Il était, il y a quatre ans, un illustre inconnu. Ou presque. Aujourd’hui, il est le plus fortuné des fonctionnaires de la Douane. Son patrimoine immobilier, au Mali comme en France, est estimé à plusieurs milliards de nos francs. Enquête.
Le Mali est, décidément, un pays de paradoxes : pendant que certains peinent à s’offrir trois repas par jour, d’autres se tapent des milliards. Sans coup férir, Au nez et à la barbe du Vérificateur général, qui n’y voit que du feu. C’est le cas de ce cadre de la Douane, dont la liste du patrimoine immobilier – au Mali et en Europe – donne le vertige.
Après trois jours d’enquêtes, le résultat est édifiant : deux villas de luxe, érigées côte à côte, au bord du fleuve, non loin de l’ex-abattoir frigorifique ; un immeuble de grand standing, flambant neuf, sur la route de Kalabancoro ; un château de luxe à Paris, à Saint-Denis, à 100 m de la Gare ; deux autres immeubles en cours de finition, à Faladiè, dont l’un cédé, gratuitement, à son « parrain », dont nous tairons le nom pour l’instant… La liste est loin d’être exhaustive.
A en croire les spécialistes de l’immobilier, ce patrimoine immobilier se chiffre à plusieurs milliards de nos francs. Et ce n’est pas tout. Loin s’en faut. Notre nouveau milliardaire dispose, selon plusieurs sources, d’autres immeubles disséminés à travers notre capitale.
Faux transit et fausses déclarations
Cette fortune est, à en croire nos sources, le fruit d’une « bonne collaboration » entre ce « haut » cadre de la Douane et deux frangins, associés dans une société de la place, portant leur nom. Unis par les liens sacrés de la fraude, ils ont fait fortune, en blanchissant leur argent sale dans l’immobilier.
Quelques exemples : à la cité du Niger, leurs villas (au nombre de quatre) se suivent. Et se ressemblent. A Paris, à Saint-Denis, aussi, leurs châteaux sont côte à côte. Quant à l’immeuble de Kalabancoro, il a été construit et offert, gratuitement, à notre haut cadre des douanes, par ses deux « complices », opérateurs économiques, pour « services rendus ».
Epaulés, dans leur recherche effrénée du lucre, par notre gabelou, ces deux opérateurs économiques ont fait fortune dans le « faux transit » entre le Mali et la Guinée-Conakry. Mais aussi, dans les fausses déclarations.
Leur amitié avec ce haut gradé de la Douane leur ouvert bien de portes. Leurs marchandises passent, au niveau du cordon douanier, comme des lettres à la poste. Avec à la clé, de fausses déclarations. Et les Agents, qui ont tenté de mettre fin à ce « passe-droit » en ont eu pour leur grade : affectés au delà de l’au-delà.
Pourtant, à la Douane, les problèmes sont, de plus en plus, complexes ; de plus en plus insolubles. Les déficits succèdent aux déficits. Les recettes douanières ont du mal à franchir la barre de 22 milliards CFA par mois. Or, le quota mensuel, fixé par les Institutions de Bretton Wood, est estimé à 30 milliards CFA.
Un seul exemple : pour le mois de septembre dernier, les recettes engrangées se chiffrent à 21,9 milliards CFA sur une prévision de 30 milliards CFA. Soit, environ, 8 milliards CFA de déficit.
Qui est ce nouveau milliardaire ?
Effacé, presque inconnu du grand public, ce nouveau milliardaire affiche, rarement, sa coloration politique. Du moins, ouvertement. On le dit « militant » du Parti du Tisserand d’IBK. Il est plus craint qu’aimé par les Agents. Mais sa principale caractéristique reste son arrogance.
Il doit sa fortune à son réseau d’opérateurs économiques, qui le lui rendent bien. Si certains monnayent sa « générosité » contre espèces qui sonnent en trébuchant, d’autres se sont transformés en « porte-malette » de notre gabelou. De bonnes sources indiquent, aussi, que la plupart de ces immeubles et villas ne portent pas le nom de son « proprio ». Ils portent, plutôt, celui des deux frangins, associés en enfer… pardon, en affaires.
Et les immeubles, cités plus haut, nous dit-on, ne représentent que la face « non immergée » de l’iceberg.
Nos enquêtes se poursuivent. Nous espérons, dans les jours à venir, vous donner la liste exhaustive de son patrimoine immobilier, objet de causeries dans les salons feutrés de notre capitale. Mais qui est-ce ?
Réponse dans nos prochaines éditions !
Le Mollah Omar
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