Direction générale des douanes :L’héritage de Togola

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Bien des cadres de notre administration laissent généralement derrière eux une structure en piteux état, un personnel aux abois et des tonnes de dossiers sulfureux.

Dans la plus part des cas, le remplaçant tombe dans la déprime en y laissant quelques plûmes avant de soupirer en fin de parcours. Qu’en est il du cas du colonel Amadou Togola, désormais ex-directeur des douanes du Mali ? Nous avons visité son héritage.

Un célèbre théoricien en économie dans les universités françaises nous enseignait qu’il faut se méfier des chiffres. Mais si en matière de banque ils ne veulent généralement rien dire, en douanes il n’y a que les chiffres qui comptent en termes de recettes et des prévisions. Ici, la hiérarchie tient rarement compte de l’appartenance politique, de la beauté, ou des accointances en haut. Dans le cas express du colonel Togola, les chiffres sont si éblouissants qu’ils donnent des vertiges à n’importe quel expert en douane. Partons sur la base du tableau des années 2009. En effet sur une prévision de 260 milliards FCFA, l’administration Togola a réalisé sans baguette magique 266,500 milliards en termes d’émission et 267,034 milliards en termes de recouvrement. Nous sommes déjà à 102,50 et 102,71%.

Mais Togola venait juste d’arriver et les soldats s’acclimataient difficilement sur les champs d’opération du colonel Togola. Pourtant, rien que sur les produits pétroliers la douane avait recouvré 87,417 milliards FCFA pour une prévision de 84 d’où un gap positif de 3,415 milliards et un taux de réalisation de 104,07% ; en marchandises solides, les hommes de Togola encaissent 179,619 milliards FCFA d’où un excédent de 3,398 milliards avec un taux de réalisation de 101,93%. Ainsi donc, au terme de cette année là, la structure des droits et taxes recouvrés au cordon douanier est largement satisfaisant. La taxe sur la valeur ajoutée s’élève à 153, 818 milliards, tandis que les droits de douane atteignaient la barre de 73,343 milliards FCFA ; et la taxe intérieur sur les produits pétroliers s’élevait à 23,092 milliards.

Quant à la redevance statistique l’impôt sur certains produits (tabac) et les amendes et confiscations s’élevaient respectivement à 7,752 milliards, 4 milliards, et 2,1 milliards. En clair, l’année 2009 s’était caractérisée par une performance jamais égalée en matière de réalisation de recettes avec un taux de progression de 25,8% par rapport aux réalisations de l’année précédente. Il s’agissait là d’une année déclarée par les plus hautes autorités « d’année de recettes record ».

La même année, Togola déclara la guerre aux pratiques laxistes et décide d’affronter à visage découvert les prédateurs les plus coriaces.

Ainsi, le nombre d’affaires contentieuses enrôlé au cordon douanier est de 3.227 contre 2.718 en 2008 et 1.026 en 2007, soit des taux de progression respectifs de 18,73 et de 214,52%. A l’issu de ce combat laborieux, la douane encaisse 11,278 milliards FCFA contre 6,134 milliards en 2008. Au titre des amendes et confiscations, il a été réalisé au profit du budget de la somme de 2,190 milliards FCFA en 2009 contre 1,833milliards en 2008. Après de si glorieux résultats, Togola et ses hommes ont mis le cap sur des prévisions plus ambitieuses en 2010. En recettes prévisionnelles des services de douane au titre de l’exercice budgétaires 2010 sont de 280 milliards dont 100 milliards sur les produits pétroliers et 180 milliards sur les autres marchandises. En mettant la dragée si haute, le colonel Togola savait bien qu’il pouvait compter sur ses hommes dont l’un des plus illustres était Modibo Maïga. Au résultat, les chiffres s’affolent à nouveau et la barre des 300 milliards est franchie.

Au gouvernement, deux ministres peuvent se bomber le torse. Bouaré du budget, et Sanoussi des finances. Au plan administratif, la douane a initié plusieurs reformes au niveau de ses procédures qui ont contribué à améliorer le perfectionnement de ses services. Ces reformes portent essentiellement sur le renforcement des capacités des agents, mener des actions en vue de moraliser davantage les procédures, instituer un observatoire de l’éthique sur l’application des procédures aussi bien par les agents des douanes que les acteurs du secteur privé.

Par ailleurs, dans le cadre du renforcement du partenariat entre l’administration douanière et les entreprises, des protocoles d’accord ont été signés avec certaines entreprises. Il s’agit de Manutention Africaine, DHL, British American Tobacco et l’entreprise de recherche pétrolière ENAGEO. D’autres démarches ont été engagées en vue d’établir les mêmes partenariats avec d’autres sociétés et entreprises.

Il est laborieux d’énumérer en si peu de lignes les réalisations léguées au colonel Modibo Maïga par son prédécesseur Togola. Il serait injuste, trop injuste de ne pas offrir à Togola un trophée de mérite national. A Modibo de souffrir de porter un si lourd héritage.

Abdoulaye Niangaly

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