Douanes de Kayes : Submergée par des scandales

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Le ministre des Finances va-t-il prendre des mesures en vue de certains receveurs véreux tapis au sein des Douanes maliennes ? En tout cas, le jeu en vaut la chandelle rien qu’en constatant ces mauvaises  pratiques qui ont cours dans les services des gabelous et qui semblent être désormais « légalisées ».

Tiénan Coulibaly, Ministre de l’Economie, des finances et du Budget

Les détournements de chèques, les disparitions de déclarations de douane et bien d’autres phénomènes jugés confus seraient devenus courants au sein des Douanes maliennes. Selon nos sources, ces dernières années, plusieurs milliards de FCFA ont ainsi été « soustraits » du Trésor public par plusieurs receveurs en passant principalement par les réceptions des Douanes de Kayes et de Sikasso, puis au sein de la Direction générale.
Si, sans complaisance ni parti pris, le nouveau ministre des Finances pouvait ordonner la vérification, de fonds en comble, de tous les chèques de compensation, on devrait peut-être découvrir un grand réseau mafieux savamment monté en vue de saccager les fonds publics.

Lorsqu’au cours de leur prise de fonction, certains ministres du gouvernement de transition  s’étaient engagés, en jurant, la main sur le cœur,  de « faire bouger les mentalités» au sein des cadres et agents relevant de leurs départements ministériels, les régies financières à Kayes étaient plongées dans un état de choc. Incroyable mais vrai : quelques semaines après le coup d’Etat du 22 mars dernier, un agent des Impôts en poste à Kayes aurait  été interpellé pour un scandale financier susceptible de provoquer un arrêt cardiaque chez plus d’un Malien, s’il est vraiment patriote et nationaliste. Ledit agent aurait détourné un pactole colossal de… 430 millions de FCFA ! A en croire nos sources, ce genre de détourneur financier qui, par sa façon de faire, ne cesse de causer d’énormes préjudices à l’Etat malien, aurait réussi à toucher cette coquette somme à la réception de la Douane de Kayes, en complicité avec  le responsable d’une société de transit de Kayes ville. Cet argent liquide a été « subtilisé » en échangeant des chèques émis entre le 14 mai et le 25 juillet 2012 par de nombreuses sociétés de la première région. Ces choses sont courantes au niveau de la Douane de Kayes. Et ils seraient nombreux à faire la compensation de leurs chèques auprès d’un des receveurs de la ladite Douane.
Est-il normal que des chèques appartenant aux Impôts se retrouvent à la Douane de Kayes, même si les deux entités administratives travaillent sous la tutelle du ministère des Finances? Dans le cadre du respect scrupuleux des principes, la Douane ne peut avoir la mainmise que sur un chèque en provenance de ses services ou des opérations qui la concernent : le cas du dédouanement des marchandises par exemple.

Un système aussi mafieux qu’astucieux

A travers le détournement orchestré par cet agent, on constate  qu’au sein de la Douane de Kayes, les « anciennes amours » sont encore présentes dans l’esprit de certains cadres et agents évoluant au sein de cette entité administrative. Le jeu est très facile, expliquent nos sources. Le receveur des Impôts prend le chèque pour le valider. Ledit chèque est automatiquement envoyé à la caisse. Mais au lieu d’être acheminé au Trésor public, comme c’est le principe, le chèque est plutôt détourné. Ce qui veut  dire qu’avant de parvenir au Trésor public, ledit  chèque passe d’abord aux recettes de la Douane. Et pour cause : c’est là que se fait la compensation, étant donné qu’il y a toujours de l’argent liquide au sein de cette structure. Ainsi, on prend l’argent liquide avant d’envoyer le chèque au Trésor. Un seul exemple : si l’opérateur économique émet un chèque de 10 millions de FCFA, le receveur des Impôts lui remet une quittance en bonne et due forme. Mais sur ses bordereaux, il ne mentionne que…un million de FCFA. Ensuite, il se précipite à faire la compensation à la Douane pour sortir l’argent liquide avec la complicité du receveur de la Douane qui effectue l’opération, puisqu’il recevra sa part de 35%. Autrement dit, lorsque la banque aura fait la compensation sur ce chèque, seulement 1 million de FCFA ira à l’Etat malien. Il y aura donc un « trou » de 9 millions de FCFA !  C’est die qu’on verse seulement quelques miettes au Trésor public. En pareil cas,  mieux vaut un « chèque sans provisions », selon l’expression des financiers. Si la banque était vigilante, on aurait depuis belle lurette découvert ce genre de magouilles.

L’autre scandale financier qui défraie actuellement la chronique  porterait sur la disparition d’une cinquantaine de déclarations de douane d’une valeur de près de 5 milliards de FCFA ! Où sont donc allées ces déclarations ? Certes, il sera un peu difficile de retrouver leurs traces. Mais une déclaration passe par un certain nombre de bureaux. Si ces bureaux peuvent tromper, le dernier au moins peut aider à remonter la filière. A qui profite ce genre d’activités mafieuses? Et tout le monde, de se demander actuellement si le Premier ministre Cheick Modibo Diarra, qui a promis de faire l’audit de l’administration malienne, ne sera pas « roulé dans la farine ». Nous y reviendrons dans nos prochaines éditions.
En tout cas, voilà des affaires fumeuses qui, loin de troubler l’ordre public (comme diraient les maffiosi de la république), sonneraient néanmoins comme une véritable alerte aux oreilles du nouveau ministre des Finances et de l’Economie. Si Tiéna Coulibaly veut en réalité aller loin sur la feuille de route à lui confiée par le Premier ministre, il ferait mieux de tirer ces  affaires au clair car sa crédibilité même en dépend, même si ces affaires peuvent cacher d’autres affaires « managée » par ses proches. En tout cas, le ministre de tutelle détient là un gros dossier sur son  bureau. Qu’il déploie seulement des contrôleurs et des inspecteurs pour se mettre à la tâche ! 

Jean Pierre James

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7 COMMENTAIRES

  1. je suis d’accord avec KONE31 , c’est ca la réalité. J’ai beaucoup apprécié le travail de ce journaliste, je lui dit merci pour son article et beaucoup de courages dans ces moments difficiles. L’application sydonia++ est une vraie passoire pas fiable du tout…j’en sais quelques choses…

  2. Je ne suis pas un fiscaliste pour trouver des failles dans ce que nous rapporte ce fameux Pièrre. Mais ce que je peux dire, ces pratiques mafieuses existent dans notre pays il y a très longtemps. Lui même l’a dit plus haut ” ces dernières années”. Alors pourquoi faire le lien avec CMD ou son gouvernement? A ce que je sache, ton journal n’a pas été créé après le coup d’état! Et pourqoui tu n’as jamais dénoncé cela jusqu’à maintenant? Tu es malhonnête!

  3. Bonjour, je dispose de l’intégralité des interventions lors du meeting du Haut Conseil Islamique le 12 août 2012. Ceux pourraient être intéressé par cet élément peuvent me joindre à ce contact.” bami40@hotmail.fr

  4. Faux mr le journaliste, ce n’est pas vrai ce que vous dites, du moins dans la manière.Pour de telle pratique puissent se faire, faudrait il que les chèques dont vous parlez ne soient pas consécutifs aux bulletins réellement liquidés.Sinon comment comprendre qu’un bulletin de 10.000.000 soit reglé partiellement par un montant d’1.000.000? peut etre tu ignore l’efficacité du sydonia++.Les recettes actuelles sont controlables par tous bureaux de douanes et au delà meme.Pour le second cas cité aussi,une fois qu’une declaration est liquidée dans le sydonia+,seule une contre écriture peut la faire disparaitre et cette contre ecriture est tjrs autorisée par voie administrative par les 1ers responsable de la douane.

  5. va raconter tes betises au illetres ce que tu dit n est pas possible et faux et archifaux nous remarquons que tous les article de ce monsieur sur la douanes st des montages pour destabiliser ce service j atire l intention des lecteurs sur jean pierre celui qui dans ses articles passer avait meme lancer un appel d offre pour la place du DG de la douane
    q il aille se faire foutre

    • ……..Les maliens sont au courant de toutes ces pratiques et pas seulement à la douane. Nous vivons dans un pays rempli d’escrots et de malhonnêtes. Il suffit de voir les trains de vie que menent les fonctionnaires maliens et les oprérateurs économiques pour comprendre cette calamité. Ils font tout pour voler l’état. Vue que personne ne va en prison, ils ont encore de beau jour devant eux. C’est triste mais, c’est la réalité.

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