Au Bureau « 200 » des Douanes dans la zone industrielle de Sotuba, le Chef de Bureau Seydou Konaté et chef de Brigade Moulaye Haïdara, ne dorment plus que d’un œil. La disparition mystérieuse de la somme de près de 40 millions de francs CFA encaissée au titre des frais de taxe est à l’origine de cette insomnie.
Ce n’est plus un secret : irrité par le vol, pour le moins retentissant, des recettes encaissées au niveau du Bureau « 200 » des Douanes, le nouveau Directeur Général des Douanes du Mali, le colonel Modibo Maïga, veut connaître la vérité, toute la vérité et rien que la vérité. Il veut savoir qui a fait quoi ?
De leur côté, certains travailleurs au niveau du Bureau Principal Bamako-Fer, jetés en pâture, entendent, eux aussi, en savoir davantage sur les raisons qui ont conduit à ce flop, du reste magistral.
A en croire certains travailleurs du service, il y a une nuance dans cette affaire pour le moins floue. Ils expliquent : « Ce vol qui a eu lieu dans la nuit du vendredi 22 avril dernier a été perpétré, après le limogeage de l’ancien DG des Douanes à la date du mercredi 20 avril dernier.
Ce jour là, curieusement, « le chef de Bureau a traîné jusqu’au delà de 16 heures, avant d’acheminer les recettes au niveau de l’agence du Trésor ».
Et un autre de préciser : « l’argent a donc été gardé chez le Chef de Bureau, Seydou Konaté. Et la nuit, les sous ont disparu… Le constat de la police laisse perplexe : les portes ont été ouvertes à partir de l’intérieur ». Avant de poursuivre : « tôt le lendemain, c’est-à-dire le matin du samedi 23 avril, le Chef de Bureau nous informe qu’il y a eu un cas de vol dans son bureau. Pourtant, il vient, rarement, au service les samedis et dimanches. Et s’il vient, c’est de façon tardive».
A en croire nos interlocuteurs, les responsables du Bureau « 200 » auraient simulé ce vol en comptant sur un probable cafouillage consécutif au départ du colonel Amadou Togola, limogé la veille.
De sources hautes perchées, le nouveau DG de la Douane aurait exigé du Chef du Bureau « 200 » des Douanes des détails sur la disparition de ces 40 millions de francs CFA.
Les travailleurs de cette section des Douanes du Mali, très en colère, dit-on, imputeraient, déjà, un revers cinglant aux responsables du Bureau Principal Bamako-Fer. Ces travailleurs, jusque-là, ne comprennent pas –du moins, pas suffisamment –comment les choses sont arrivées. Une structure douanière, disent-ils, pilotée, de bout en bout, par le Chef de Bureau M Seydou Konaté et le chef de Brigade Moulaye Haïdara. Chacun de ces deux responsables, en l’absence de l’un ou de l’autre collecte les recettes du jour avant de les acheminer à l’agence du Trésor.
Il se trouve, selon un haut responsable des Douanes, qu’aucun de ces cadres n’est autorisé à toucher les sous recouvrés. Cette prérogative relève des compétences de leurs comptables. En somme, révèle, ce responsable, « les deux chefs douaniers risquent la radiation pure et simple ».
En clair, les recettes encaissées ont coulé de source et dans d’autres sources. Avant d’être acheminées au Trésor. Autrement, dit, les sous se sont envolés.
L’indignation des travailleurs de la structure, face à ce vol qui dépasse l’indignation, n’a d’égale que leur colère. Une colère, dont les responsables-douaniers du Bureau « 200 » des Douanes se moquent, comme de leur première culotte.
Rassurés de ne devoir des comptes qu’à eux-mêmes, ils continuent, contre toute attente, de dormir du sommeil du juste.
Une certitude : le vol et le non-paiement de ces recettes destinées au Trésor va briser des carrières. Des rêves aussi.
Mais en attendant la suite des enquêtes, les responsabilités administratives sont déjà situées. D’où les premières interpellations au sein du Bureau Principal Bamako-Fer. Décidé, à redorer le blason des gabelous, le nouveau DG entend, par ce geste, prendre ses responsabilités. Toutes ses responsabilités.
Jean pierre James