A l’ère de la mondialisation triomphante et d’une concurrence impitoyable entre les nations, chaque pays use des avantages comparatifs dont la nature l’a doté pour tirer son épingle du jeu. D’autres n’ont que le génie créateur de leur peuple, ce qui ne les empêche pas de se hisser parmi les premières économies du monde.
Le Mali a la chance de jouir d’abondantes ressources naturelles dont la valorisation peut lui permettre de briser le cercle vicieux de la pauvreté. Au nombre de ces mannes l’élevage figure en bonne place, à côté des ressources minières et agricoles. Mais force est de constater que pratiquement rien n’est fait dans ce sens. L’on continue, depuis des temps immémoriaux, à exporter le bétail sur pied qui n’apporte aucune valeur ajoutée au pays. Au contraire, ce sont les pays d’exportation qui profitent largement de ce commerce à travers les peaux et cuirs et autres sous-produits de l’élevage. Sans compter qu’à cause des conditions drastiques de transport du bétail, les animaux arrivent exténués, ayant donc perdu du poids. Ce qui diminue leur valeur marchande.
Faut-il encore parler des taxes sauvages et autres tracasseries administratives auxquelles sont soumis nos exportateurs de bétail ? Alors que, selon un ministre de la République, l’exportation de la viande peut rapporter annuellement à notre pays…200 milliards de FCFA. Pour le moment, rien ou presque rien n’est fait dans ce sens.
Malgré le fait qu’il dispose du cheptel le plus important de l’UEMOA et l’un des plus importants de la CEDEAO-seul celui du Nigeria dépasserait le nôtre- avec notamment 8 millions de bovins et 22 millions d’ovins-caprins, le Mali continue à engloutir par an une quinzaine de milliards de FCFA dans l’importation du lait.
Illustration de toutes ces contre-performances, l’élevage, malgré son énorme potentiel, contribue pour seulement 9% à la formation du Produit Intérieur Brut (PIB). Cependant, la valorisation de la filière élevage, à travers des politiques et programmes très volontaristes et hardis, peut en faire un levier privilégié du développement et permettre ainsi à notre pays de devenir à terme un pays émergent. D’autant que chacune de ses sous-filières peut devenir un formidable gisement pour la création d’emplois et de richesses : bétail-viande ; lait ; peaux et cuirs et sous-produits de l’élevage. S’agissant de la sous-filière peaux et cuirs, il sied de rappeler que la Tunisie, avec seulement la moitié de la production de peaux et cuirs du Mali, tire de cette sous-filière dix fois plus de revenus que notre pays.
Un défi d’autant plus facile à relever que notre pays a une tradition multiséculaire d’élevage, que des ressources humaines sont disponibles pour ce faire et que le Laboratoire Central Vétérinaire (LCV) est un atout supplémentaire entre les mains de notre pays.
Il s’agira, au cours de la Journée de réflexion sur l’élevage au Mali qui s’ouvre ce jeudi sous la présidence du ministre de l’Elevage et de la Pêche, de mettre à plat, de concert avec tous les acteurs, toutes les contraintes qui obèrent la promotion du secteur de l’élevage afin de mettre au point une stratégie qui prend en compte tous les paramètres : alimentation, santé animale, production animale, infrastructures, commercialisation, procédures à l’exportation… Yaya Sidibé
“