Et oui ! Si la mesure d’interdiction d’importation de véhicules non dédouanés sur le territoire malien fut saluée en raison de l’envahissement du parc automobile malien par de véhicules immatriculés à l’étranger, il reste qu’elle peut avoir son revers. D’un point de vue purement économique : cette mesure affecterait, de l’avis de certains spécialistes, le système de redistribution. Trait caractéristique de toute économie dynamique.
En clair cette mesure ne serait pas sans conséquences pour des pans importants de notre économie. D’autant que ce « business » est florissant et occupe plusieurs personnes dans notre pays. À la limite, il est à craindre que cette mesure qui a pour but avoué ou non de renflouer les caisses de la douane et permettre l’atteinte des objectifs qu’elle s’est assigné, se révèle encore pire. Et pour cause : les importateurs de ces véhicules sont le plus souvent des vendeurs et non des consommateurs. Et sont pratiquement tous incapables de dédouaner à la frontière leur importation, car manquant de ressources pour ce faire. Autant dire qu’il se posera à la longue un problème d’approvisionnement du marché. Ce scénario se dessinerait déjà, à en croire des importateurs de véhicules, qui affirment que les zones où transitent les véhicules à destination du Mali sont devenues de véritables parcs de stationnement de véhicules non dédouanés. À Diboli par exemple, dans la région de Kayes. S’en suivra alors un manque à gagner certain pour les caisses de l’Etat (plusieurs dizaines de milliaires) surtout que les véhicules importés sont proposés à la consommation à des acquéreurs qui, par la suite, se voient dans l’obligation de les dédouaner (quel que soit le délai que prendra le dédouanement), et donc de générer des ressources pour l’Etat qu’il se fera fort de les redistribuer. Sur un autre plan, le marché des pièces détachées depuis peu et à cause de l’interdiction d’importer des véhicules non dédouanés connaît une certaine inflation. Si un moteur pour véhicule Toyota se vendait à 350.000 FCFA, il se vendait aujourd’hui à plus de 400. 000FCFA. C’est encore là l’une des conséquences de la « mesure Togola », car autant que les véhicules, les pièces détachées sont aussi importées par des vendeurs de véhicules. Ces derniers et leurs familles tirent aujourd’hui le diable par la queue. En définitive, l’incidence financière et économique de la « mesure Togola » s’avère très dommageable à plus d’un titre.
Par ailleurs selon des sources proches des services douaniers, l’interdiction d’importation de véhicules non dédouanés, ferait prendre une véritable cure d’amaigrissement à certains agents, qui se léchaient bien les babines dans ce « business ». Les victimes sont donc aussi du rang des douaniers qui grossissent très malheureusement le lot des importateurs non fortunés et leurs familles. Et comme pour ne rien y comprendre, selon des langues pendues, le directeur général des douanes du Mali aurait édicté cette mesure en faveur de grosses écuries dans le domaine. À quelle fin ? Il faudra peut-être consulter les oracles !
Issiaka Sissoko