Elevage : La race Dama toujours menacée car mal diffusée

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Elevage : La race dama toujours menacée car mal diffuséeLes structures dédiées à la conservation, la multiplication et la diffusion de l’espèce accusent du retard dans la dissémination de l’animal auprès des producteurs

La visite du Centre de conservation, de multiplication et de diffusion du bétail ruminant endémique et celle du Projet de gestion du bétail ruminant endémique (PROGEBE) à Madina Diassa figurent parmi les points forts du déplacement effectué la semaine dernière dans la région de Sikasso par le ministre du Développement Rural, Bokari Tréta. Ces deux structures sont loin d’atteindre leurs objectifs. Le ministre a pu le vérifier lors d’une visite de terrain à Madina Diassa (à 105 kilomètres de Bougouni sur la route vers Yanfolila) et à Bougouni.

Après plus de trois heures de route et un bref arrêt dans les locaux du Centre, la délégation a mis le cap sur le parc à bétail situé à 6 kilomètres de Madina Diassa. Là, la délégation ne dénombre que moins d’une centaine de bovins de l’emblématique race Dama. Cette race qui arbore généralement une robe rouge se caractérise par le fait qu’elle est rustique, s’adapte parfaitement à son milieu humide et s’avère trypanotolérante. Ce qui signifie que la bête supporte les piqûres de glossines (mouches tsé-tsé) responsables de la maladie de la trypanosomiase. Cette maladie est appelée zoonose parce qu’elle se transmet à l’homme à travers la piqûre de l’insecte et provoque chez la personne la « maladie du sommeil ».

La race Dama ne peut vivre que dans son milieu naturel humide et infesté de glossines. C’est pourquoi, les spécialistes l’ont décrétée race bovine endémique à l’instar de la chèvre naine et du mouton djallonké. Le qualificatif endémique fait référence à l’exceptionnelle adaptabilité de ces races à leurs conditions de vie en milieu hostile (humidité pour la race Dama et sahélien pour les races caprine et ovine). La majorité de la région de Sikasso, une partie des régions de Koulikoro et Kayes sont infestées de glossines. Plusieurs projets de lutte contre la mouche tsé-tsé combattent la présence de ces insectes.

Ces différents projets, dont le Projet multinational de lutte contre la mouche tsé-tsé (PLMT), s’emploient, à défaut d’éradiquer totalement l’insecte, à amoindrir son impact sur le milieu depuis 2009. Financé par le Budget spécial d’investissement (BSI), le PLMT intervient dans les cercles de Kadiolo, Sikasso et Kolondiéba.

Le Projet de gestion durable du bétail ruminant endémique (PROGEBE) financé par la Banque africaine de développement (BAD) s’emploie, de son côté, à fournir un appui conséquent à cette lutte par la réalisation d’infrastructures comme le centre de conservation, de multiplication, de diffusion du bétail ruminant endémique de Madina Diassa.

LOIN DU COMPTE. La race Dama partage son habitat avec le bétail ruminant transhumant du nord. Ces regroupements provoquent des croisements qui menacent la survie de l’espèce endémique. Or, la race Dama possède des qualités qui nécessitent sa préservation. Elle sert d’animal de trait adapté à sa zone d’influence à la différence des autres espèces bovines locales qui ne peuvent pas supporter la trop forte humidité du milieu.

Le Centre dispose à Madina Diassa d’un ranch de 7904 hectares destiné à l’amélioration génétique, la production et la productivité de la race Dama. Depuis 5 ans que le Centre est fonctionnel grâce à la réalisation des infrastructures par le PROGEBE, l’objectif de 4000 à 5000 sujets performants à placer auprès des élevages est loin d’être atteint.

Au passage de la délégation, le parc ne renfermait qu’une soixantaine de têtes. Cet effectif augmentera dans les jours prochains avec la réception d’un troupeau fraîchement débarqué le jour même de la visite du ministre et qui doit subir des tests de conformité et une mise en quarantaine sanitaire avant de rejoindre le parc, ont assuré les responsables du centre. Ce nouvel arrivage doit porter l’effectif à 182 têtes. Un chiffre encore très loin du compte, l’objectif du centre étant, on l’a dit, de produire et placer 4000 à 5000 têtes auprès des élevages familiaux en 5 ans.

Les responsables ont invoqué des difficultés d’achat d’animaux de bon format qui puissent convenir à la sélection et à la diffusion de l’espèce. Le processus de multiplication est assez complexe et les sujets sélectionnés doivent faire preuve d’une performance qui milite en faveur de leur choix pour les placer auprès des élevages en vue de préserver l’espèce, ont avancé les responsables questionnés.

Pourquoi le centre n’a-t-il pu atteindre ses objectifs de placement en 5 ans d’existence, a demandé le ministre du Développement Rural. Les responsables assurent avoir placé 40 troupeaux auprès des paysans. Bokari Tréta a indexé la lenteur de ces placements à un moment où le principal bailleur du centre qu’est le PROGEBE tire vers sa fin  prévue pour décembre 2014.

A Bougouni, la délégation a visité le chantier du siège du PROGEBE et la mini-laiterie réalisée. Si le chantier du bâtiment de deux niveaux se trouve à la phase de crépissage, la mini-laiterie a du mal à démarrer ses activités en raison d’un manque d’équipements appropriés comme le pasteuriseur, les congélateurs, etc. Les travailleurs de la mini-laiterie utilisent des équipements de bord comme des marmites pour bouillir le lait et le refroidir. Le ministre du Développement rural a donné des instructions pour rendre opérationnelle cette mini-laiterie.

M. COULIBALY

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1 commentaire

  1. Quand une maladie animale se transmet à l’homme on parle d’anthropozoonose et non de zoonose qui concernerait seulement le règne animal

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