Le secteur de la filière sésame pourrait devenir l’un des poumons de l’économie malienne. Au niveau de la sous-région, le sésame malien prend de plus en plus une importance considérable, mais il n’arrive pas à pénétrer les marchés internationaux, tel le Japon. Aujourd’hui, le secteur est confronté à d’énormes difficultés pour s’imposer sur le marché international, car la qualité ne s’améliore pas et les services d’appui se désintéressent au secteur. De surcroit, les concurrents s’implantent progressivement au Mali, en raison de la disponibilité d’espace, des terres aménageables. Pour booster ce secteur, il faut une assistance des autorités permettant de valoriser et d’accroître la productivité.
En effet, notre pays regorge d’immense potentialité de terre arable, très fertile, et une main d’œuvre agricole pour son expansion.
La filière sésame est un produit qui a de beau jour devant elle. Elle suscite un réel intérêt dans les pays limitrophes tel que le Burkina Faso et à l’étranger. Il parait utile de souligner que le secteur du sésame (Bènè en langue nationale bambara), ne représente au Mali une source de revenu que pour quelques populations situées dans sa zone naturelle de développement, à savoir les régions de Ségou et Koulikoro. On peut transformer la graine de sésame en des produits tels que l’huile, le bénédégé ou les croquettes pour le marché domestique et international. En fait, les superficies exploitées au Mali sont de cinquante mille hectares (50 000 Ha), soit une production annuelle estimée à cent mille tonnes (100 000). Ce secteur est une véritable pourvoyeuse d’emploi dont 200 000 personnes travaillent essentiellement dans l’informel. Mais ces potentialités ne sont pas suffisamment exploitées et les productions prioritaires sont faiblement valorisées. Le sésame est moins exigeant que le coton et bien prisé. Il peut valablement constituer un substitut à l’or blanc et contribuer davantage à la réduction de la pauvreté, car occupant les plus pauvres et écologique (légumineuse) que le coton. Cependant, les acteurs de la filière sésame sont confrontés à beaucoup de préoccupations.
Les difficultés des acteurs du secteur
Il s’avère nécessaire de préciser que les acteurs du secteur sont confrontés à d’énormes préoccupations qui sont entre autres :Une non visibilité des produits avec le label du Mali sur le marché international ; une difficulté d’accès aux marchés, une méconnaissance des marchés potentiels et des difficultés pour développer des relations de fidélisation des clients; une grande difficulté d’accès au financement des équipements (crédits d’équipements) des exportations (crédit et garantie d’exportation) et des récoltes (crédit de campagne); un manque de synergie et de communication entre les acteurs de la filière; une qualité de produit ne répondant aux exigences des acheteurs, un manque d’équipement pouvant permettre une modernisation de la production et la transformation des produits; un manque de compétitivité par rapport aux entreprises concurrent des pays voisins; des problèmes de traitement des différents produits qui engendrent une perte de quantité et de qualité; une insuffisance dans la transformation des produits dérivés; une nécessité de faciliter le processus d’exportation ( rapidité et simplification des procédures) etc. Pour pallier ces différentes exigences du secteur, le ministère du Commerce, en collaboration avec le Centre du commerce international, a élaboré une stratégie pour le développement de la filière du sésame au Mali. L’objectif global visé par les acteurs est d’accroître la part de la filière de 1 à 2% dans le Produit national brut (PIB) dans une perspective décennale. La conception d’une stratégie pour améliorer la compétitivité et la performance du secteur a été réalisée par la Direction nationale du commerce et de concurrence en mars 2006 sous la supervision technique du Centre du commerce international Cnuced/OMC (CCI).Tout les acteurs nationaux et internationaux ont pris part à l’élaboration de la stratégie sectorielle pour le développement du sésame au Mali à l’issue d’une série d’ateliers et de réunions. Aux termes de ces travaux, cinq objectifs majeurs ont été adoptés pour booster le développement de la filière sésame au Mali.
Les cinq (5) objectifs stratégiques pour le développement du secteur
Il s’agit notamment d’organiser la filière pour la rendre opérationnelle ; accroitre le potentiel productif du sésame ; développer les capacités de production et de financement ; promouvoir une qualité de produit ; assurer un meilleur accès des produits maliens aux marchés internationaux.
Pour le premier volet qui a trait a l’organisation de la filière et la rendre plus opérationnelle, il a été constaté que le manque d’organisation de la filière empêche d’être compétitive sur le marché, et joue ainsi sur le revenu des acteurs, en particulier les producteurs. Ainsi, pour faire face efficacement à ces contraintes, certaines actions ont été préconisées pour dynamiser le secteur et valoriser ses atouts à savoir : la création d’une interprofession des acteurs qui aura pour vocation d’organiser la filière, d’assurer l’interface avec les autorités et la représentation du secteur, le développement d’un partenariat public privé, celui d’activités génératrices de revenus.
S’agissant du deuxième objectif de la stratégie, qui est l’accroissement du potentiel productif du sésame, l’accent a été mis sur la recherche. Il a été remarqué que toute stratégie de pérennisation de la filière devra passer par l’utilisation de résultats de recherche en rapport avec la résistance à la sécheresse, (élargissement à d’autres habitat agro écologique), la productivité (rendement par pied et à l’hectare) et l’amélioration du cycle végétatif. L’amélioration du potentiel productif de sésame passe également par la formation des acteurs aux techniques appropriées de traitement, de conditionnement, de transformation et de conservation suivant les besoins des services suivants: gouvernementaux pour la gestion du projet ; des producteurs aux techniques de certification ; exportateurs et collecteurs aux techniques d’emballage ; fournisseurs à l’analyse du marché et service d’appui au commerce et de promotion.
En ce qui concerne le développement des capacités de production et de financement, les mesures proposées portent essentiellement sur la modernisation des techniques et équipement de production, de transformation, de stockage, de transport, d’emballage à travers le développement d’unités de nettoyage, la dotation des producteurs en batteuses, l’appui à la création et au renforcement d’unité de sacherie de petite taille au niveau des grands centres des zones de production, et la stratégie de financement se fera à travers le développement des modes de financement appropriés des équipements destinés aux collecteurs, ainsi que la création d’un mécanisme interne et auto-entretenu, et en fin la mise en place d’un fonds de garantie des exportations.
Quand au quatrième volet qui porte sur la promotion de la qualité du produit, il apparait comme une évidence que la qualité est une nécessité essentielle pour pouvoir écouler les produits sur le marché international. Dans ce chapitre, il a été question de mettre en place des programmes de sensibilisation spécifique sur la qualité. Ce qui nécessite une sensibilisation des acteurs sur les aspects légaux et réglementaires en matière d’emballage. A cela s’ajoute d’autres mesures qui sont entre autres : la mise en place d’un dispositif de contrôle et de suivi de la qualité afin de garantir le label Mali. Cela passe par le renforcement des laboratoires de qualité; l’accréditation des laboratoires maliens, et le développement d’une procédure de normalisation et de certification des produits.
Pour ce qui concerne le volet qui vise à assurer un meilleur accès des produits maliens aux marchés internationaux, il est apparu à ce niveau que le sésame souffre d’une mauvaise circulation d’information entre les différents maillons de la chaine de valeur et entre celles-ci et les marchés internationaux. Par conséquent, une saine information des acteurs, plus particulièrement des producteurs et exportateurs est un impératif majeur et qui mérite un traitement diligent et efficace. Pour remédier à ce déficit de communication, il a été mis en relief de développer une stratégie et des plans de communication permettant d’assurer une meilleure visibilité des produits maliens aux marchés internationaux. Rappelons que le sésame représente pour le Mali un potentiel d’exportation très important. Les conditions du marché international sont très favorables au développement de son exportation car le prix moyen annuel à l’exportation est en hausse ainsi que la demande internationale. Quelques pays limitrophes, tel le Burkina Faso, sont demandeurs des produits maliens et les réexportent vers les clients européens ou asiatiques. Actuellement, les principaux marchés sont l’Uemoa, la Corée du Sud, l’Union Européenne, le Japon, la Suisse et la Chine.
Boubacar SIDIBE
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