Le service de l’enquête douanière fait face à un problème de faux dédouanement. Pour seulement l’année 2006, plus de 400 véhicules ont été dédouanés à partir des faux documents. Et cela, à travers un réseau composé de certains douaniers, transitaires et agents de la direction nationale des transports. Après le démantèlement de ce réseau, les propriétaires de ces véhicules sont obligés de reprendre les opérations de dédouanement en payant encore de l’argent pour le dédouanement normal et les amendes qui représentent 50% des frais de dédouanement.
DES DEDOUANEMENTS A L’ETRANGER AU DETRIMENT DE L’ETAT MALIEN
Il faut par ailleurs souligner qu’en plus de ce faux dédouanement, certains propriétaires de véhicules achètent des voitures à Lomé et partent les dédouaner au Burkina Faso ou en Guinée, puisque le processus de dédouanement est plus facile et rapide dans ces pays.
C’est pourquoi il est rare de voir des véhicules non dédouanés ou avec une plaque d’immatriculation étrangère dans ces pays. Après ce dédouanement à l’étranger, ces propriétaires cherchent une autorisation de conduire sur le territoire malien et à chaque expiration du delai de l’autorisation de conduire, ces propriétaires le renouvellent avec la complicité des douaniers, bien que résident au Mali. En fait, dans les conditions normales, cette autorisation est délivrée aux Maliens de l’extérieur qui viennent pour des séjours dans leur pays.
C’est pourquoi on dit que les véhicules qui ne comportent pas la plaque d’immatriculation malienne sont plus nombreux que ceux qui ont suivi normalement le processus de dédouanement. Ce qui est un manque à gagner pour l’Etat. Alors qu’est-ce qui explique ces pratiques qui constituent une menace pour les recettes de l’Etat? Est-ce le système du dédouanement qui décourage?
L’INCIVISME DES USAGERS
Ou c’est l’incivisme des propriétaires de véhicules? La montée de la corruption et l’incivisme des populations peuvent être des raisons du faux ou du non dédouanement régulier des véhicules. Mais il faut aussi reconnaître que le système de dédouanement des véhicules décourage. Si au départ le véhicule est un lux, aujourd’hui il ne l’est plus, il est devenu un instrument de travail. Acheté un véhicule n’est pas un problème pour un Malien mais c’est son dédouanement qui est la croix et la bannière.
En plus de ce qu’on paye (un montant qui est supérieur au prix même du véhicule) les propriétaires dépensent plus d’énergie et de temps à cause de la lourdeur administrative. Il faut passer à la douane, aux affaires économiques, à la direction nationale des transports. Et à tous ces niveaux, on doit payer quelque chose. Toute chose qui décourage les propriétaires qui veulent contribuer au développement économique de leur pays à travers le paiement des droits et taxes.
REVISER LA PROCEDURE DE DEDOUANEMENT
Faut-il rappeler le cas de ce citoyen malien qui a acheté un véhicule à 400 000F CFA à Lomé. Arrivé à Bamako, il se rend de bonne foi à la douane pour le dédouanement de son véhicule. Et après tout calcul, il a été informé qu’il doit au service des douanes plus de 800 000F CFA sans compter ce qui sera payé aux affaires économiques. C’est ainsi qu’il a demandé aux douaniers eux-mêmes de lui chercher un preneur pour son véhicule puisqu’il n’a pas les moyens pour le dédouaner.
N’est-il pas nécessaire de réviser le système?
En rendant plus facile et souple le système, le nombre de véhicules non dédouanés va sûrement diminuer et l’Etat et le service des douanes y trouveront leur compte.
Dado CAMARA“