Une semaine après la reprise de Kidal par les forces armées nationales et quelques jours après l’interpellation du Colonel Fodé Malick Sissoko (Gouverneur sortant), les autorités maliennes de la transition ont nommé le Général de division Aladji Gamou comme Gouverneur de la région de Kidal. C’était à l’issue du Conseil des ministres du 22 novembre 2023.
Si les réactions, à travers les réseaux sociaux, ont été favorables pour cette nomination, il y a lieu de se poser la question sur la réussite de cette nouvelle mission confiée à quelqu’un qui n’a connu que les théâtres des opérations.
Selon beaucoup d’analystes, cette décision du Président de la Transition vise à renforcer la sécurité, relancer les services sociaux, restaurer la cohésion sociale et faciliter le retour des déplacés dans cette zone récemment reprise par les forces armées maliennes. La nomination de Gamou intervient à un moment crucial, marqué par les défis sécuritaires persistants dans la région de Kidal. En prenant la tête du Conseil Supérieur des Imghads et Alliés (CSIA), il devra œuvrer à la consolidation de la paix, à la défense des intérêts de sa communauté et à la préservation de l’intégrité territoriale du Mali.
Des atouts indéniables !
Avec Gamou à la tête de Kidal, c’est l’espoir d’une région apaisée et prospère qui se profile. Sa connaissance approfondie du terrain et son engagement en font un acteur clé pour la reconstruction et le développement. Les regards sont tournés vers l’avenir, avec l’aspiration à une ère de stabilité, de progrès et de réconciliation pour cette région stratégique du Mali.
La nomination du Général Aladji Gamou comme gouverneur de Kidal représente un tournant significatif pour la région et le Mali dans son ensemble. C’est l’histoire d’un homme au service de sa nation, prêt à relever les défis et à bâtir un avenir radieux pour la région de Kidal. Le Général Gamou, avec un parcours exemplaire marqué par un dévouement sans faille envers la nation, incarne l’espoir d’une stabilité durable. Sa mission dans cette région stratégique va au-delà de la simple gestion administrative. C’est un homme dont le charisme et la popularité transcendent les frontières du Mali, portant en lui la promesse d’une fin à l’activisme du chef djihadiste Iyad Ag Ghali.
Mais aussi des obstacles !
Aladji Gamou est un homme qui n’a connu que le théâtre des opérations depuis l’âge de 16 ans. Il est issu d’une tribu rivale à celle des ifoghas dont est issu Iyad Ag Ghali, chef terroriste, un ancien compagnon de guerre à lui. Il se susurre que les ifoghas représentent les chefferies traditionnelles et fondatrices de Kidal et que les Imghads, tribu du Général Gamou, une fraction touarègue considérée comme vassale et majoritairement installée dans la zone de Ménaka. Nul n’ignore que la société touarègue est fortement stratifiée. C’est pourquoi il est intéressant de se demander si les ifoghas vont-ils accepter d’être commandés par les Imghads.
Une autre inquiétude dans la nomination de Gamou réside dans le fait qu’il ne serait pas allé à l’école des blancs. Autrement dit, il ne disposerait pas de compétences intellectuelles pour gérer une administration. Quoiqu’il soit entouré d’administrateurs civils chevronnés, il n’est pas sûr que cela suffise pour qu’il fasse un bon représentant de l’État dans l’Adrar des ifoghas. En tout cas, il ne faut pas vendre la peau de l’Ours avant de l’abattre. A l’image de son autre collègue Général Ould Meydi qui dirige la région de Taoudéni, Gamou pourrait bien s’en sortir car celui-là serait aussi quelqu’un qui n’aurait pas fréquenté l’école européenne.
Il faut noter que Général Gamou est né en 1964 dans une famille de bergers Imghads. Il a traversé des épreuves marquantes, de son engagement dans l’armée libyenne à sa participation à des missions délicates, notamment lors de la guerre civile sierra-léonaise. Son retour au Mali en1996, son parcours dans les forces armées maliennes et son rôle pendant la crise de 2012 témoignent de son dévouement envers la paix et la sécurité.
Si certains Maliens fondent beaucoup d’espoirs sur Gamou parce qu’il semble avoir beaucoup d’atouts pour réussir sa mission, il reste que sa tâche s’annonce, pour le moins, difficile. Le général Gamou réussira-t-il à ramener dans l’enclos, les brebis égarées ? Parviendra-t-il à convaincre son frère ennemi, le redoutable chef du GSIM, Iyad Ag Ghali, d’abandonner son funeste dessein et rejoindre la table afin de boire le thé de la paix à Kidal? L’avenir nous le dira.
En attendant, on peut, sans risque de se tromper, dire que le général Gamou a du pain sur la planche. Son premier défi, c’est de réussir là où Bamako semble avoir échoué, c’est-à-dire à convaincre les nombreux Touaregs qui ont fui les combats à regagner le bercail, en l’occurrence Kidal, pour y vivre dans la paix et dans la dignité. L’autre défi et non des moindres, c’est de faire en sorte que tous ceux qui ont pris les armes contre la République, puissent les déposer sans courir le risque de se faire trucider ou jeter en prison. Le général Gamou devra aussi veiller à ce que les anciens collaborateurs des rebelles ne soient pas soumis à des sévices.
A. Diallo
Espérons qu’il y parviendra. Mais rien n’est moins sûr surtout avec ce qui s’est passé à Niono il y a quelques jours avec le massacre par les Wagner de Peuls et de Bellas sans que les FAma ne viennent à l’aide des civils.
Qui sont donc ces « déplacés », sinon des populations qui ont fui la terreur après qu’on ait contraint les forces de l’ONU à un départ précipité. Que Bamako – en gros, la « transition »… – ait échoué, cela ne fait pas le moindre doute. Que le général, de part ses origines et ses qualités humaines, représente un atout, c’est indéniable. Mais les victimes ont toujours une très longue mémoire, et beaucoup répugnent sans doute à se confronter de nouveau à qui les a fait fuir, sans pitié aucune. Quant à l’irrédentisme…
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