Economie : L’or de Gao attire les aventuriers de tous bords

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L’une des mines d’or artisanale qui font couler du sang et de l’énergie dans le nord du Mali est celle d’Igouzar. C’est à 50 km au sud-est de la ville de Kidal.Il a été découvert en décembre 2017.  Depuis, de nombreux orpailleurs de différentes nationalités viennent tenter leur chance dans ces mines. A en croire des témoins, c’est un secteur qui génère beaucoup d’activités et peut être un facteur de stabilité.

Selon les ressortissants de la zone, l’impact de l’or sur l’économie est très important. Les gens sont persuadés que depuis que les petits sites ont commencé à être installés, une grande partie de la jeunesse de Kidal a trouvé de l’emploi et a commencé à développer des activités génératrices de revenu grâce aux bénéfices issus de l’or.

Dans les régions avoisinantes, les sites aurifères sont nombreux. Une autre mine de la zone est à Indarstat, à 40 km au sud de Tessalit. Comme toujours, avant l’exploitation, il y a la prospection menée par des groupes de personnes qui se déplacent sur le terrain pour chercher de l’or.

Selon des sources crédibles, les sites lointains, les orpailleurs transportent ce qu’ils ont enlevé comme pierres et les acheminent vers les machines qui sont basées beaucoup plus à Kidal, Tinzawatène et autres lieux. Ces machines font le reste du travail pour les orpailleurs que l’on rencontre dans presque chacune des régions du nord du pays malgré l’insécurité.

Il existe beaucoup de sites d’orpaillage et de traitement. Après avoir trouvé de l’or, ils utilisent une autre technique pour le récupérer avec d’autres produits chimiques dans des endroits bien spécifiques déterminés par la CMA (Coordination des mouvements de l’Azawad, ndlr) pour éviter que ces produits se retrouvent dans la nature, afin de ne pas détruire l’écosystème ou être un danger pour les hommes et les animaux.

Comme au sud du pays, les mines artisanales du nord connaissent des accidents graves. C’est ainsi qu’en 2019, une dizaine de personnes ont perdu la vie dans l’effondrement des mines dans la zone de Tinzawatène.

Jamais l’or n’a été aussi abondant dans le Sahara malien que ces dernières années. Les gisements étaient déjà connus des initiés il y a bien longtemps. Mais aujourd’hui, les milices armées du nord rivalisent de combat pour le contrôle des minerais qui attirent de plus en plus d’aventuriers dans la localité. Hormis les djihadistes, les groupes d’autodéfense s’impliquent.

Ainsi, le Gatia et d’autres milices veillent malicieusement sur la mine d’or Intilit, située à environ 80 km de Gao. Cette mine artisanale à ciel ouvert attire les aventuriers des localités aussi diverses que le Soudan, le Nigeria, le Niger ou encore le Burkina Faso. Dans ce no man’s land, la violence est le moyen le plus utilisé dans les rapports de force.

On assiste régulièrement à des braquages, des assassinats et d’autres formes de violence. Cette manne financière a tapé dans l’œil des groupes armés. On raconte qu’avec l’arrivée des éléments armés du CSP,   dont le Gatia et les autres groupes signataires de l’Accord d’Alger, les attaques se sont ralenties. Beaucoup affirment que chacun gagne paisiblement sa vie en toute sécurité.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, l’Etat malien a laissé une si importante source de richesse filer entre ses doigts. Selon des témoignages d’orpailleurs, les groupes armés ont pris possession de la mine au nez et à la barbe de l’Etat. Si les bruits d’armes se sont tus depuis l’arrivée du CSP, l’or est devenu une source de financement des activités des groupes armés.

Les miliciens ne cachent pas leur intérêt pour cette mine importante au milieu du désert. Les responsables des groupes armés affirment qu’ils ont désarmé tous les détenteurs d’armes non identifiés. Il est formellement interdit de circuler dans la mine avec une arme si on n’est pas membre de la coalition des groupes armés. Et les groupes d’autodéfense n’entendent pas s’arrêter en si bon chemin, puisqu’ils affirment étendre leur périmètre sécuritaire à d’autres mines d’or en attendant que l’Etat ne prenne le relais.

 

Oumar KONATE

 

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