La chasse à Amadou Togola ne connaît pas de répit. Après qu’on ait, des semaines durant, glosé sur son limogeage, on l’accuse aujourd’hui d’être au centre de la disparition de 30 Kg de drogue saisie par ses services. On va jusqu’à le renvoyer devant les tribunaux la semaine prochaine.
Jamais, un responsable de la douane n’aurait suscité autant de haine et de rejet de la part de ses collaborateurs et d’une partie du monde des affaires. L’actuel directeur général de la douane, Amadou Togola fait l’objet de critiques et de conspirations dès sa prise fonction. Pour lui faire la peau, on s’est empressé de ressortir l’affaire des fausses exonérations dans laquelle il est cité pour avoir été directeur adjoint des douanes au moment des faits. Ils rappellent que M. Togola a même été déjà écouté par le parquet les semaines passées dans ce dossier délicat jugé une première fois en Cour d’assises en 2004 avec à la clé la condamnation de plusieurs personnalités du monde des affaires pour avoir frauduleusement obtenu des exonérations fiscales, et agents de l’Etat, à l’instar de l’ancien directeur général des douanes, Seydou Diawara. Ce dossier embarrassant est toujours sur la table du ministre de la Justice, Garde des Sceaux. Et on a annoncé régulièrement son départ pour se mettre à la disposition de la Justice. D’ailleurs, on a mis au frais les champagnes plusieurs mercredis pour fêter le limogeage d’Amadou Togola. Peine perdue puisqu’il n’en est rien jusqu’à preuve du contraire.
Après quelques semaines de répit, la chasse à l’homme a recommencé, dirait-on. La rumeur de son inculpation dans une affaire de disparition de 30Kg de drogue saisis, et disparus par la suite dans les magasins de la douane circule. Cette affaire devrait passer d’ailleurs devant les tribunaux le 27 octobre prochain, selon les informations que nous avons recueillies. Deux policiers (un inspecteur et un adjudant) et quatre civils devraient aussi apparaître devant la justice.
Les mêmes sources évoquent d’autres casseroles de Togola comme l’attribution sans appel d’offres du marché de badigeonnage des locaux de la douane dans le cadre de la célébration du Cinquantenaire à son gendre. Pendant le mois de Ramadan, il aurait géré seul les dossiers d’exonération des produits de premières nécessités (sucre, lait etc.) pour dissimuler les traces et éviter tout contrôle. On rapporte aussi qu’ Amadou Togola disposerait aujourd’hui de plusieurs citernes au niveau de la station Total, qui rentrent au Mali échappant ainsi au contrôle de routine. Ses détracteurs lui reprochent dans le cadre des exonérations accordées par la douane aux commerçants, une intervention auprès du DG de CFAO Motors pour la nouvelle voiture de sa deuxième femme. La Prado 4×4 VX de couleur blanche proposée aurait été refusée à cause de la couleur par la bonne dame qui s’est vu offrir une voiture de marque américaine toute noire. Amadou Togola serait aujourd’hui sous contrôle judiciaire c’est-à-dire qu’il lui est formellement interdit de quitter Bamako sur instruction du juge du pool économique et financier.
Le parquet général ne confirme pas l’information
Un des lieutenants Amadou Togola est aussi ciblé. Il s’agit en l’occurrence de son sous directeur des enquêtes, Modibo Maïga qui serait aussi trempé dans l’affaire des 30 kilos de drogue. On apprend que récemment quatre conteneurs en provenance de Dakar ont été escortés par les agents de la douane sans aucun contrôle préalable et conduits directement au chantier de Modibo Maïga, le sous directeur des enquêtes à Kalaban-Coro plateau.
Pour les partisans de Togola, ces nouvelles accusations ne sont qu’un nouvel épisode du feuilleton de la cabale contre leur champion. Ils dénoncent une cabale ourdie par des opérateurs économiques et des responsables douaniers dont les magouilles ont été découvertes et empêchées par leur hiérarchie dont « les compétences n’ont jamais été mises en doute » par aucun douanier. Ils ajoutent que les recettes de l’année dernière (prévisions dépassées) militent en faveur du maintien à son poste de Togola dont les réformes en cours saluées par les partenaires financiers du Mali, font peur aux fossoyeurs de l’économie nationale, car devant mettre fin à toutes leurs magouilles.
Si le procureur général près la Cour d’appel de Bamako, a confirmé au rôle de la cour d’assises une affaire de trafic de drogue le 27 octobre prochain, il ne confirme pas l’implication des douaniers, mais plutôt des policiers qui n’auraient pas fait leur travail en laissant filer un trafiquant en possession de 30 kg de drogues. Mais ce qui est sûr, les détracteurs de ce dernier ne reculeront devant rien pour lui nuire.
Abdoul Karim Maïga