Les opérateurs pétroliers maliens menacent d’aller en grave suite à la saisie d’une centaine de leurs citernes en provenance de l’axe Nigeria-Niger. Pour sa part, le chef du Bureau du pétrole persiste et signe. Le nouveau D.G des Douanes aussi. La guerre des tranchées a donc commencé.
La tension est montée d’un cran hier entre opérateurs pétroliers maliens et services des douanes et en particulier avec la direction de cette entité.
En début de semaine dernière, une centaine de citernes transportant de l’hydrocarbure en provenance du Nigeria via le Niger été bloqué par le bureau du pétrole malien. Sans motif, en tout cas, rendu public.
Les opérateurs accusent la douane, en l’occurrence, le chef du Bureau du pétrole Zoumana Mory Coulibaly, d’affairisme et de clientélisme.
Approché par nos soins, mercredi dernier, l’accusé n’a pas souhaité faire de commentaires. Il n’a, non plus fourni la moindre explication sur les motivations de son service sur la décision d’intercepter les camions. Toute chose qui réconforte ses détracteurs dans leurs accusations.
En tout état de cause et selon les informations disponibles, des responsables douaniers auraient pris fait et cause pour un camp dans la guerre des pétroliers maliens. Deux groupes se partagent les axes Niger –Niger et Cotonou (Lomé).
Comme par hasard, les hydrocarbures en provenance du Nigéria via le Niger s’avèrent beaucoup moins chères que la marchandise issue du port de Lomé, soit une différence d’environ de 100 F CFA sur le litre.
Toute chose qui explique la préférence des pays hinterlands comme le Burkina, le Niger et depuis l’année dernière le Mali, pour cette destination.
Rappelons que les recettes pétrolières constituent une manne de plus de 6 milliards F CFA mensuelle pour la douane et par conséquent, pour le budget malien.
Tout allait bien jusqu’à l’arrivée du nouveau directeur des douanes, M Modibo Maïga lequel, aujourd’hui, peine à atteindre son quota mensuel.
En tout état de cause, les opérateurs sur l’axe Nigeria – Niger, ont payé tous les droits afférents à leurs activités à l’instar de ceux de Lomé. En somme, les douanes maliennes n’ont absolument rien perdu.
Mais depuis que l’affaire a été rendue publique, l’on parle désormais de la qualité de la marchandise. C’est la règle au sein de l’administration publique malienne.
Une chose est sûre : Burkinabés et Nigériens s’approvisionnent au Nigeria depuis des lustres et il n’y a jamais eu de problèmes de qualité dans ces pays. Les opérateurs maliens, depuis déjà une année fréquentent le même tronçon sans histoire…, du moins avant l’arrivé d’un nouveau directeur à la tête des douanes maliennes. Des constats qui ne manquent pas de relents. En somme, si manquement à la règle il y a rien, les douaniers maliens du bureau du pétrole n’y sont pas étrangers.
Forts de leurs arguments, les opérateurs n’excluent pas des ripostes allant éventuellement à la grève avec ses corollaires, soit une éventuelle rupture d’approvisionnement en hydrocarbures.
L’attitude des douaniers maliens s’avère un véritable paradoxe dans les conditions actuelles et au regard des difficultés d’approvisionnement du pays en cette denrée de première nécessité (lire encadré). Ne devraient-ils justement s’inspirer de la politique de diversification des ports d’approvisionnement prônée par l’Etat malien ?
Aussi, faut-il fréquenter la Sorbonne pour comprendre que la période est très sensible pour ce genre de folklore ? Le Mali n’est pas, à l’heure actuelle, à l’abri d’une rupture totale d’approvisionnement en hydrocarbures. Il parait que le bon sens n’est pas la matière la mieux partagée.
A suivre…
B. Diarrassouba
Bureau du pétrole de la Douane :
Soumana Mory n’a rien à dire
Suite à l’article publié dans notre parution du mardi 28 juin dernier, où des opérateurs économiques du secteur des hydrocarbures et dérivés accusent le directeur de ce service de clientélisme et d’affairisme, nous avons dépêché une équipe sur le terrain pour en savoir plus sur les raisons réelles du conflit. N’ayant pas pus trouvé d’interlocuteurs fiables pour connaitre les motifs des accusations au sein des transitaires, nous avons jeté notre dévolu sur la personne du commandant Soumana Mory Coulibaly, pour en savoir plus sur les accusations dont il fait l’objet. L’homme nous a tout simplement répondu qu’il ne parlera pas aujourd’hui, ni demain.
Le commandant nous a invités à mener nos propres investigations sur sa collaboration avec les dits opérateurs du secteur. Question de savoir, si elle est source de tension et de favoritisme ou plutôt de convivialité. Il dira qu’il est en mission à ce poste pour servir la nation, et fait tout son possible pour que le Mali, soit approvisionnée en hydrocarbures nécessaires pour le bon fonctionnement des activités économiques du pays, plutôt que de se livrer à des querelles de nuisance.
Il dira pour clore les débat que depuis la libéralisation de la filière des hydrocarbures, les opérateurs économiques ont la liberté de s’approvisionner là où bon leur semble, car eux, c’est-à-dire la douane n’est pas là pour gérer ce volet. Elle incombe à l’ONAP et la douane ne s’occupe que des taxes et le convoyage des citernes à bon port. A propos de l’affaire proprement dite, il s’est abstenu. Les jours à venir, nous édifierons sur la suite de ce conflit.
Paul N’guessan