L’économie malienne vient d’être positivement notée B3 avec une perspective stable par la célèbre agence de notation, Moody’s.
Moody’s est une des trois agences de notations financières les plus célèbres avec Fitch et Standard & Poor‘s (on voit également émerger l’agence de notation chinoise Dagong). Elle a été créée en 1909 par John Moody et est située à New-York. Ses notations financières concernent aussi bien des entreprises commerciales que des Etats. Moody’s est la première agence de notation à avoir mis en place la désormais célèbre grille de notation à 21 crans allant de triple A à C. Cette grille permet d’évaluer la solvabilité et la capacité à tenir ses engagements financiers d’un émetteur d’actifs financiers. Cette grille d’évaluation a ensuite été reprise par les autres agences de notation
Moody’s Investors Service (“Moody’s”) attribue donc au gouvernement du Mali une première notation d’émetteur B3 en monnaie locale et en devises. La perspective de la notation est stable.
Selon Moody’s, cette note découle de la perspective stable repose sur l’existence d’un rapport entre risques haussiers et baissiers que Moody’s perçoit comme équilibré à un niveau de notation souveraine B3. La persistance d’une croissance soutenue et une continuité dans l’orientation prudente de la politique budgétaire contribuent au maintien de la dette malienne à un niveau à la fois stable et à coûts faibles grâce aux prêts concessionnels mis à la disposition du pays. Si cette stabilité permet à terme d’anticiper un renforcement des institutions, un regain de tensions politiques prolongées pourrait néanmoins remettre en cause la croissance économique. La capacité du gouvernement à limiter son incidence négative sur les finances publiques pourrait s’en trouver sensiblement érodée compte tenu de la fragilité du cadre institutionnel.
Moody’s a parallèlement défini des plafonds pour les dépôts en monnaie locale et en devises, ainsi que pour les obligations en monnaie locale et en devises, dont le niveau est fixé à Ba3.
Le risque associé au secteur bancaire est, selon Moody’s, évalué comme étant “faible”. Le niveau de capitalisation des banques est relativement élevé avec un ratio de solvabilité légèrement inférieur à 15 % pour l’ensemble du secteur. Le niveau des actifs bancaires — indicatif de la taille potentielle des passifs exigibles du gouvernement – se situait à 49,7 % du PIB fin 2017, un niveau jugé modéré.
Si le besoin de financement brut du gouvernement est relativement faible (autour de 7 à 8% du PIB en 2019 –2020 selon les estimations de Moody’s), une dépendance croissante du gouvernement vis-à-vis du marché régional des capitaux pour financer ses déficits reflète l’existence d’un certain risque de liquidité. Ce risque est intégré dans l’évaluation de l’exposition du gouvernement au risque de liquidité que Moody’s juge “modérée”.
Le Mali a recours à la dette pour financer près de la moitié de ses déficits courants qui se situeraient, selon Moody’s, aux alentours de 6 à 6,5 % du PIB dans les prochaines années. Si cela laisse anticiper une certaine fragilité de la balance des paiements, l’exposition aux risques de vulnérabilité liée à des facteurs externes est jugée “très faible (+)”, nuancée par l’adhésion du pays à l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa) en vertu de laquelle il bénéficie d’une convention prévoyant la garantie par le Trésor français de la convertibilité de la monnaie nationale en euro à parité fixe.
Alexis Kalambry