La prolifération des armes légères, la non-réglementation et la traçabilité des armes par les vendeurs, les acheteurs voire les fabricants, constitue un danger pour l’humanité. Car chaque année, au moins 500 000 personnes meurent, plusieurs millions d’autres blessées, violées et forcées à cause de la faible réglementation du commerce mondial des armes et des munitions. Entré en vigueur le 24 décembre passé, le traité sur le commerce des armes contient un certain nombre de règles visant à arrêter la circulation d’armes à destination de pays où l’on sait qu’elles serviraient à commettre ou à faciliter des crimes ou d’autres atteintes graves aux droits humains.
Cette entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes (Tca), le 24 décembre 2014, constitue une avancée majeure pour les droits humains après deux décennies de travail de campagne menée par Amnesty international et d’autres ONG à travers le monde. Pour la première fois, un traité intègre explicitement les répercussions en termes de droits humains de chaque vente d’armes dans tous les transferts.
Les Etats partis au Tca devront désormais réaliser des évaluations objectives de la situation dans les pays destinataires afin d’éviter tout risque majeur que des exportations d’armes ne contribuent à certaines atrocités. Cependant, sur les 10 principaux exportateurs d’armes, cinq font partie des 60 Etats qui ont déjà ratifié le Tca : l’Allemagne, l’Espagne, la France, l’Italie et le Royaume-Uni. Les Etats-Unis, de loin le premier producteur et exportateur d’armes au monde, figurent parmi 68 autres pays qui l’ont signé mais ne l’ont pas encore ratifié. D’autres grands producteurs d’armes, comme la Chine, le Canada et la Russie, refusent de signer et de ratifier ce traité.
Le Directeur exécutif de l’Amnesty international du Mali, Salim Dédo Traoré a rappelé la déclaration de Salil Shetty (secrétaire général d’Amnesty international) : « Cette étape constitue une avancée vraiment historique. Elle montre ce qui est possible lorsque des militants des droits humains s’engagent dans un long combat et œuvrent sans relâche pour changer une bonne idée en réalité, et qui sauve des vies dans le monde entier ». Dans ses propos plus avancés, quand un petit groupe de personnes comprenant des militants d’Amnesty international, explique-t-il, a proposé pour la première fois de réglementer le commerce irresponsable des armes au début des 1990, certains se sont moqués de cette idée. Deux décennies après, avance-t-il, le traité devient aujourd’hui une réalité juridiquement contraignante qui récompense leur travail, leur créativité et leur détermination. Notons que la valeur officielle des transferts internationaux avoisine les 100 milliards de dollars annuels. Quant au coordinateur MSP (Militaire, Sécurité, Police) d’Amnesty international Mali, Abba Touré : « Amnesty international continuera de faire pression pour que tous les Etats adoptent le Tca et commencent à appliquer strictement ses dispositions qui peuvent sauver des vies. Et, les sympathisants de l’organisation appelleront les Etats-Unis, la Chine et d’autres pays dans toutes les régions du monde à ratifier le Tca au cours de l’année prochaine. »
Il faut noter que 128 pays ont signé le traité, dont 60 pays ont ratifié et parmi eux le Mali était le deuxième pays. C’est pourquoi le représentant de la Commission nationale de la lutte contre les armes légères, Colonel Abdoulaye Ag Hamadoun, a confirmé l’engagement du Mali dans cette lutte.
Seydou Karamoko KONÉ