En Afrique, les banques nationales sont en faillite. Etrangères elles se replient. Le système bancaire est à réinventer.
La crise actuelle pourrait être considérée comme une excellente occasion de remettre à plat le système bancaire, pour lui permettre de repartir, même très amaigri, sur des bases plus saines. Déjà bon nombre de banques nationales ont été liquidées. Mais les banques commerciales à capitaux européens, qui dominent le marché, sont le plus souvent dans une situation impossible. Se retirer complètement coûte cher (il faut abandonner les créances et payer les déposants). En outre il serait douloureux de dresser un constat d’échec pur et simple de dizaines d’années de présence et de se priver d’un marché dont il reste loisible d’imaginer qu’il se développera un jour à nouveau (environ 14 banques sont présentes au Mali). Mais d’ici là l’atmosphère est invivable à la banque dirigée par des femmes. Ecobank est une banque panafricaine qui couvre six (6) régions du Mali avec 41 agences. C’est la troisième banque nationale (niveau national) et la première au plan des résultats (exercice 2009, capital à 8,9 milliards de FCFA). La banque est dirigée par une présidente directrice générale (PDG), son adjoint est une femme et la quasi-totalité des postes clés sont gérés par les femmes. En si peu de temps la jeune PDG a transformé Ecobank en une sorte de « gérontomatriarcat». Ce qui complique l’ascension des jeunes cadres hommes. D’où ce ras-le bol de certains agents à vouloir quitter la banque panafricaine. Une autre PDG d’une banque de la place avait mis dans l’enfer ses agents qui ont eu leur salut à son limogeage. Au Mali depuis la conférence de Beijing en 1995, les maliennes demandent incessamment une égalité dans la promotion des cadres. Cependant le constat reste amer, les femmes ministres, PDG, présidentes d’institutions ou directrices nationales sont très autoritaires. Leur condition féminine ne favorise pas la promotion des hommes. Gageons que la PDG d’Ecobank saura relever le défi.
Brin Coulibaly