Moins de deux semaines après l’annonce de sa nomination, l’inspecteur général Amadou Konaté est définitivement installé dans ses nouvelles responsabilités, mardi dernier, à l’issue d’une cérémonie riche en couleurs dans l’enceinte de la Direction Générale de la Douane. En prenant les rênes de cette structure stratégique dans l’économique nationale, le nouveau DG n’a point l’intention de capituler devant les équations et promet de les braver au moyen de réformes qui feraient tâche d’huile à moyen et long termes.
Dans la pure tradition des gabelous maliens
C’est au son et à la cadence de l’hymne du Mali, majestueusement exécuté par la fanfare de la Garde nationale, que le nouveau Directeur général des douanes a reçu le témoin des mains de son prédécesseur, le mercredi 15 septembre. L’événement s’est déroulé comme d’habitude dans la cour de la DGD où aucun menu-détail n’a manqué au rituel et au protocole qui précède traditionnellement l’entrée en fonction de chaque patron des gabelous : mobilisation massive d’agents et responsables des
différentes ramifications du service, présence effective d’anciennes sommités ainsi que de frères d’arme de la gendarmerie et de la police, etc. Autant de personnalités baignées dans un décor féérique aux accents de solennité martiale, agrémenté par une symphonie et une salve de saluts militaires de belle facture, en plus des traditionnels défilés et revues de troupes adroitement exécutées par les Directeurs généraux sortant et rentrant.
Le rendez n’a pas dérogé non plus à l’incontournable célébration des douaniers disparus par un dépôt de gerbe sur la stèle qui leur est dédiée, sous le regard d’une brochette impressionnante de figures emblématiques dont les anciens Directeurs Généraux, les responsables syndicaux et les deux hôtes de la cérémonie, etc.
Le devoir de mémoire rimant avec devoir de gratitude, le prédécesseur d’Amadou Konaté aura mérité dans la foulée une fière chandelle de la part du porte-voix de ses collègues, Yacouba Katilé, en reconnaissance des nombreuses prouesses de M. Doucara dont l’assainissement et la modernisation de l’administration douanière, les réponses satisfaisantes aux préoccupations du personnel douanier ainsi qu’aux attentes des hautes autorités en termes de recettes. Des acquis auxquels le nom de son successeur est forcément associé en tant que proche collaborateur et es qualité directeur des Recettes de la Planification et de la Vérification.
La touche thérapeutique
En tout état de cause, le nouveau DG est crédité d’une exemplarité lui ayant valu d’accéder à la plus haute responsabilité de la Douane par décret 2021-0588/PT-RM du 09 septembre 2021. C’est en vertu de ce texte, qui abroge la nomination de Mahamet Doucara, que le nouveau « commandant en chef du personnel des Douanes» a solennellement reçu le symbole national qui marque à la fois la plénitude de sa nouvelle fonction et la consécration d’une trentaine d’années de parcours bien remplis. En prenant les rênes d’une structure qu’il connaît sur le bout des ongles, ce douanier du sérail n’ignore ni la taille des attentes qui reposent sur son service, ni l’ampleur des difficultés et obstacles susceptibles de contrarier les espoirs qu’il porte. C’est ce qu’il ressort, en tout cas, de sa toute première prise de contact avec les médias, qu’il a rassurés de toute sa disponibilité à l’ouverture, en échange d’une exploitation utile des informations. L’inspecteur Amadou Konaté a relevé pour la circonstance une kyrielle d’écueils en rapport avec la persistance de l’insécurité depuis une décennie et au travers de laquelle la réduction progressive des frontières et du territoire douanier entraîne un rétrécissement subséquent des marges de la fiscalité aux portes.
À ces contraintes s’ajoutent les répercussions du Covid-19 dans le sillage duquel les autorités ont dû consentir des mesures d’allégement jusqu’à concurrence de dix (10) milliards francs CFA du budget d’Etat, sans compter les énormes pertes de recettes imputables à la fluctuation des prix du pétrole (du double au simple) qui ramène pratiquement le champ de la Douane aux seules marchandises solides. L’ancien responsable des Recettes et de la Planification se réjouit par ailleurs que les prévisions de 2020 aient résisté à tous ces contrecoups et même dépassé le cap, en dépit de toutes les exigences d’un espace communautaire et son implication de démantèlement tarifaire. Ainsi, face à l’accroissement des nouvelles attentes (estimées à plus de 600 milliards douanières) conjugué à la disette d’aides extérieures et son corollaire de réduction des recettes budgétaires aux seules ressources endogènes, des efforts supplémentaires et initiatives nouvelles s’imposent, estime le nouveau Directeur général. «La douane n’a le choix que d’anticiper, de s’adapter», a-t-il prévenu, annonçant ainsi les couleurs de la thérapie à venir, qui va reposer sur diverses mesures de réformes en rapport avec l’évaluation des valeurs en douane, la modernisation du service et l’accentuation du contrôle intracommunautaire, entre autres retouches à même d’améliorer la prestation douanière et de léguer à moyen et long termes une douane plus solide aux nouvelles générations.
A KEÏTA