La ville de Bamako, malgré les progrès incontestables enregistrés dans le domaine de l’urbanisme, demeure encore une ville sale, à l’instar d’autres capitales africaines. À cause des immondices qui y pullulent, des eaux usées qui ne vont nulle part, des myriades de rats qui ont tendance à prendre la place des humains. On peut facilement imaginer les conséquences fâcheuses de cette situation sur la santé et le bien-être des habitants.
Et pourtant, les solutions ne manquent pas. Il suffit de prendre le bon exemple chez certains de nos voisins et ailleurs, plus loin. A ce titre, la Brigade verte, qui regroupe des centaines de femmes burkinabé livrant deux fois par semaine, sous la férule de la Mairie, une lutte acharnée contre l’insalubrité à Ouagadougou, est bien placée. Il faut préciser que cette brigade a vu le jour grâce à l’initiative d’un Maire de la capitale burkinabé, Simon Compaoré.
Le cas de Kigali, qui est un exemple de ville propre, devrait aussi inspirer nos autorités compétentes. Dans la capitale rwandaise, l’on pratique à souhait l’investissement humain, comme au bon vieux temps de la Première République du Mali. Des brigades d’assainissement, animées par des jeunes, sont organisées en coopératives.
Comme on le voit, tout est question d’initiative, de volonté et d’organisation. Les moyens suivent automatiquement. Il faut canaliser l’énergie des jeunes dans la promotion de l’assainissement au bénéfice de la communauté. Des initiatives comme celle d’Aminata Dramane Traoré doivent être démultipliées. Il faut faire aussi la promotion des réflexes citoyens qui consistent à ne pas déverser les eaux usées dans la rue, aménager des fosses septiques et ne pas jeter n’importe où ses déchets solides. Pour ce faire, des poubelles doivent installées un peu partout, le long des principales artères, dans les rues, sur les places publiques, dans les marchés… La problématique de l’assainissement n’est pas une question de solennité, mais une œuvre de tous les jours.
Cette problématique est, de nos jours, devenue une opportunité d’affaires et de création d’emplois pour les jeunes, grâce à la transformation des ordures en compost et des déchets plastiques en granulés, qu’on peut utiliser pour quantité d’objets utilitaires et de décoration. Grâce également à la production d’électricité à partir des ordures ménagères. Comme c’est le cas aux Philippines, où elles servent à produire du courant à partir du méthane issu de la fermentation des déchets. Cette électricité fait le bonheur des populations de la périphérie de Manille, au revenu modeste. Pourquoi les Maliens ne chercheraient-ils pas à saisir de telles opportunités, en faisant d’une pierre deux coups?
Yaya Sidibé