Depuis quelques années, les importateurs du poulet de chair souffrent le martyr à cause d’un arrêté ministériel d’interdiction qui frappe le secteur au profit des aviculteurs nationaux. Après plusieurs tentatives sans succès, ils ont brisé le silence pour dénoncer les mesures de deux poids et deux mesures du gouvernement.
Les importateurs du poulet de chair sont montés au créneau le samedi dernier pour informer non seulement l’opinion nationale sur l’arrêté d’interdiction qui frappe le secteur, mais aussi de dénoncer l’arrêté du gouvernement qui, selon eux, sont discriminatoires. C’était au cours d’une conférence de presse qu’ils ont animée au stade Modibo Keïta. Dans son intervention, Yacouba Djittèye, président de l’association des importateurs de poulet de chair au Mali, a rappelé que le poulet de chair est importé et vendu au Mali il y a plus de 10 ans, mais ce n’est que ces dernières années que les acteurs ont été confrontés à un problème dû au départ par l’épidémie de la grippe aviaire qui sévissait dans certains pays. Ainsi, le gouvernement a pris un arrêté interdisant l’importation. Après la fin de l’épidémie, les importations ont repris de façon progressive. Curieusement, dit-il, un autre arrêté a été pris pour interdire définitivement l’importation pour éviter toute éventuelle risque alors que nos poulets ne proviennent pas des pays infestés. « Après avoir entrepris des démarches au niveau de la Direction nationale du commerce et de la concurrence pour trouver une solution, on nous a fait savoir que le décret a été pris pour protéger les aviculteurs nationaux. », a-t-il expliqué. Et d’ajouter qu’ils ont pris langue avec les aviculteurs pour voir ensemble un cadre de travail harmonisé. A l’en croire, à l’issue de cette rencontre, ils ont demandé aux responsables de la filière avicole qui comptent trois mille adhérents s’ils peuvent satisfaire leur demande en terme de poulet. «Le même jour, on a demandé si on peut avoir cinq tonnes de poulet de chair, mais ils n’ont pas pu nous procurer», a-t-il déploré.
Partant, il a fait remarquer que les aviculteurs du Mali importent les poussins au même pays où ils importent les poulets de chair. «S’il y a lieu d’interdire, la mesure doit frapper les deux secteurs. Nous sommes tous les citoyens du Mali», a martelé Djittèye. C’est ainsi que nous avons eu recours à l’honorable Oumar Mariko.
Accompagné de ses collègues, le président du parti Sadi affirme avoir été contacté en son temps par un importateur. C’est ainsi qu’il a rencontré le ministre du Commerce pour mieux cerner le dossier. En l’en croire, le ministre du Commerce lui a fait savoir que le décret a été pris pour protéger les aviculteurs nationaux et que ces poulets peuvent satisfaire la demande nationale. Selon lui, cette vision du ministère de favoriser la production et la consommation fait partie intégrante de la vision globale du parti. Partant, il dira qu’il n’était pas au courant que les poussins des aviculteurs proviennent du même pays que les poulets de chair. « Si des poussins des aviculteurs maliens sont importés ainsi que leurs aliments, ceux-ci n’entrent nullement dans le cadre de la production nationale. On pouvait demander de diminuer l’importation, mais l’interdire prouve qu’il y a anguille sous roche », a-t-il martelé. Avant de prendre l’engagement de porter le message à qui de droit pour que toute la lumière soit faite sur cette affaire. Car, soutiendra- t-il, le riz est importé mais il y a l’Office du Niger.
Boubacar SIDIBE