Propulsé au sommet de ce service stratégique d’assiette pour ses enviables prouesses de parcours, le Directeur général de la Douane, l’inspecteur des Finances MahametDoucara, s’illustre par des performances sans doute en phase avec les préjugés ayant présidé à son ascension. En tout cas, ses services tiennent la dragée haute malgré les aléas économiques d’un pays en proie à une crise politique, sociale inqualifiable depuis 2012.
Méthodique, peu bavard,, sinon, pas du tout car c’est comme cela qu’il a été formé surtout avec un adjoint, un grand commis de l’administration douanière, le duo, en pouvait que prouver ces acquis. Et, en dépit d’une insécurité qui bat irrésistiblement son plein sur plus de 2/3 du territoire national – et qui fait des ravages bien au-delà du seul secteur douanier, le successeur d’Ali Coulibaly a pu engranger un volume de recettes certes pas dantesque, mais assez éloquent pour mériter qu’on s’y attarde.
De janvier 2019 à nos jours, en effet, les mensualités douanières ne sont jamais descendues sous la barre des 50 milliards. Elles ont même frôlé les 53 milliards par moment, contribuant pour plus de 300 milliards de francs CFA aux prévisions de recettes budgétaires, à mi-parcours d’exercice. Ce montant est pour le moins nettement supérieur aux récoltes des années précédentes – lesquelles oscillaient péniblement autour de 46 milliards de francs CFA – et résulte du dur labeur consenti par le DG et son équipe pour se hisser à la hauteur d’un cap mensuel porté à des proportions assez prétentieuses par les hautes autorités. 56,8 milliards francs CFA !
Recettes douanières gigantesques…
Il apparaît à l’évidence que les recettes douanières franchissent à peine le seuil de cette gigantesque attente. En cause, une teigneuse situation sécuritaire qui fait que les efforts, aussi titanesques soient-ils, sont en butte à une kyrielle de facteurs si contraignants que le prestigieux poste de Directeur général des Douanes devient une charge à porter que jouissance financière. C’est dire au-revoir au sommeil tranquille. «Relever le défi du seuil fixé semble tenir de la quadrature du cercle dans un contexte où l’écrasante majorité des corridors d’importation n’est pas fonctionnelle», a ainsi confié un haut responsable de la boite, ajoutant que ce n’est pas en grevant les tarifs sur les importations de véhicules qu’on fera fléchir la barre de recettes exigée. Et un autre interlocuteur d’ajouter que le niveau de performance préconisé, manifestement, s’accommodera difficilement de l’important volume d’exonérations consentis sur certains produits stratégiques, notamment les produits pétroliers.
Malgré la crise, l’insécurité et les injonctions du FMI…
C’est d’ailleurs un pincement au cœur que le Fonds Monétaire International (FMI) se plie à la demande des Autorités maliennes de baisser les Taxes perçues sur les produits pétroliers (TPP), jusqu’au taux 0% parfois, selon que le prix du pétrole à l’international, augmente ou baisse. Or, il se trouve qu’en ce moment précis, le prix du pétrole sur le marché mondial a le vent en poupe. Ce qui se traduit par le fléchissement de la TPP. Donc baisse de recettes. Concernant l’importation des marchandises solides, il convient de rappeler que le volume des importations est fonction de la capacité d’absorption de notre économie. Or, il n’est un secret pour personne que l’activité économique est largement en dessous des attentes du fait de la crise évoqué dessus.
Le défi de la mobilisation des objectifs de recettes…
Mais en dépit de ces contraintes objectives et à quelques encablures de l’heure du compte, le directoire affiche une confiance aveugle en leur capacité à relever le défi de la mobilisation des objectifs de recettes fixés par les Autorités. Ce qui pousse à l’optimisme et à lendemain qui chante. Il espère encore décrocher le graal à grandes enjambées et comptent pour ce faire sur une batterie de mesures dans le «pipe» parmi lesquelles on peut retenir, à en croire nos confidences, une mobilité plus accrue des cadres. En ligne de mire se trouvent ceux d’entre eux qui comptent la dizaine d’années au même poste, dont l’efficacité voire le rendement paraît affecté par la routine de la longue Inamovibilité. Remède parmi tant d’autres, la thérapie de choc par les ressources humaines n’est certainement pas pour plaire à tous au regard des grincements de dents et du torrent de mécontentements déjà pressentis. Mais la détermination du directoire n’en est pas affectée outre mesure, tant sa religion est faite qu’une inversion de la tendance est possible avec un redéploiement d’effectifs. Ce faisant, l’inspecteur Général Mahomet Doucara aura mérite de la réputation de DG des missions impossibles, voire très difficiles.
La Rédaction