616ème édition de la pêche collective «Sankémon» : la tradition respectée

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La  616ème édition du Sankémon, rite de pêche collective, a eu lieu le jeudi 3 juin 2016 à San, localité située à plus de 400 km au Nord-Ouest de Bamako, dans la région de Ségou. Cette grande manifestation culturelle majeure du Mali se tient tous les deuxièmes jeudis du septième mois lunaire pour commémorer la fondation de la ville. L’événement célèbre également depuis six siècles la découverte des trois lieux sacrés de San, à savoir, Santoro, le bois sacré, Karantéla, le puits sacré, et Sanké, la mare sacrée. Cette année la cérémonie était présidée par le ministre de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme. Elle avait à ses côtés le ministre de l’Elevage et de la Pêche, le Gouverneur de la région de Ségou, Georges Togo, les autorités locales, administratives et politiques et plusieurs ressortissants de San.

 

«C’est comme le jour du jugement dernier, je n’ai jamais vu un monde aussi nombreux». Ces propos du ministre de l’Elevage et de la Pêche, Nango Dembélé,  attestent à souhait la marée humaine qui était à la 616ème édition du  «Sankémon». En effet, toute la journée du jeudi 3 juin, la ville était en ébullition. Certaines vieilles personnes disent que ce n’était pas que des humains. «Il y a des diables et d’autres créatures dans cette masse. Depuis notre enfance, San n’a jamais mobilisé autant de monde pour le Sankémon, une première depuis notre existence. Ils vont tout payer, avant de partir».

 

Cette 616ème édition a été possible grâce à une grande solidarité entre les ministres. Celui de l’Enseignement supérieur a assuré la prise en charge et le déplacement de certains étudiants afin qu’ils puissent voir comment le Sankémon se déroule, alors que celui de l’Elevage et de la Pêche a assuré que la mare ne manque pas de poissons le jour-j. Il y a eu aussi le concours du ministère de l’Eau et de celui de l’Agriculture. Les autres aspects techniques, organisationnels et culturels et la grande mobilisation ont été l’affaire du ministre de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme. Qui d’ailleurs, en février dernier, était passée à San pour voir l’état de la mare sacrée, recenser les préoccupations des populations de San afin que l’édition 2016 soit une grande réussite.

 

Selon N’Diaye Ramatoulaye Diallo,  le propre des peuples vivant dans leur culture et avec leur culture se reconnaît à leur capacité à donner un sens profond aux concepts d’accueil et d’hospitalité. «C’est un honneur pour nous de porter ici les salutations et le message d’encouragement du chef de l’État, le président Ibrahim Boubacar Keïta, qui porte dans son cœur cette manifestation et aurait souhaité être avec vous. Il est avant tout un plaisir et un honneur pour lui de prendre part à cette manifestation qui commémore la fondation de la ville de San et marque le calendrier agricole pour les communautés», a expliqué Mme le ministre.

 

En effet, le rite de pêche collective de la mare Sanké est un espace symbolique de rencontre qui fonde les valeurs de tolérance, de cohésion sociale, de solidarité, de paix et du vivre-ensemble entre les différentes communautés qui cohabitent harmonieusement depuis la nuit des temps. Toute chose qui est  normale. «C’est pour cela que le gouvernement fait tout  pour perpétuer cette célébration annuelle, vieille de plus de six siècles. D’autant que la population a montré  un grand attachement à cette pratique vivante ancestrale parce qu’elle est porteuse de valeurs pour un mieux-être et un développement certes lent, mais durable», a détaillé Mme N’Diaye Ramatoulaye Diallo.

 

Avant de poursuivre : «Le Sankémon est loin d’être seulement une fête de réjouissance populaire et une simple occasion de divertissement pour les communautés locales. C’est d’abord des moments de rencontres fécondes, un cadre d’échange et de transmission des savoirs et savoir-faire ancestraux qui fondent les valeurs sociétales».

 

L’événement, dira Mme le ministre Diallo, est aussi un espace de promotion et de valorisation de la diversité des expressions culturelles des différentes communautés et groupes ethniques qui le partagent. La culture de la paix, véhiculée par le Sankémon, constitue sa marque essentielle d’identité. C’est ce qui lui a valu d’être classé dans le patrimoine culturel national du Mali et d’être reconnu par la communauté internationale par son inscription sur la prestigieuse Liste du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco en 2009. «C’est pourquoi je me réjouis de la présence ici des jeunes étudiants de l’Université de Ségou. Cet atelier sera le cadre d’une imprégnation sur la Convention de 2003 de l’Unesco, mais aussi, il sera l’occasion de vous faire part du riche patrimoine de notre pays. Le rite de pêche collective du Sankémon est donc une opportunité pour mieux comprendre l’histoire, l’intérêt et la signification des festivités annuelles et l’importance des traditions sociales liées à la mare», a-t-elle expliqué.

 

«Après 616 éditions, il nous appartient d’agir ensemble pour une gestion participative de ce riche patrimoine culturel immatériel. Cette gestion participative engage à la fois les responsables politiques, les autorités administratives et coutumières, le monde de la recherche scientifique, les universitaires, les visiteurs, la communauté internationale et les militants du développement durable», a précisé Mme le ministre Diallo.

 

Par ailleurs, elle a remercié ses collègues du gouvernement, et particulièrement ceux de la Pêche, de l’Agriculture, de l’Equipement et des Transports, de l’Enseignement supérieur, et des Sports, qui ont activement participé au Sankémon 2016.

 

Notons qu’en marge du Sankémon, il y a un atelier sur la convention de 2003 de l’Unesco.

 

Kassim TRAORE

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