Le super argentier malien, j’allais dire, les douanes maliennes, a célébré avec faste la Journée Internationale de la douane, version 2017, le jeudi 26 janvier 2016, avec comme thème « l’analyse des données pour une gestion plus efficace des frontières ». Cela arrive à un moment où l’anarchie règne sur les lignes de démarcation des pays qu’on a pris l’habitude d’appeler frontières d’Etat. Oui, les frontières sont poreuses, difficilement contrôlables mais sujettes à toutes sortes de tracasseries et de manipulations au profit souvent de leurs serviteurs. Cette journée, présidée par le directeur Général des Douanes maliennes, Aly Coulibaly, s’est tenue dans l’enceinte même de l’établissement en présence des invités de marque, dans un environnement parfois inhospitalier.
Elle arrive aussi à un moment où le concept de pays frontières est en rade. Ce concept, forgé par l’ancien président Alpha Oumar Konaré, est mis aux oubliettes. Et pourtant, son expérimentation a prouvé son utilité, la bonne collaboration entre populations frontalières, la complémentarité entre gouvernances de part et d’autre des frontières d’Etat, le contrôle et la maîtrise de la circulation des biens et des services. Pour mieux gérer d’une manière géostratégique le travail douanier, il faut des données justes et adéquates au niveau des zones frontalières. Le nouveau DG Aly Coulibaly a-t-il conscience de ce travail préalable ? Ce questionnement est d’autant plus légitime que lui-même a reconnu que les données n’ont de valeur que lorsqu’elles sont utilisées de façon effective et efficace.
Il faut savoir que les données collectées dans le cadre des procédures de dédouanement ne sont toujours pas fiables. Dans certains cas, lesdites données, acquises auprès des services gouvernementaux ou sur le marché et les plateformes, sont désorientées et tripatouillées. C’est pourquoi d’ailleurs le DG a déclaré qu’il est fondamental que les administrations douanières tirent le meilleur parti de ces données afin de prendre les décisions avisées, en particulier au vu des défis complexes et les changements auxquels elles aspirent au quotidien. Ce n’est pas tout. Car le DG de la douane Aly Coulibaly est conscient que l’analyse des données peut entacher des irrégularités criardes et manifestes pour l’avancée des douanes aux horizons à venir si elles ne sont pas étudiées à bon escient. Toute chose qui entache les mécanismes de gestion des risques.
Aujourd’hui, les douanes sont sujettes aux irrégularités, envois illicites, mouvements suspects et autres flux financiers inappropriés. Conséquences : les douanes souffrent. Monsieur Coulibaly n’est toujours pas prompt à se transcender sur ces matières, contrairement à certains de ses prédécesseurs qui ont su dissocier les bonnes graines de l’ivraie.
Actuellement, le courant ne passe pas comme souhaité avec des partenaires ou autres services gouvernementaux. C’est la raison pour laquelle les administrations douanières doivent savoir exploiter avec intelligence les données, en faire une priorité stratégique à l’échelle nationale pour le plan de développement de la nouvelle politique de la direction.
Lors de la journée douanière, force était de constater qu’il y avait une opacité sur les chiffres, point d’orgue des DG. Résultats : les fraudes se multiplient, la contrebande est récurrente, la réponse aux actions sur le terrain est moribonde et fascinatoire. Les douanes souffrent, d’où la nécessité de les remettre sur ses jambes.
Issiaka Sidibé