INTITULE : « La Grippe aviaire une menace réelle pour les élevages avicoles en Afrique et au Mali. Appel à une vigilance accrue des Autorités, des consommateurs et des producteurs. »

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Qu’entendons-nous par Grippe aviaire ?

La grippe aviaire ou Influenza aviaire  est une maladie infectieuse d’origine virale affectant les oiseaux (en particulier le gibier d’eau comme les canards et les oies). Les oiseaux sauvages infectés par le virus influenza ne présentent souvent aucun signe apparent de la maladie. Les virus de la grippe aviaire peuvent parfois se transmettre aux volailles domestiques et être à l’origine de flambées épidémiques de grande ampleur. Certains de ces virus aviaires peuvent franchir la barrière des espèces et causer des maladies ou des infections sub-cliniques chez des humains et d’autres mammifères. De nombreuses souches de virus influenza aviaire passent inaperçues dans les élevages avicoles; il s’agit alors de souches dites ‘’faiblement pathogènes’’. En revanche certaines souches, notamment les sous-types H7 et H9 ont la capacité de devenir hautement pathogènes et entraîner jusqu’à 100%  de mortalité et à certaines occasions se transmettre à l’Homme. Le sous–type A(H5N1) a infecté pour la première fois des êtres humains en 1997, lors d’une épizootie touchant la volaille à Hong Kong.. Depuis sa réémergence à une vaste échelle en 2003 et 2004, ce virus aviaire s’est propagé de l’Asie à l’Europe et à l’Afrique et s’est durablement enraciné dans les populations de volailles de certains pays, provoquant la mort ou l’abattage de millions d’oiseaux, des centaines de cas humains et de nombreux décès chez l’Homme. Ace jour, le pays qui compte le plus de cas humains de grippe aviaire causé par le virus H5N1 est l’Egypte. Les flambées épidémiques affectant la volaille ont eu de graves répercussions sur les moyens de subsistance, l’économie et le commerce international dans les pays touchés, dont 6 ou 7 vivent avec ce virus, désormais bien établi, depuis maintenant 10 ans. La présence de deux souches virales dérivées de ce H5N1 a été confirmée aux Etats-Unis et le Canada depuis fin la fin de l’année 2014. Elle a causé des dommages immenses dans la filière avicole américaine avec notamment presque 50 millions de volailles abattues ou mortes de la maladie en moins de 6 mois. Le sous-type A(H7N9) a émergé en Chine en février 2013. Ila tout d’abord infecté trois personnes dont deux habitants de la ville de Shanghaï et un habitant de la province de l’Anhui en mars 2013. Aucun cas d’infection à virus A(H7N9) n’a encore été notifié en dehors de la Chine mais on peut craindre que ce sous-type s’étende à la zone du Sud-Est Asiatique. Les mesures de confinement, dont la fermeture pendant plusieurs mois des marchés de volailles vivantes ont eu un fort impact économique en Chine et sur le commerce international. Au total, la Chine a déclaré 674 cas d’infection chez l’homme dont 267 morts, dans la majorité des provinces chinoises. La majorité des infections provenaient d’expositions confirmées à des volailles domestiques potentiellement infectées par le virus. Le fait que le A(H5N1) et le A(H7N9) continuent à circuler parmi les volailles d’élevage – en particulier à l’état endémique – représente une menace persistante pour la santé publique, car ces virus ont à la fois le potentiel de causer une grave infection chez l’homme, parfois mortelle, et la capacité de muter sous une forme qui serait  transmissible de l’homme à l’homme.

Pourquoi devons-nous rester vigilants aujourd’hui au Mali?

Au Mali la menace s’est manifestée en 2006 lors de la première introduction du virus sur le continent Africain en 2006. Le Gouvernement mesurant tout le danger et la portée pour son économie- le cheptel aviaire représentant actuellement un effectif de 38 000 000 sujets selon les statistiques nationales (Direction Nationale de la Production et Industries Animales).-, et L’a filière avicole est vitale pour des milliers de producteurs surtout ruraux auxquels elle procure un revenu sûr. Un Plan de contingence pour la prévention et la lutte contre la grippe aviaire 2006- 2009et un Plan d’urgence en 2006 ont été élaborés. Ces deux plans ont permis de faire face à la situation et de protéger le Mali de toute intrusion du virus dans le pays. Un mécanismede veille matérialisé par un système de surveillance épidémiologique et un Comité Technique de Coordination est fonctionnel depuis 2006. Le coût du Plan de contingence était estimé à environ 6,991 053 milliards de FCFA. Depuis le début de l’année 2015 et à la date du 7  Juillet 2015, 5 pays africains ont successivement notifié la maladie sur leur territoire : Nigéria (janvier 2015), Burkina Faso (Mars 2015), Niger (Avril 2015), Côte d’Ivoire (28 mai 2015), et Ghana (Juin 2015). Au Burkina, la maladie a engendré des pertes considérablesavec un impact négatif sur les revenus et les conditions de vie de la population. Ainsià la date du 8 juin 2015, 9 régions sur les 13 que compte ce pays ont été touchées avec la mort ou l’abattage de plus de 228 500 volailles ainsi que des pertes économiques estimées à plus de 4 milliards de FCFA.Il est difficile de prédire comment cette situation va évoluer, en particulier si le virus va persister au cours des années à venir et s’amplifier, ou s’il va progressivement disparaître, comme il l’avait fait quelques années auparavant. La présence de la maladie dans trois pays voisins du Mali constitue en tout état de cause une source d’inquiétude pour les Autorités et les partenaires techniques et financiers..Les Services Vétérinaires du Mali ont élevé le niveau de vigilance en réactivant les dispositifs techniques et réglementaires mis en place lors de la crise sanitaire de 2006.

Que fait la FAO ?

Lors de la crise de 2006, la FAO a assisté les pays africains à faire face aux différents foyers à travers des appuis techniques multiformes qui ont abouti à la création de réseaux régionaux de santé animale que sont le RESOLAB (réseau des laboratoires), RESEPI (Réseau d’épidémiosurveillance), RESOCOM (Réseau de communication) et RESOCOP (Réseau de socio économie). Ces réseaux ont joué et continuent de jouer (notamment le RESEPI et le RESOLAB) un rôle important dans la lutte contre la Grippe aviaire dans la région en facilitant les échanges d’expérience et d’information et la mise en synergie des ressources humaines et techniques. Depuis janvier 2015, la FAO a apporté son assistance à plusieurs pays de la sous-région, soit dans le cadre de la réponse aux foyers confirmés (Nigéria, Burkina Faso, Niger, Côte d’Ivoire et Ghana), soit pour évaluer le niveau de préparation des pays à risque en vue d’améliorer leurs capacités de réponse (Bénin, Togo,Cameroun, Mali).  Le Gouvernement, pour faire de nouveau face à la menace, a fait appel aux Partenaires Techniques et Financiers du Mali, dont la FAO, en vue de l’accompagner dans la mise en œuvre de mesures appropriées pour préserver le pays de cette maladie. En réponse à la requête du Gouvernement, la FAO a dans ce cadre dépêché à la demande du Ministre du Développement Rural une mission du Centre de gestion de crise – Santé Animale (CMC-AH) au Mali. Cette mission dont la préparation et la mise en œuvre a reçu le soutien de l’équipe FAO du Centre d’urgence pour les maladies animales transfrontalières (ECTAD)  pour l’Afrique de l’Ouest et centrale basée au Mali à Sotuba a permis :

  1. d’évaluer les risques d’introduction du virus H5N1;
  2. d’évaluer les capacités existantes de préparation et d’intervention, et de définir le soutien nécessaire pour le renforcement des plans pour la prévention et le contrôle de la grippe aviaire et des maladies transfrontières en fonction des risques connus ;
  3. d’Identifier les lacunes et les besoins à court terme pour le renforcement des capacités et proposer un plan d’action;
  4. d’évaluer les stratégies et formuler des recommandations pour améliorer la communication et la sensibilisation ;
  5. d’évaluer et identifier les opportunités de coopération et de coordination au niveau régional;
  6. Identifier les besoins en ressources pour un meilleur contrôle et une meilleure prévention de la grippe aviaire.

La FAO a également organisé conjointement avec l’USDA et l’OIE du 15 au 16 juin 2015 à Abuja (Nigeria), une réunion régionale sur la lutte contre l’Influenza aviaire hautement pathogène en Afrique de l’Ouest et Centrale. L’Objectif de cette réunion régionale, était de (i) partager les informations sur la situation de la maladie et (ii) discuter des stratégies de lutte mises en œuvre au sein et entre les pays et les sous-régions Afrique de l’Ouest et Afrique centrale et (iii) de la mobilisation des ressources.

Quels sont les besoins pour faire face à la menace ?

Au terme de la mission du CMC-AH, la FAO a estimé à 652 500 US dollars le montant nécessaire pour permettre aux Services Vétérinaires du Mali d’élever leur niveau de préparation pour faire face à la menace de manière satisfaisante. Par ailleurs, un nouveau Plan National de Contingence pour la prévention et la lutte contre la Grippe Aviaire dont le coût est de 7 291 025 400 FCFA a élaboré en juin 2015 par les Services Techniques du Mali avec l’appui du Bureau des Ressources Animales de l’Union africaine (UA-BIRA).Enfin, une rencontre s’est tenue au Mali du 23 au 25 juin 2015 sous l’égide de la CEDEAO avec l’appui du Bureau International des Ressources Animales de l’Union Africaine (UA-BIRA) en présence de l’Organisation Mondiale de la Santé Animale (OIE), la FAO, l’Organisation Mondiale de la Santé regroupant les Pays membres de la CEDEAO en vue d’harmoniser la méthodologie de préparation/révision des plans de contingences nationaux.

Appel aux Partenaires Techniques et Financiers du Mali

Le Gouvernement du Mali malgré toute la bonne volonté manifestée et son engagement ne peut faire seul face aux besoins en ressources telles que prévues dans le Plan d’urgence 2015 et le Plan de Contingence 2015-2019. Le danger est réel et la menace importante tant pour l’homme, l’économie nationale, la sécurité alimentaire et les efforts de réduction de la pauvreté. Il ne faudra pas attendre le fait accompli pour agir. C’est maintenant et tout de suite que nous devons manifester toute notre solidarité avec le Gouvernement. La FAO, en sa qualité de Coordinateur des PTF du Sous-groupe Elevage et Pêche reste mobilisée pour ce faire et compte sur l’accompagnement de tous les autres Partenaires.

Source : FAO

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