériels n°040596/MIC/MEF/MAEF-SG du 18 mars 2004 portant interdiction d’importation de la viande de poulet au Mali, N°1651/MIIC-MEF-MEP-MSPC du 8 juillet 2009 portant interdiction d’importation et de transit des oiseaux et produits avicoles au Mali et n°1652/MIIC-MEF-MEP-MSIPC du 8 juillet 2009 portant sur interdiction d’importation de la viande fraiche de volaille. Ces deux Arrêtés, qui n’ont pas fait l’objet de relecture encore moins d’abrogation, sont toujours d’actualité. En conséquence, leur observation est obligatoire par les autorités, a rappelé la conférencière Sanogo Diarata Traoré avant d’être complétée par Bamba Keïta. Selon lequel, les textes au Mali interdisent l’importation de la viande de volaille et même les produits de la volaille. « Certes, cette mesure d’interdiction visait à faire face à une épidémie de grippe aviaire qui frappait à nos portes en son temps. Mais, jusque-là, le risque demeure. A titre illustratif, la Côte-D’ivoire a été récemment frappée par une nouvelle épidémie de grippe aviaire, l’obligeant à fermer ses frontières avec le Burkina Faso, considéré en son temps comme le foyer de dissémination à travers la sous-région. Cette épidémie est donc une sorte d’alerte et de rappel pour les Autorités comme quoi la menace ne s’est pas complètement éloignée de nos portes. Si la grippe venait à apparaitre au Mali, les conséquences seront catastrophiques à la fois pour la filière que pour les hommes », a-t-il déploré. Avant d’ajouter : « chez nous, l’aviculture commence à prendre de l’ampleur et certains acteurs sont en train de faire avancer cette filière. Si l’importation de la viande de poulet continue illégalement, cela tuerait notre élevage et affectera l’économie. Ce qui revient à dire que ce sont des milliers d’emplois qui sont menacés. Or le président de la République a promis aux jeunes de créer 200 000 emplois. Si l’on est incapable de protéger l’existant comme pourrons-nous se projeter dans les ambitions présidentielles », s’interroge Sanogo Diarata Traoré.

« Il y a certains pays qui ont été victimes de cette importation sauvage. Elle a totalement décimé leur aviculture. Nous avons des équipes qui se promènent dans les marchés, boutiques, alimentations et autres pour surveiller ce phénomène. Nous faisons des saisies de produits mais malheureusement beaucoup nous échappent. En cette fin d’année, l’importation est fréquente et oblige à prendre des dispositions adéquates pour mettre fin à ce fléau destructeur. », a martelé Bamba Kéita.

Des produits avariés destinés à la destruction en Europe

Selon la présidente de la FIFAM, Mme Sanago Diarata Traoré, le but surtout est d’attirer l’attention des consommateurs sur ces cuisses de poulets. « Ce ne sont pas les mêmes produits que nous consommons. Ce sont des produits reformés de l’Europe destinés à la destruction qui nous envahissent. Le comble est que le kilo de ces poulets est vendu à 3 euro, environ 1000 FCFA en Europe et vendu sur nos marchés entre 1500f et 1600f  et cela veut dire que ce n’est pas les bons produits. Les arrêtés pris ne sont pas suffisants, il en faut plus encore », a-t-elle expliqué avant d’inviter les consommateurs à éviter d’acheter les cuisses de poulet importés. Car elles sont non seulement nocives pour l’emploi local, donc un frein à la croissance de notre économie, mais un danger pour la santé. Derrière un aviculteur malien, il y a des milliers de bouches à nourrir et des revenus à protéger, a-t-elle indiqué. « Prenons le cas du maïs par exemple. Le kilogramme était cédé avant entre 15 et 25 FCFA. Mais, aujourd’hui, il est vendu entre 180 et 2OO FCFA grâce à l’activité de l’aviculture. Ceux qui s’occupent de l’aviculture au Mali sont les jeunes et des femmes. Mais surtout les femmes dans les villages. » a-t-elle poursuivi avant de déplorer l’inertie des Autorités face au drame. « Nous avons tenté d’impliquer beaucoup de responsables dans ce combat. Mais, le produit se vent comme du petit pain au vu et au su de tout le monde. » a-t-elle déploré. Et de signaler que les autorités du pays doivent aider la filière aviculture. Car, aucun pays au monde ne peut vivre d’importation.

Dans son intervention, le secrétaire à l’organisation de la FIFAM, Lamine Traoré dira qu’avec la réapparition de la grippe aviaire dans les pays voisins, les services vétérinaires  ont fait le maximum pour protéger au niveau des frontières maliennes et même dans le District de Bamako, l’importation de la viande de poulet dont  la provenance est douteuse.  « En réalité, toute denrée alimentaire qui rentre dans le pays doit être contrôlée par les services vétérinaires et avoir une autorisation d’importation. Ces produits arrivent dans le pays sans autorisation effective de telle manière qu’on ne sait pas d’où ils proviennent, dans quelles conditions ils rentrent, comment ils sont conservés jusqu’à destination » souligne-t-il. Le hic qui fait tilt ici, c’est qu’on ne sait même pas comment ils sont conservés à l’intérieur du pays avant d’être mis à la disposition des consommateurs maliens. C’est face à cette série de questions  sans  réponses précises que Lamine Traoré demande aux consommateurs de réfléchir à deux fois avant d’acheter ces découpés de viandes de poulets et d’autres volailles car ils n’ont aucune autorisation de mise sur le marché au Mali.

Aoua Traoré

 

 

 

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