NOUVEAU SCANDALE A LA DOUANE : Les fonds spéciaux, passés à la casserole

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Si les affaires de coulage d’hydrocarbures, d’exonérations et de plaques d’immatriculation ont déteint sur l’image de la Douane, celle qui met, actuellement, les gabelous au « garde à vous » risquera de faire tomber bien de têtes…

Il ne s’agit, ni plus ni moins, que de l’argent récolté sur des redevances et taxes, prélevées sur les marchandises déclarées aux frontières. De l’argent constitué en fonds, destiné à l’achat de matériels, pour la Douane : ordinateurs, machines, mobiliers, fournitures de bureau, etc. Un fonds si spécial qu’on l’a surnommé… fonds spéciaux. Et à juste titre, serait-on tenté d’ajouter ! Car les enquêtes menées, au sujet de ces fonds, par le Vérificateur Général, révèle, déjà un trou, estimé à plusieurs milliards de nos francs.

NOUVEAU SCANDALE

Le premier rapport élaboré, en mai 2006, par le Végal, a décelé une perte de plus de 15 milliards pour l’Etat, occasionnée par certains départements ministériels, et services rattachés : ministères des finances et de l’agriculture, Sotelma-Malitel, Ikatel, Banque malienne de l’Habitat, Mairie du District, Impôts, et Douanes. Le deuxième rapport, en cours de préparation, décèlera d’autres détournements, de plusieurs dizaines de milliards. En effet, voilà plusieurs semaines que l’équipe de Sidi Sosso Diarra a, entamé des investigations au sein d’autres services publics et privés de la place. Parmi lesquels les entreprises minières, l’Agetipe, les Impôts, et… la Douane. Il semble qu’entre les limiers du Végal et les gabelous, c’est comme qui dirait… un mariage d’oraisons, non pas funèbres, mais financières. Car en matière d’enquêtes au sein de la Douane, il y a toujours quelques os à déceler. Il est bien vrai que dès qu’on s’avise de fourrer le nez dans un sac de piment, même vide, on éternue jusqu’aux larmes, … avec morve et étourdissements.

Ceci dit, l’équipe du Végal a dû se transporter, voilà plusieurs jours, aux postes des Douanes, installés aux frontières de notre pays : nécessités d’enquête obligent. Ils auraient ramené, dans leurs sacs, des documents bien compromettants pour le colonel Cheick Kéita. Des dossiers, dont le décorticage a fait ressortir des monstruosités, de l’ordre de plusieurs milliards de manque à gagner pour l’Etat. En fouillant dans le lot, le Vérificateur général est tombé de haut, sur un « mystère » de taille : les fonds prélevés sur les taxes, au niveau des frontières, se sont fondus entre les mains des gabelous. Comme beurre au soleil !… En tout cas, ce pactole, estimé à plusieurs dizaines de milliards, s’est volatilisé. Comme par magie. Et quand on sait que, sur chaque déclaration, la Douane prélève une taxe de 5.000 CFA, il y a lieu de frémir, à la seule idée de ce que la caisse pouvait contenir.

LE COLONEL CHEICK KEITA DANS LA MERDE

Il est regrettable que ce Bureau du Végal -sur lequel reposaient, et reposent encore, les espoirs des maliens- ne puisse que constater ces détournements de fonds publics ! Encore plus désolant, que le Végal, de par ses attributions, soit tenu de se limiter au seul constat de ces malversations ! En définitive, c’est comme si, en instituant le Bureau du Végal, l’Etat n’a fait qu’endosser une charge supplémentaire et… inutile, oserait-on dire. Car l’opinion publique – les contribuables surtout – n’ignorent pas que la prise en charge, d’un bureau de 12 vérificateurs avec plus de 40 assistants, coûte les yeux de la tête. Sans parler du coût de construction de leur siège, de leurs équipements. D’autres services de contrôle, tels que le Contrôle général d’Etat et la CASCA s’acquittent, aussi, des tâches pour lesquelles ils ont été créés. Mais pour quels résultats ? Ces missions de contrôle n’ont conduit ni à l’arrestation des coupables, ni au remboursement des milliards volés.

Des enquêtes sont menées, des rapports sont ficelés et portés à la connaissance de tous ; les responsabilités sont situées. Et les voleurs connus. Mais jamais les auteurs de ces magouilles ne sont inquiétés ! Toute cette batterie de services de contrôle ne serait-elle qu’une mascarade pour amuser la galerie ? En tout cas, bien des contribuables parient que ces milliards qui « s’évadent », seront rangés dans la rubrique « pertes, avec ou sans profits » : pour l’Etat d’un côté, et ses voleurs de l’autre. Des voleurs qui dormiront, peinards, sur leurs oreillers. Bref, c’est comme un cycle infernal, dans lequel on ne fait que passer, de l’inutile à l’inagréable… Pour l’heure, ce sont les services chargés de traquer les « voleurs de la Rue publique » et de leur faire rendre gorge, qui ont du « bourou » sur la planche. Ils sont à plaindre !

En attendant, le colonel Cheick Kéita a bien du souci à se faire. Avec ce nouveau scandale, il en perdra des plumes.

Le Viator

 

Vouloir, c’est pouvoir

La Douane s’est retrouvée, avec 30 milliards CFA de déficit, … Et aucune acrobatie financière n’a pu y remédier. Mais il semble que la mise en demeure du Premier ministre, faite au colonel Cheick Kéita, le mois d’août dernier, n’est pas passée dans les oreilles de sourds. Car, dès le mois de septembre, la douane a engrangé 21 milliards CFA sur les 30 milliards prévus. A ce rythme, la Douane ne pourra pas honorer sa dette (de recettes) d’ici décembre. Du coup, l’opinion s’interroge. Par quel miracle, la douane a-t-elle réussi une telle prouesse ? Fallait-il que le Premier ministre tapât sur la table, pour réveiller les gabelous de leur torpeur ? Qu’est-ce qui poussait la Douane à se complaire dans des contre-performances ?…

Et subitement, on se surprend à penser que nos gabelous étaient bel et bien capables d’honorer leur « contrat » : réaliser les recettes mensuelles, qui leur sont imposées. Et que l’affligeant spectacle des déficits, auxquels ils nous ont accoutumés, n’obéissaient en fait, qu’à des faux calculs. Et que les magouilles et autres conflits d’intérêts ne sont que partie intégrante du lot. L’on pourrait, de ce fait, présumer qu’après le coup de gueule de Ousmane Issoufi Maïga, les gabelous ont du laver leurs linges sales en famille, et s’occuper d’une cuisine intérieure, qui entravait leurs recettes. Comme quoi, à quelque chose,… fureur est bonne ! L’on ose espérer (sans trop y croire) que la corruption – entendez les malversation, qui gênaient les performances douanières – n’est plus qu’un triste souvenir au sein de la douane. Croisons donc les doigts et touchons du bois ! Car c’est connu : chasser le naturel, même à coups de ceinturon, il revient au galop !…

Nos concitoyens supportent mal, que nos gabelous dorment sur leurs galons et se prélassent dans un « absentéisme » de recettes, qui frise la fainéantise. Et comme le dit un haut cadre de l’Administration : « On aime bien la Douane, et on envie le douanier pour son aisance. Car le commun des maliens est convaincu qu’on ne peut être douanier et ne pas être à l’abri du besoin. L’Etat ne peut lui accorder sa confiance, et souffrir ces baisses de recettes, dont l’impact négatif affecte notre économie. C’est tout simplement intolérable ! ». C’est dire, enfin, que lorsque la Douane veut, elle peut ! Pourvu qu’après cette hausse sensible de son estime auprès de l’opinion, elle ne baisse plus les bras. Et ça,… attendons, pour en juger !

 

Le Viator

 

 

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