Le président de l’Apcam, Sanoussi Bouya Sylla, et le patron de l’ONG CAB Demeso font perdre aux éleveurs un appui substantiel de 14 milliards de FCFA de la Coopération suisse.
L’histoire peut paraître banale, mais les conséquences sont incommensurables sur la filière lait, un secteur qui a le vent en poupe. Le hic qui fait tilt ici, c’est le mauvais rôle que le président actuel de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali (Apcam), Sanoussi Bouya Sylla, a joué dans cette affaire. A la lumière des documents mis à notre disposition, l’histoire remonte au 10 décembre 2020. Ce jour-là, avec le soutien de l’ONG CAB Demeso, s’est tenue une assemblée générale de la Confédération nationale des producteurs de lait au Mali. Au sortir de cette assise, un bureau a été mis en place, en violation des textes de l’organisation. Une correspondance adressée au chef de bureau de la Coopération suisse et l’Agence consulaire au Mali par l’ancien président de la Fédération nationale des producteurs de lait au Mali (Fnalait), Abou Niangadou, atteste du vice de forme constaté dans l’organisation de cette assemblée élective. Il ressort de ladite lettre que celle-ci n’a été en amont préparée sous l’égide du bureau de la Fanalait qu’il dirige, encore moins convoquée conformément aux dispositions de l’article 18 des statuts (en vigueur) de l’organisation qui stipulent : « L’Assemblée est convoquée par le Président du bureau fédéral ou à la demande des 2/3 de ses membres sur un ordre de jour déterminé; la convocation de l’Assemblée générale est effectuée un mois avant la date de ladite Assemblée ».
Abou Niangadou, qui n’est pas allé avec le dos la cuillère, a clairement décliné toute responsabilité de sa faitière dans l’organisation de cette assise qui a porté Sanoussy Bouya Sylla à la tête de la nouvelle faitière. Ladite assemblée générale a été préparée et convoquée par le président de la Fédération régionale des producteurs de lait de Sikasso (Ferlait- Sikasso), qui n’est autre que Sanoussy Bouya Sylla, sous la houlette du Président de l’ONG CAB Demeso, Moussa Diabaté, avec les soutiens des coordinateurs des projets Prodevalait et VSF suisse au Mali et de la Direction nationale des productions et industries animales (Dnpia). Comme à cette assertion, il cite en référence la lettre sans référence du Président de la Ferlait-Sikasso et les termes de référence élaborés par CAB Demeso.
En outre, l’avis de convocation (lettre) de ladite assemblée générale constitutive prévue pour le 10 décembre 2020 était daté du 03 décembre 2020, soit seulement 7 jours (une semaine) qui sépare la date de convocation et le jour l’assemblée, contre un (1) mois stipulé par les textes en vigueur régissant la Fenalait, a expliqué Abou Niangadou. Il a ajouté qu’aucun des participants (au nombre desquels des non producteurs de lait et non membre d’aucune société coopérative) à ladite assemblée n’a reçu mandat de son organisation régionale ou subrégionale. Ces participants, selon lui, dans leur grande majorité, sur la base des affinités, ont été conviés suite à des appels téléphones n’indiquant pas de façon précise l’ordre du jour de la réunion.
Le jeu clandestin qui a caractérisé l’organisation de l’assemblée du 10 décembre 2020, a fini par irriter le Président de la Ferlait Koulikoro, qui a fustigé le comportement de son homologue de Sikasso en lui signifiant qu’il n’a pas qualité à lui convier à une assemblée générale constitutive de la confédération. Par conséquent, il n’a désigné aucun membre de son organisation régionale pour y participer, argumente Abou Niangadou. Selon lui, aucun membre des organisations régionales des régions de Tombouctou, Gao, Ménaka, Taoudénit et Kidal n’a pris part aux travaux de ladite assemblée.
L’érection de cette confédération a sonné le glas de la cohésion au sein de la famille de la Fnalait. Dès lors, la scission était consommée. Il y a d’un côté la Fnalait avec les anciens membres et de l’autre la Cofnalait, avec Sanoussy Bouya Sylla. Une situation préjudiciable à l’avenir de la filière, que le président de l’Apcam s’est rendu complice pour des intérêts électoralistes et pécuniaires, faisant perdre à la filière un appui substantiel d’environ 14 milliards de FCFA, selon nos sources. Comme pour dire que les agriculteurs maliens ne sont pas sortis d’affaires malgré le départ forcé de Bakary Togola de la tête de l’organisation. Un homme qui s’accommode des petits arrangements pour se hisser au sommet échappera difficilement à la tentation. Le temps nous en dira plus.
Affaire à suivre
M. A. Diakité