Direction générale des Douanes : Les limites du Colonel Maïga

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Rien ne va plus entre les cadres de l’administration douanière. La course aux fauteuils toujours vacants dans certaines structures des douanes se transforme progressivement en un spectacle comique où le tout nouveau DG Colonel Modibo Maïga se rend de plus en plus compte qu’il n’est en réalité qu’une marionnette. Aujourd’hui, même pour nommer ses collaborateurs les plus intimes, le Colonel Maïga est obligé de tenir compte  des humeurs de sa haute hiérarchie.

Coups bas ou fourrés, méfiance, médisance… Pour de ridicules motifs, de hauts responsables de l’administration douanière se crêpent impitoyablement le chignon depuis la nomination du Colonel Maïga à la tête des douanes, faisant planer un réel péril sur l’essentiel, c’est-à-dire les recettes de l’Etat.

En effet, depuis sa nomination au poste de Directeur général des douanes, il y a quelques mois, le Colonel Modibo Maïga est resté sans aucun pouvoir de nomination de ses collaborateurs les plus incontournables.

Cette situation a vite créé une atmosphère délétère au sein des cadres dont l’ambition parfois frise la prétention. Dans les causeries, des noms ont toujours circulé pour tel poste ou tel autre dans une sous-direction où dans une section. «Tous les jours, nous entendons dire que les nominations doivent enfin être rendues publique. Mais au fond, il n’en est rien», nous explique un cadre de la Direction générale. Ici, chacun pense que sa nomination dépend des relations avec les plus grands tenants du pouvoir. Du coup, certains cadres se livrent à la délation comme moyen de liquidation du potentiel, prétendant à un poste ou à un autre.

Dans certains bureaux, les journées de travail sont consacrées à des jeux d’hypothèses et des calculs mesquins. Chaque fait et geste est désormais interprété comme étant une manière de se rendre plus photogénique aux «yeux de d’en haut d’en haut». Même pour sa succession au niveau de la sous-direction des enquêtes, Modibo évite soigneusement de laisser percevoir ses préférences.

Pourtant, il est bien conscient que pour être lui-même efficace, il lui faudra choisir les hommes qu’il lui faut. Les premières conséquences de cette situation se font déjà ressentir sur la qualité de la collaboration entre douaniers du même service. Il faut également craindre les dommages collatéraux sur les recettes.

Plusieurs fois dissuadé, le Colonel Maïga craint de s’attirer les foudres de ses commanditaires en désignant une liste de cadres aux différents postes. Contraint au silence, il donne toujours l’impression d’avoir les vraies commandes de son établissement, alors qu’en réalité, tous ses faits et gestes sont télécommandés à partir du palais présidentiel. D’ailleurs, le président ATT lui-même a levé un coin de voile sur le fait que désormais personne ne choisira un cadre tout seul. Toutes les propositions de nomination sont tamisées et à plusieurs niveaux, avant la censure suprême du chef lui-même.

Lors de sa conférence de presse traditionnelle du 12 juin dernier, ATT a dit à qui veut l’entendre que le destin des cadres maliens est désormais dans ses énormes tiroirs. Les Ministres n’ont pas désobéît à ce principe, les chefs d’institutions sont sous coupe réglée. Que peut un simple DG ? Surtout que sa nomination a fait l’objet de commentaires divers.

Mais en réalité, que représente un DG qui ne peut même pas choisir son cuisinier sans l’avis préalable du chef d’en haut ? Rien du tout !

Aujourd’hui, aux douanes, de véritables cancres sont en train d’escalader les échelles du hit parade des «fortunes sales», narguent tout ce qui n’est pas PDES ou assimilé, utilisent chantage et délation comme arme pour discréditer d’autres cadres souvent plus intègres et plus méritants.  «Modibo a été nommé pour servir, il n’a donc pas de marge de manœuvre. Il est instrumentalisé et il est tombé dans le piège impitoyable des amis de l’ami», soupire un douanier qui dit avoir été écarté de tout à cause de son franc parler.

Comme lui, nombreux sont les cadres qui estiment que les douaniers sont écartés de leur mission essentielle de soldat de l’économie. Le clientélisme et le népotisme n’ont laissé malheureusement aucune place au sérieux dans le travail. Jusqu’à quand, le Colonel Maïga demeurera sous cette pression, pas ordinaire ? Le jour où il aura le courage de s’assumer en tant que chef.
Abdoulaye NIANGALY

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