Le complexe moderne et multifonctionnel va combler un grand vide en matière d’infrastructures d’accueil, de débarquement, de conditionnement, de conservation et de stockage des produits de la pêche.
La capitale dispose d’un nouvel équipement marchand ultramoderne : un marché central à poisson. Cette infrastructure a été inaugurée hier après-midi par le président de la République Amadou Toumani Touré. Sa réalisation a été financée par la coopération japonaise à hauteur de 5,232 milliards Fcfa et le gouvernement pour 600 millions Fcfa. Le marché comprend une aire de débarquement, un espace de traitement des poissons frais, une zone de vente de gros constituée de 60 stands. L’infrastructure comprend également une unité de fabrique de glace, une chambre de stockage d’une capacité de 45,7 tonnes, et une chambre froide. Un château d’eau, des bureaux et des installations connexes complètent les installations. Depuis longtemps, les professionnels de la pêche avaient demandé la construction d’un tel complexe qui servirait à stocker, conserver, distribuer et exporter des produits de la pêche. Le marché va permettre de regrouper les grossistes des quatre marchés de gros de Bamako : le marché Dossolo Traoré de Médine qui est approvisionné à partir de Ségou, Niono, Macina, San, Mopti, Ansongo et Manantali ; le marché situé en face du siège de la BCEAO approvisionné depuis Sélingué et Ansongo ; celui de Djicoroni-Para dont les poissons proviennent de Kangaba et le marché de Fadjguila approvisionné par Koulikoro, Tienfala et Manabougou. Le marché central est doté d’équipements très modernes : 60 caisses isothermes de 1000 litres chacune, 22 caisses isothermes de 600 litres chacune, 36 caisses à poisson de 40 litres chacune, 240 caisses de 35 litres chacune, du matériel de manutention (bacs plastiques, bascules, palettes, chariots). A ces équipements, il faut ajouter des brises glace, des bancs de travail pour le traitement du poisson, des aspirateurs industriels, des outils pour la maintenance des installations frigorifiques, du matériel d’inspection sanitaire.
La construction du Marché central à poisson de Bamako contribuera au développement de la filière poisson, à satisfaire les hôteliers pour leur approvisionnement en poissons vivants et crevettes et à rendre disponible les produits de pêche de bonne qualité. L’installation va faciliter l’inspection sanitaire du poisson par les agents des services vétérinaires contribuant ainsi à améliorer les conditions d’hygiène et de salubrité sur le marché. Il servira également à collecter, traiter et analyser des données et informations statistiques sur la filière, et favorisera le démarrage de la transformation semi-industrielle de certaines espèces de poisson, tout en améliorer les conditions d’exportation des produits de la pêche. Tout cela contribuera évidemment à augmenter les revenus des acteurs de la filière. La construction du marché a été financée par le partenaire japonais qui a accordé une aide financière non remboursable. La contribution du gouvernement a servi à aménager la voie d’accès au marché longue de 100 mètres à partir de la route nationale 7, à assurer la connexion à l’eau courante, l’électricité et au téléphone, l’installation des équipements de traitement des eaux usées et la construction des égouts. Les pouvoirs publics ont également pris en charge la clôture du marché, le portail et l’éclairage extérieur pour la sécurité publique, l’achat du mobilier, des équipements de bureau, des poubelles et des appareils de nettoyage. Le marché est situé non loin du périmètre logistique aménagé en zone aéroportuaire (PLAZA) sur la route nationale 7 qui va à Bougouni. La pêche constitue un sous-secteur important de l’économie nationale. Elle contribue pour environ 4,2% au produit intérieur brut.
La production halieutique se situe autour de 100 000 tonnes par an, plaçant le Mali parmi les premiers pays africains producteurs de poissons d’eau douce. La consommation de poissons est estimée à environ 10,5 kg par an et par habitant. Le nombre de pêcheurs se situe autour de 73 000 et 500 000 emplois environ sont générés en amont et en aval de la filière. On distingue trois principales zones de production : le delta intérieur du Niger et les lacs des barrages de Sélingué et Manantali. En plus de ces grandes zones de pêche, il existe un nombre important de mares, de cours d’eau et un potentiel réel en zones aménageables dans les régions de Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou, Mopti, Tombouctou et Gao. Pour faire face aux contraintes d’approvisionnement en poisson et renforcer les atouts, le gouvernement a adopté un programme quinquennal d’aménagements aquacoles conforme au souci du département de la Pêche de sortir la filière de son état de cueillette pour aller vers un programme de développement de l’aquaculture et prendre en charge les besoins alimentaires des populations. L’insuffisance des infrastructures modernes de débarquement, de conditionnement, de conservation et de stockage, entraîne de nombreuses pertes après capture avec une incidence négative sur le revenu des acteurs et une baisse de la qualité des produits mis en consommation. Le District de Bamako constitue le pôle principal (80%) d’accueil, de distribution et de consommation des produits de pêche et d’aquaculture. Cependant, il ne disposait pas jusque là d’infrastructures modernes nécessaires au développement de la filière poisson. Le nouveau Marché central à poisson constitue désormais le centre névralgique de cette filière. Il sera géré par une agence de gestion dont le président directeur général, Seydou Coulibaly, a été nommé mercredi par le Conseil des ministres. Nous reviendrons sur la cérémonie dans notre édition de lundi.