A l’occasion de la célébration de sa quinzaine, qui a eu lieu du 26 mai au 10 juin dernier, la douane a procédé à la destruction publique par le feu des stupéfiants et produits contrefaits saisis. Ce feuilleton dont la douane nous a régulièrement habitués, loin d’être la preuve d’une quelconque pugnacité ou d’honnêteté dans la lutte contre fraude et la contrebande en vue assainir l’économie nationale, n’est que de la diversion pour masquer le laxisme et la corruption des soldats de l’économie.
L’opération de calcination a porté sur 111kgs de chanvre indien ; 36 tonnes de produits pharmaceutiques ; 02 cartons d’éphédrine ; 1910 cartons de pâtes dentifrices de 27,600 tonnes ; 183 cartons de cigarettes de contrefaçon ; 2360 cartons de savons pharmapur ; 14674 cassettes audio et CD piratés ; 1130 cartons de conserves ; 380 cartons de piles ; 466 sacs de sel impropres à la consommation ; 140 cartons de lait périmé. Cette quantité qui, semble impressionnante, est en réalité insignifiante pour cela qui connaît l’état de nos marchés aujourd’hui, qui sont inondés par des centaines de milliers de tonnes de produits de toutes sortes. Tout le monde est unanime aujourd’hui que la plupart des douaniers sont des corrompus aguerris. Ils sont nombreux à prendre des pots de vin avec des commerçants véreux pour laisser passer leurs produits sur le territoire national, et cela quelque soit la nature des marchandises.
En outre certains douaniers, en complicité avec des commerçants fautifs, cautionnent les fausses déclarations des marchandises. Aujourd’hui, le marché malien est inondé par des marchandises de toutes natures : sucres, huiles frelatées, des tissus de contrefaçon, des cahiers, des cigarettes, des piles, des vins, des produits pharmaceutiques, de la farine, des pâtes dentifrices, de la drogue , des conserves, des munitions … rentrés dans le pays par le canal , soit de la fraude, soit de la contrefaçon, soit clandestinement, soit des fausses déclarations, soit un arrangement avec la douane. Le marché malien est inondé de ces produits, à telle enseigne qu’on se pose la question de savoir si la douane et la Direction nationale du commerce et de la concurrence ne sont pas complices des fautifs.
Les opérations de destruction publique de produits effectuée par la douane ne sont que du trompe- l’œil, un pare – feu, pour redorer son blason auprès d’une population qui ne l’a fait pas confiance. Notre douane est tellement corrompue que généralement les produits saisis proviennent de quelques commerçants récalcitrants qui ont refusé un arrangement quelconque en ce qui concerne le pot- de vin.
Les quantités détruites jusqu’ici ne sont qu’une infime partie des produits illégalement introduits dans notre pays. Ils sont vendus publiquement partout au Mali sans qu’aucune sanction soit prise contre les fautifs.
Il est temps que les douaniers intériorisent les notions d’honnêteté et d’intégrité pour assainir notre économie, car la fraude , la concurrence déloyale, et la contrefaçon sont entrain de tuer à petit- feu nos sociétés et entreprises.
Moussa Diarra
