Au cours de la journée de concertations Banques /Presse organisée par l’Association des professionnelles des banques et établissements financiers du Mali (APBEF) les 07 et 08 mars 2014 à Ségou, le président de l’Association, Moussa Alassane Diallo, PDG de la Banque nationale de développement agricole (BNDA), a présenté une communication sur les effets de la crise de 2012 sur l’économie malienne et les mesures de relance économique : rôle des banques et établissements financiers du Mali.
Avec le retour de la paix et de l’ordre constitutionnel, les entreprises commencent à ressentir une reprise de leurs activités, en témoigne l’apurement depuis peu par l’Etat d’une bonne partie de ses arriérés de paiement et le redémarrage de différents chantiers. Elles ont besoin de l’accompagnement des banques dans leurs activités de tous les jours. Durant la période de crise, les populations et les entreprises ont fortement ressenti l’absence des banques dans le Nord.
Retour des banques dans les régions nord du Mali
Pour compter du 15 août 2013, les banques ont amorcé leur retour à Gao, Tombouctou et Kidal. Les économies des régions du nord du Mali se caractérisent par une faible bancarisation. Toutefois, durant les dix dernières années, le réseau bancaire s’est sensiblement densifié avec la présence de sept banques (sur treize) à Gao et Tombouctou et une banque à Kidal.
Aussi, le système bancaire participe activement au développement des régions du nord du Mali à travers des financements de projets et programmes initiés par l’Etat, les opérateurs économiques, les ONG et les bailleurs de Fonds.
La présence des banques dans le septentrion malien contribue à la promotion et au développement de nombreux secteurs : commercial, agricole, artisanal, des petites et moyennes entreprises.
En outre, l’implication des banques dans le financement du développement dans les régions du nord du Mali revêt une importance capitale dans la mesure où le développement des Petites et moyennes entreprises (PME) apparaît comme l’un des facteurs stratégiques pour relever les défis de l’accélération de la croissance économique, de la création d’emplois et de la réduction de la pauvreté. Il demeure évident que sans développement, il n’y a pas de sécurité et vice versa.
Les relations privilégiées entre le système bancaire et les entreprises installées au nord du pays étaient au cœur de toutes les stratégies visant à développer un tissu économique durable et compétitif. L’éclatement de la rébellion et la prise des principales villes ont mis un frein à ce cycle vertueux du développement économique et social dans cette partie importante de notre pays.
Soutien des banques aux entreprises
En vue d’apporter une réponse à court ,moyen et long termes à la crise politico-sécuritaire de l’année 2012, et de mettre les entreprises à l’abri des chocs endogènes et exogènes, l’Association professionnelle des banques et établissements financiers du Mali (APBEF) a décidé de mobiliser tous ses membres et les mettre en synergie dans une démarche structurée et volontariste à travers la mise en œuvre d’un plan de relance permettant de réaliser les objectifs de relance durable de l’économie.
Le schéma de relance économique proposé par l’APBEF repose sur des mesures qui sont de nature à assurer :
– le renforcement des activités des entreprises en difficulté ;
– le redémarrage des entreprises en cessation d’activités ;
– la consolidation de la situation financière des entreprises en activité.
L’objectif recherché est de permettre aux entreprises d’augmenter leur production, de conforter leur situation financière et de participer à la croissance et au développement économique du Mali dans les années à venir. De cette relance des activités, il est attendu un accroissement des investissements, la création d’emplois productifs, une contribution plus grande des entreprises aux recettes fiscales et douanières.
Sur le plan opérationnel, la relance économique durable par le financement bancaire s’accompagne par les actions suivantes :
– le renforcement de la qualification professionnelle et de l’expertise du personnel bancaire pour une meilleure adaptation aux postes (renforcement de la capacité d’étude des exploitants, accueil clientèle et démarche commerciale, marketing et techniques bancaires, etc.) ;
– le renforcement du réseau bancaire à travers l’ouverture de nouvelles représentations pour une meilleure mobilisation de l’épargne et une meilleure distribution du crédit ;
– l’amélioration des systèmes de contrôle et de suivi des activités bancaires ainsi que le développement d’une cotation des clients emprunteurs pour mieux gérer les risques clientèles ;
– l’élargissement et le renforcement de l’animation commerciale et de la démarche commerciale en direction du secteur privé (entreprises individuelles ou sociétés). Ces différentes actions doivent permettre aux banques d’accompagner, de façon efficace, le secteur privé et l’économie malienne post crise.
Les banques doivent se positionner désormais comme un acteur privilégié des entreprises.
Nouveaux produits bancaires
Les banques offrent déjà des produits permettant de faire face aux besoins à court, moyen et long termes des entreprises. Toutefois, la situation post-crise exige des innovations en matière de nouveaux produits et services adaptés à la situation critique des entreprises.
Renforcement de la capacité de financement des banques
Il est opportun que l’Etat apporte son appui aux banques maliennes pour renforcer leur capacité de financement à moyen et long termes par la mise à leur disposition de lignes de crédit à des taux concessionnels. Ces lignes seront négociées par l’Etat pour être rétrocédées aux banques. Ceci permettra de résoudre en partie le problème de disponibilité en ressources longues des banques pour faire face aux financements des besoins en investissements des entreprises.
Création d’une banque d’investissement
L’Etat doit favoriser la création d’une grande publique d’investissements destinée à soutenir le financement du secteur productif et à soutenir les grands travaux qu’il va entreprendre. Il est vrai que le paysage bancaire malien est riche de treize banques et de deux établissements financiers, mais aucune d’entre elles n’est spécialisée dans ce domaine vu les contraintes de disponibilité de ressources longues très importantes.
La réussite et la viabilité de toute politique de relance et de financement d’une économie post- crise demeure subordonnée aux facteurs ci-après :
– l’existence d’un cadre macro-économique stable et favorable à la promotion des entreprises ;
– l’existence d’un cadre réglementaire et d’un système judiciaire fiable,
– la structuration des marchés intérieurs et sous régionaux permettant une meilleure domiciliation des recettes ;
– la bonne gouvernance et la solidité des entreprises.
Lorsque ces questions sont réunies, alors le financement bancaire peut être un puissant levier pour accélérer la relance économique. Ainsi, c’est l’existence d’une activité économique viable et financièrement rentable, dans un cadre macro-économique sain, qui atteste de la validité d’un système de financement bancaire en faveur du secteur privé.
Source : APBEF