La crise sécuritaire et sociopolitique qui a secoué notre pays en 2012, a aussi mis à nu notre fragilité économique. Le circuit d’approvisionnement correct du pays en produits aussi bien de première nécessité et que de grande consommation, a été fortement perturbé.
Pays de « l’hinterland » possédant des frontières avec sept autres Etats, le Mali doit son approvisionnement correct en produits de première nécessité et en produits industriels à ses échanges commerciaux aussi bien avec ses voisins qu’avec le reste du monde. Nos sept voisins constituent, selon leurs capacités et leur situation géographique, des accès à la mer et des points de transit pour nos marchandises. Les ports d’Abidjan, Accra, Lomé, Cotonou, Conakry et Dakar sont ainsi sollicités pour recevoir les produits à destination et en partance du Mali. Le Burkina Faso et le Niger servent de pays de transit pour nos marchandises en provenance ou en partance pour Accra, Lomé, Cotonou ou Lagos. La maitrise et la sécurisation du trafic marchand sur ces axes ont par des impacts indiscutables aussi bien sur la fluidité du trafic des gros porteurs que sur la sécurisation des produits importés ou exportés.
Pour réduire ce handicap majeur, notre pays en partenariat avec la société « Les Ports secs du Mali », a décidé de se doter, à Kati, d’un nouveau terminal intérieur servant de point de départ, de transit ou d’arrivée des flux de marchandises générés par le commerce international dénommé « Port sec de Kati ». La première pierre symbolique des futurs locaux de l’infrastructure a été posée hier par le directeur général de la douane, l’inspecteur général Moumouni Dembélé, et le directeur de la société « Les Ports secs du Mali », Ali M’Baya Kane. C’était en présence de président du Conseil malien des chargeurs, Babalaye Daou, du président des transporteurs, Youssouf Traoré, des directeurs et responsables des services techniques impliqués dans l’approvisionnement.
La construction d’un port sec sur la RN3 à Kati s’avère aujourd’hui une nécessité vivement recommandée par les experts et partenaires de notre pays. Ce tronçon enregistre à lui seul plus de 40% des importations et exportations du pays à travers les corridors Bamako-Dakar et Bamako-Nouakchott. Du coup, Kati est devenu le point de départ et d’arrivée du gros du fret à l’import-export du Cette nouvelle infrastructure dotée d’installations sous-douane est destinée à faciliter le traitement des marchandises aussi bien à l’importation qu’à l’exportation, quelque soit leur mode de conditionnement.
Le maire de Kati, Hamala Haïdara, s’est réjoui du choix de sa commune pour abriter cet aménagement qui contribuera, selon lui, au décollage économique de notre pays en général et de la ville de Kati en particulier.
UN INVESTISSEMENT DE 1,5 MILLIARD FCFA. Pour le directeur général de la société « Les Ports secs du Mali », Ali M’Baya Kane, la construction de ce nouveau port sec de Kati s’inscrit dans la politique de désenclavement extérieur et intérieur prôné par les autorités du pays. « Ce projet, dans sa première phase mobilisera un investissement 1,5 milliard de Fcfa. En fonction de l’évolution du trafic, des orientations de l’administration douanière, le projet pourra être remodelé. Cette installation contribuera à l’amélioration de la rotation des moyens de transport et de la sécurisation des recettes douanières tout en offrant aux usagers une plate-forme pour l’accès aisé aux informations 24h/24h relatives à leurs cargaisons. Les camions pourront être immédiatement déchargés dès leur arrivé à Kati, voire leur traitement accéléré grâce à un partenariat fécond avec la douane », a-t-il expliqué.
Société anonyme de droit malien créée en 2011, son capital est reparti entre le Groupe Bolloré, le Conseil malien des chargeurs, le Conseil malien des transporteurs et la Chambre de commerce et d’industrie du Mali. Elle contribue déjà à hauteur 1 milliard de Fcfa par an au titre de la contribution fiscale. « Ainsi à travers cet important investissement, les ports secs du Mali envoient deux messages forts : un partenariat est possible entre les opérateurs locaux et les multinationales, le Mali est un bon risque et un pays qui connaitra un avenir radieux », a renchéri Ali M’Baya Kane tout en saluant le partenariat public-privé qui caractérise la promotion économique de notre pays.
La position d’enclavement de notre pays constitue une contrainte majeure surtout avec notre économie très dépendante de l’extérieur. Le problème réside alors dans la recherche des voies pour relever ce défi qui handicape les échanges avec les partenaires économiques. Cette réalité se traduit par une lenteur et une irrégularité du circuit d’approvisionnement en intrants des principaux secteurs économiques et des exportations maliennes, mais aussi et surtout de la fragilité du système de ravitaillement. A cause de cette lenteur, les délais de séjour moyen des produits dans les ports sont d’au moins 30 jours selon les produits et les ports. Pire, l’engorgement des zones « Entrepôts maliens » dans les différents ports engendrent souvent des paiements de frais d’entreposages aux opérateurs économiques.
Il s’agit, grâce au port sec, de soustraire les produits à ces taxations pour constituer des stocks suffisant en territoire national et d’assurer un approvisionnement régulier des populations ainsi que des principaux secteurs de l’économie. Ce qui permettra d’assurer avec sérénité et régularité, la satisfaction des besoins des populations et la fourniture d’intrants aux entreprises nationales.
Pour le directeur général des douanes, ce port sec aura également le caractère d’un entrepôt sous douane. Il permettra aux services de l’Etat impliqués dans les opérations d’importation et d’exportation des marchandises passant par le poste de Kati d’éviter les fausses déclarations des marchandises, la sous-évaluation de la valeur douanière et les tricheries diverses.
Selon Moumouni Dembélé, la structure contribuera à accroître les recettes douanières. « Le port sec et ses installations doivent permettre à notre pays de rationaliser, rentabiliser et sécuriser le système d’approvisionnement et d’exportation. Il permettra aussi et surtout la régularité et l’accélération du circuit des importations et des exportations permettant une relance de l’économie par l’accroissement de la consommation, la maîtrise du volume des échanges ainsi que la maîtrise des statistiques nationales qui constituent un outil stratégique de politique économique, une facilitation du recouvrement des recettes », a expliqué le directeur général de la douane.
Avec ce port sec, l’enclavement de notre pays peut être un avantage, car le Mali disposera désormais d’un circuit d’approvisionnement d’urgence efficace, permettant de constituer et mobiliser rapidement un stock de sécurité (produits stratégiques comme les hydrocarbures, produits alimentaires, intrants industriels, autres produits) a estimé Moumouni Dembélé.
D. DJIRE