Dans l’affaire des 5 milliards de droits de douane volatilisés entre la Sonatam et les services du Trésor, les zones d’ombre se dissipent les unes après les autres et les clarifications s’enchaînent depuis le rapport de la mission d’enquête commanditée par le DG de la Douane. En levant le voile sur les responsabilités, ladite mission faisait en même sa première victime administrative, la semaine dernière, avec le limogeage du chef de la Section Recherches des douanes de Koulikoro par l’inspecteur-général Amadou Konaté. Il s’agit, en l’occurrence, du nommé Badi Maiga par qui, dit-on, les paiements sont passés pour atteindre les services du Trésor. Il nous revient de bonne source, par ailleurs, que la Sonatam n’avait point attendu qu’une mesure punitive lui soit infligée pour en tirer ses propres déductions. En clair, l’entreprise émettrice des chèques bancaires litigieux prend les services du Trésor pour uniques responsables de la disparition de cette importante manne destinée à la liquidation des droits sur ses importations. Elle l’a fait savoir, selon la même source, par une correspondance adressée au Directeur du Trésor et de la Comptabilité Publique où, référence au rapport d’enquête douanière, l’entreprise soutient sans ambages que ses chèques émis au nom du trésorier-payeur ont été bel et bien encaissés par les services du Trésor, quoiqu’à des fins autres que le paiement des droits de douane. Brandissant comme justificatifs les copies desdits chèques, la Sonatam réclame par conséquent la restitution ni plus ni moins de la totalité des montants, soit environ cinq (5) milliards F CFA qu’elle a soldés par une procédure étrangère au mécanisme de règlement en vigueur en la matière. Comme on le voit, une telle perception de l’affaire tient lieu par ricochet de reconnaissance de dettes envers la Douane et de culpabilisation du Trésor, mais elle implique curieusement l’absence de tout grief de l’entreprise contre l’agent des douanes par l’intermédiaire duquel est passée la liquidation de ses droits d’importation.
En attendant de dénouer ce qu’il reste de l’écheveau entre la Sonatam et le Trésor, la Direction générale des douanes peut déjà inclure les cinq (5) milliards de droits dans ses résultats de l’année écoulée qui, pourraient contribuer à pulvériser davantage les records et à excéder de plus loin les prévisions des finances publiques en recettes.
A KEÏTA