A la fin du mois de juin 2010, l’administration des douanes du Mali a recouvré, pour la première fois de son histoire, plus de 25 milliards de F Cfa soit exactement 25 milliards 192 millions de F Cfa pour le compte du trésor.
La réalisation de ces 25 milliards de F Cfa et quelques était devenue une obligation. En effet, de janvier à mai 2010, les services des douanes du Mali avaient un gap financier de 2,5 milliards de F Cfa sur les prévisions. Il fallait donc coûte que coûte absorber ce déficit avant la fin de ce mois de juin. Avec de telles recettes records, le Colonel Amadou Togola, Directeur général des douanes du Mali, et ses hommes se retrouvent du coups à 100 % de réalisations par rapport aux prévisions pour le 1er semestre.
De sources proches de la Direction générale des douanes, certaines structures se sont distinguées dans la réalisation de cet objectif. Il s’agit entre autres de la Direction régionale de Bamako avec ses trois bureaux principaux (aéroports, Faladié et la gare) pour plus de six milliards de F Cfa. La Direction régionale de Kayes dirigée par l’Inspecteur des douanes Abdoul Karim Konaté dit Empé pour plus de 3,5 milliards de F Cfa ; le Bureau des Régimes Economiques de Mme Fall Alima Drabo pour plus de 2,5 milliards de F Cfa et la toute nouvelle Direction régionale de Koulikoro de l’Inspecteur des douanes Nouhoum Sadia Camara qui a recouvré plus de 1,5 milliards de F Cfa et la direction régionale de Sikasso qui, en dépit du basculement du trafic sur le corridor sénégalais, a réalisé 1 milliard 16 millions de Fcfa.
A cela aussi, il faut ajouter la présence des différentes bases de lutte contre la contrebande et la criminalité transfrontalière de la sous-direction des Enquêtes douanières. Faut-il rappeler que sous la conduite de l’Inspecteur des douanes, Modibo Maïga, sous-directeur des Enquêtes douanières, l’administration des douanes a mis en œuvre un plan de lutte contre la contrebande et la criminalité transfrontalière qui a consisté à mettre un dispositif de surveillance aux frontières guinéenne et mauritanienne avec la constitution de 11 bases opérationnelles implantées à Kita, Nara, Nioro, Yélimané, Bancoumana, Siby, Sélingué, Yanfolila, Nampala, Niono et Douentza. Ces bases évoluent chacune dans un secteur défini de façon à couvrir toute la zone de Kayes à Filamana, la région de Sikasso sur la frontière guinéenne et de Yélimané (région de Kayes) à Douentza (région de Mopti) à la frontière mauritanienne. Les activités de ces brigades mobiles sont, entres autres, la recherche et l’exploitation du renseignement, l’identification des points de passages obligés et le balayage régulier des façades supposées d’infiltration. Elles procèdent également à la surveillance des carrefours, des axes routiers et fluviaux ainsi que la recherche des dépôts et points de distribution. Le contrôle des moyens de transport (terrestre et fluvial) des marchandises et des personnes ainsi que les véhicules particuliers et la recherche des cachettes aménagées à bord des véhicules. C’est cette stratégie concoctée par le Colonel Togola et ses hommes qui a stoppé net l’introduction frauduleuse des produits de contrebande sur le territoire malien. Une initiative salutaire si on sait que l’économie malienne est de plus en plus gangrenée par une importation massive de marchandises diverses en contrebande, de produits de contrefaçon et d’autres trafics encore plus dangereux (drogues, armes et munition). Quant à la fraude sur les cigarettes, le sucre, la farine, les piles, les motos, les armes et divers produits concurrents de la production nationale, elle a pris des proportions inquiétantes pour les sociétés industrielles, la sécurité et la santé des populations. Par exemple, au moment où la SOMAPILE et OMNIUM-Mali SA, les deux sociétés nationales de fabrication de piles, sont malmenées par les piles étrangères d’origine frauduleuse, la SONATAM a été obligée cette année d’importer des cigarettes. Et n’eut été la vigilance de l’Inspecteur des douanes, Mamadou Bâ, chef du Bureau des douanes des aéroports du Mali et de son équipe, ce fleuron de l’industrie malienne allait aussi mettre la clé sous le paillasson.
La recrudescence de la fraude dans notre pays empêche aussi la réalisation des objectifs budgétaires et économiques. En effet, selon une étude diligentée par l’administration des douanes, les pertes de recettes au cordon douanier sur ces produits sont estimées à environ 8 milliards de F Cfa dont 6 milliards de F Cfa sur les cigarettes, 1 milliard sur les motos et 1 milliard sur les autres produits. Il ressort de la même étude que la contrebande sur le sucre, la farine, les piles, les pâtes alimentaires, les produits pétroliers s’opère essentiellement sur les frontières mauritanienne et algérienne.
Tout le combat du Colonel Amadou Togola se situe donc à ce niveau. Et aujourd’hui sans pour autant prendre le risque de faire un quelconque triomphalisme en criant vite victoire, on peut dire que les choses commencent à bouger positivement.
Contacté d’ailleurs par nos soins sur les raisons de cette performance inédite, le Colonel Amadou Togola nous fera savoir que la réalisation de ces 25 milliards de F Cfa est due à trois raisons principales : d’abord les bases qui empêchent les importations frauduleuses de cigarettes et d’autres produits de contrebande ; ensuite la maîtrise de la situation des importations sur le terrain et enfin les efforts de gestion interne malgré les pertes enregistrées sur les produits pétroliers. Autant de motifs de satisfaction qui prouvent, si besoin en est, que l’administration des douanes du Mali reste dans la dynamique de l’année dernière.
Birama Fall