Comme chaque année, depuis des années, l’Etat malien fait vacciner le cheptel à l’approche de l’hivernage. Mais, cette année, du fait de l’insécurité, 80 % du cheptel malien sera sans protection contre les maladies.
Depuis des années maintenant, l’Etat fait vacciner le cheptel contre des maladies comme la péripneumonie contagieuse bovine, la fièvre aphteuse, la peste des petits ruminants, la pasteurellose ovine, la pasteurellose caprine, le charbon symptomatique, le charbon bactérien et la maladie de Newcastle.
Pour la campagne de cette année, le lancement a eu lieu en novembre 2018. Chaque année, pour faire vacciner les 56 680 830 têtes d’animaux, le gouvernement passe un contrat avec des mandataires, de jeunes sortant de l’Institut polytechnique de Katibougou (IPR) installés à leur compte. Les mandataires héritent de zones et doivent procéder à la vaccination des animaux dans leur zone.
Les animaux sont dans des zones dangereuses, difficiles d’accès. “Cette année, particulièrement, la situation est critique. Si rien n’est fait rapidement, plus de 80 % du cheptel malien ne sera pas vacciné. Cela signifie le retour de beaucoup de maladies que l’Etat était en train d’endiguer“, affirme un jeune mandataire.
La campagne nationale de vaccination dont l’édition 2018-2019 a été lancée à Baguineba en novembre 2018 vise 56 680 830 têtes d’animaux.
Le sous-secteur de l’élevage, de par son importance stratégique dans l’économie malienne, et la conjoncture actuelle marquée par une demande très forte des populations en produits animaux, figure en bonne place dans les actions prioritaires du gouvernement. Sa contribution au PIB se situe autour de 15,2 %, derrière les produits de l’agriculture (16,2 %) et devant l’or (7,2 %).
L’incapacité du gouvernement à faire vacciner le cheptel amène des milliers de jeunes mandataires qui vivent de ce travail d’être au chômage pour cette année. Pour notre interlocuteur, “ la solution serait que des militaires puissent nous accompagner sur le terrain pour faire vacciner les animaux“. En effet, selon notre interlocuteur, il faut que le cheptel, un pan important de notre économie soit vacciné.
Le LCV en victime
La crise affecte surtout le laboratoire central vétérinaire (LCV). La structure est dédiée à la prévention et à l’éradication des maladies animales et à la protection de la santé publique vétérinaire. Il a été créé en 1979. Rattaché au ministère de l’Élevage et de la Pêche, le laboratoire est le fruit d’une longue coopération Mali-Etats-Unis d’Amérique. Le Laboratoire central vétérinaire œuvre à travers le diagnostic de routine des maladies prioritaires du bétail comme la péripneumonie contagieuse bovine, la fièvre aphteuse, le charbon symptomatique, les pasteurelloses ovine et bovine, la trypanosomose et les helminthiases, à travers le dépistage des zoonoses (tuberculose, brucellose, rage).
En prélude à la campagne de vaccination, le LCV a produit des vaccins. “Les magasins sont remplis au point que le LCV ne sait plus où mettre les vaccins. Pendant ce temps, rien ne se vend, mettant à mal les finances de la société“, affirme notre interlocuteur.
Alexis Kalambry