Économie et finance : Le Mali, un partenaire commercial mineur de la France

0

Selon un rapport sur des données statistiques, depuis 2010, la France n’est plus le premier investisseur étranger au Mali, mais elle reste le partenaire le plus visible par le nombre d’implantations commerciales. Mais, c’est que le Mali reste un partenaire commercial mineur de la France, même au sein de l’UEMOA.

Parmi les pays de l’UEMOA, c’est le Mali qui, depuis 2004, se maintient au 4è rang des pays clients, au 6è pour les fournisseurs et au 5è rang au niveau des échanges (imports et exports) avec 286,2 millions d’euros en 2010 (soit une part de 7,6%), loin derrière la Côte-d’Ivoire (1 433 M d’euros, soit 38,2% de nos échanges dans la zone UEMOA), le Sénégal (798 M € , 21,2%), le Niger (407 M €, 10,8%) et le Bénin (402 M €, 10,7%). Du coup, le Mali représente, depuis 2010, 4,6% sur le plan des échanges français dans la zone CFA. En 2010, le Mali a retrouvé son rang moyen comme partenaire commercial de la France : il apparaît au 87è rang de sa clientèle et figure à la 165è place comme fournisseur. Depuis cette époque, la France se classe comme le 4è fournisseur du Mali (280,4 millions d’euros selon les chiffres des Douanes françaises) derrière le Sénégal, la Côte-d’Ivoire et la Chine. Lors de la crise ivoirienne de 2002, la France s’était hissée au second rang. Concentrant ses exportations sur l’or, le coton et le cheptel bovin, le Mali n’est qu’un fournisseur négligeable de la France, avec des exportations qui ne dépassent pas 10 millions d’euros par an en moyenne depuis des années. De 2010 à aujourd’hui, ce chiffre est en baisse : 5,8 millions d’euros.

Qu’en est-il des investissements français au Mali ?

Les investissements directs étrangers au Mali sont récents (début des années 2000) et liés à l’activité minière (exploitation de gisements aurifères, prospection d’hydrocarbures et de ressources minières). Selon la CNUCED, le stock d’IDE est passé de 210,4 millions de dollars en 2001 (flux entrant de 122 million de dollars) à 1086,7 millions de dollars en fin 2009 (flux de 109 millions de dollars). En tenant compte des transferts et rapatriements vers l’étranger (57,3 millions de dollars), le solde net d’IDE s’élevait à 1029,4 millions de dollars en fin 2009.
Par comparaison, en fin 2009, le stock d’IDE atteignait 6223 millions de dollars en Côte d’Ivoire, 2142 millions de dollars en Mauritanie, 1614 en Guinée-Conakry, 1378 au Sénégal, 1363 au Niger, 914 au Togo et 868 millions de dollars au Burkina-Faso. Aujourd’hui, à cause de la montée des investissements de l’Afrique du Sud (mines et agroalimentaire), du Maroc (banques et télécom) et de la Libye (banques, hôtellerie, distribution d’hydrocarbures et un projet agricole dans le Nord de la zone Office du Niger), la France n’est plus le premier investisseur étranger au Mali. Partenaire historique du Mali, la Chine n’a que deux investissements industriels notables et anciens : une unité textile à Ségou (COMATEX) et un complexe sucrier à Markala à Ségou et SUKALA, dont  l’extension vient d’être effectuée. Sa présence est très forte dans le secteur du BTP et des services de proximité.  Enfin, les partenaires africains traditionnels du Mali (Sénégal et Côte d’Ivoire, par lesquels transitent l’essentiel des échanges commerciaux) ont peu d’investissements visibles, à l’exception de la compagnie de téléphone SONATEL, maison-mère d’Orange Mali. 

Sur le plan des implantations françaises proprement dites, depuis 2010, près de 60 filiales et sociétés à capitaux français sont recensés au Mali avec à l’appui des participations minoritaires incluses. Par ailleurs, on dénombre près d’une soixantaine d’investissements privés réalisés par des ressortissants français ou binationaux installés au Mali dans l’hôtellerie, la restauration, le bâtiment et les services.  Employant un effectif global de 3 000 salariés, les filiales françaises sont majoritairement basées à Bamako. La répartition de leur activité reflète la structure et le potentiel du marché malien puisque ces entreprises opèrent à 65% dans les services, 15% dans l’industrie et 20% dans le commerce. En outre, elles sont, dans une proportion de 60%, l’émanation de groupes français dont les principales filiales sont dans  les mines, les matériaux de construction et le BTP. Il s’agit de RINCENT BTP Services SCA (géologie), GEOTER (géologie),  FCP International (orpaillage), Ciments et Matériaux du Mali (CMM, groupe VICAT), SOGEA-SATOM (groupe VINCI), RAZEL (groupe FAYAT), BTP, BOUYGUES (via sa filiale DTP), et FORCLUM Energies Services MALI (groupe EFFIAGE).
Au niveau des industries métalliques, on a MALI INDUSTRIES SA (groupe Legris SA). Dans la transformation agro-alimentaire, il y a BRAMALI, filiale du groupe CASTEL qui est l’unique brasserie du Mali et exploite la franchise de Coca-cola. Dans le commerce-distribution s’affichent CFAO, NCT Trading-SERA Mali (groupe GETMA Necotrans), la Malienne de l’Automobile, TOTAL, FINA et ELF. Sur le plan de  la chimie-pharmacie, il y a LABOREX-Mali (groupe CFAO), AIR LIQUIDE-MALIGAZ, FONDATION MÉRIEUX.
Dans la banque, il y a BNP PARIBAS (BICIM) et des participations minoritaires dans la Banque nationale de développement agricole (25% via l’AFD) et la Bank of Africa Mali (BOA). Sur le plan des Assurances, GRAS-SAVOYE et SAFCAR MARSH, depuis le rachat par l’Allemand ALLIANZ des Assurances générales de France (AGF). Dans le transport/logistique  SDV (groupe Bolloré), GETMA (groupe Necotrans), COLIMEX Mali (groupe Centrimex), AIR FRANCE-KLM, AIGLE AZUR, SERVAIR, GEODIS WILSON MALI, NORD-SUD et POINT-AFRIQUE.

S’agissant du domaine des TIC, il y a la SOTELMA, filiale de Maroc Telecom (où VIVENDI détient 53%) et Orange Mali, filiale du sénégalais SONATEL (contrôlé par France Telecom à hauteur de 43%), ALCATEL-LUCENT (via EBT). Dans les autres services, BIVAC International qui contrôle des marchandises pré-inspection s’affiche avec ACCOR SERVICES. Au regard de tous ces placements au Mali, le transport-logistique retient l’intérêt des investisseurs français : Air France dessert le Mali à raison d’un vol direct par jour. Aigle Azur entretient une liaison régulière sur Bamako qu’il souhaite étendre. Du coup, le Mali reste un partenaire commercial mineur de la France.

Jean Pierre James 

Commentaires via Facebook :