Malgré la crise du pays, le rapport 2012 de la Banque mondiale sur la situation macroéconomique du Mali présente de bons indicateurs : le niveau des recettes totales est en légère hausse en 2012 par rapport à 2011, et le secteur de l’investissement public est le plus durement affecté avec une baisse de 60 % en termes réels.
Dans le cadre de la poursuite de la collaboration de la Banque mondiale avec le Mali, la représentation locale de l’institution a présenté un rapport intitulé «Mali Economic update» ou la situation macroéconomique du Mali en 2012. Le rapport trace un aperçu général de la situation macroéconomique, politique et des réformes structurelles de la période récente, en particulier en 2012. Le document marque aussi le début d’une série d’analyses dans le cadre du suivi de la situation économique de notre pays. Il en ressort que l’économie malienne en 2012 sort d’une année particulièrement difficile, marquée par une crise multidimensionnelle : sécuritaire, alimentaire, sociopolitique…Ledit rapport présente l’aboutissement des travaux menés par la Banque mondiale qui souhaite partager l’information avec ses partenaires. En plus de l’apport financier, les partenaires financiers du Mali doivent participer à la génération du savoir et au partage de l’information avec les décideurs. Une autre dimension très importante de la collaboration. De ce nouveau rapport, il ressort que depuis le début de l’année 2012, le Mali traverse une grave crise sécuritaire et institutionnelle qui a ouvert une période de transition politique. Cette situation connait une nouvelle tournure depuis janvier 2013 avec l’intervention militaire française et africaine au Mali. La crise multidimensionnelle a ainsi eu un impact important sur la situation économique, sociale et humanitaire du pays. Aussi, en 2012, les plus récentes estimations tablent sur une contraction du Produit intérieur brut (PIB) réel de 1,5 %. Mais l’impact négatif de la situation d’instabilité politique sur l’activité économique est atténué par la performance des secteurs agricole et aurifère. L’économie est aussi marquée par une résilience appréciable du cadre macroéconomique. Les secteurs les plus affectés par la crise sont le domaine tertiaire, en particulier le tourisme et l’hôtellerie. Concernant l’exécution du budget 2012, malgré la crise, le niveau des recettes totales est attendu en légère hausse en 2012 par rapport à 2011. Le secteur de l’investissement public serait le plus durement affecté avec une baisse de 60 % en termes réels. Aussi, les autorités se sont engagées à protéger les dépenses courantes, en particulier pour la prestation des services de base (éducation, santé, agriculture) et les transferts sociaux.
Des avancées notoires, malgré tout
En termes réels, les dépenses courantes ressortent stables en 2012 par rapport à 2011. Les autorités maliennes ont décidé de continuer d’honorer le service de la dette extérieure en dépit de la suspension des programmes d’aide. Cette attitude est de nature à faciliter un réengagement rapide des partenaires lorsque les conditions politiques le permettront. Pour l’inflation, depuis novembre 2011, le document indique que son taux en glissement annuel s’est maintenu au-dessus de la moyenne de l’UEMOA, avec un pic de 8,2 % à la fin de mai 2012. Au cours du dernier trimestre, l’inflation a nettement ralenti en rapport avec la bonne campagne agricole 2012-2013. Concernant les réformes structurelles, le document rappelle que depuis des années, le Mali s’est engagé dans la mise en œuvre de réformes importantes, notamment en matière de gestion des finances publiques. Ce qui s’est traduit par des progrès considérables au niveau du processus budgétaire. Néanmoins, des progrès significatifs sont encore attendus concernant la mobilisation des ressources domestiques, le reporting financier et le contrôle de l’exécution du budget. Au sujet du développement humain, les contraintes budgétaires intervenues en 2012-2013 remettront en cause certains progrès encore insuffisants réalisés au cours des dernières années. Les perspectives économiques à court terme dépendront fortement des évolutions sur le terrain politique et sécuritaire. Sous l’hypothèse de la poursuite du dynamisme des secteurs agricole et aurifère, le taux de croissance économique pourrait retrouver son niveau tendanciel de 5% en 2013. A moyen terme, l’agenda des réformes structurelles devrait être renforcé pour consolider les fondements de la stabilité macroéconomique, mais aussi corriger les éléments de vulnérabilité liés à la faible diversification de la production. En termes de priorités, la relance de l’économie devrait soutenir l’accès aux services sociaux de base pour atténuer l’impact des chocs sur la pauvreté et les indicateurs sociaux. Cependant, une vue d’ensemble de l’économie malienne permet de démontrer que l’agriculture est l’activité à la base du revenu pour environ 80% de la population. Le mil, le sorgho et le fonio constituent 75% de la production vivrière. Les autres cultures dépendent plus de la pluviométrie et de la fluctuation des prix. L’activité cotonnière est la source de revenus la plus importante pour les familles paysannes. L’économie malienne a connu un fort taux de croissance économique en 2012, en moyenne 5.7%. Le taux de croissance est largement constitué par le revenu agricole, mais surtout par l’accroissement de la production d’or qui se chiffre à 200 milliards de FCFA à l’exportation. Le reste de la croissance économique provient essentiellement de la production d’électricité, de l’eau et des transports et communication. Le Mali est un pays essentiellement agricole où très peu d’industries ont été mises en place en 2012, malgré les nombreuses planifications industrielles qui se sont succédé. Sur le plan socio-économique, les inégalités se mesurent en termes de capacités d’accès aux différents biens et services et de qualité de vie. Les indicateurs devraient permettre d’appréhender les différents niveaux d’accès à ces biens et services, mais en comparaison avec le pré-changement et entre les différents secteurs en 2013. Il est aussi nécessaire d’essayer de saisir les enjeux et règles financiers qui gèrent ces accès. Les inégalités se mesurent selon le même cadre : inégalités de revenus et de conditions de vie, en ajoutant une dimension d’inégalités de chance, notamment la non appartenance à des réseaux de capital social.
Jean Pierre James
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