Situation humanitaire au Mali : L’alerte maximum déclenchée

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Sur un besoin de 477 millions de dollars US, seulement 239 millions de dollars US sont mobilisés, soit un taux de 50%. C’est l’ensemble des Régions du Mali qui y sont touchées. C’est raison pour laquelle les acteurs humanitaires sont à pied d’œuvre pour élaborer un plan de réponse stratégique d’une durée de 3 ans (2014-2016). C’est aussi dans l’objectif de mieux prévenir les crises mais aussi d’apporter des solutions aux défis humanitaires du sahel y compris du Mali.

 

 

 

Ces révélations ont été faites le jeudi 12 décembre dernier par David Gressly, Coordinateur résident des Organisations Humanitaires au Mali. C’est au cours d’une conférence de presse, tenue au siège de l’OCHA, en présence de Jean Pierre Renson de la FAO, Mme Sally Haydock du PAM et Gianfranco Rotigliano de l’UNICEF.

 

 

L’objectif de cette rencontre avec les médias était de faire le point sur la situation humanitaire au Mali, d’annoncer les actions en perspectives du côté des organisations humanitaires et de lancer surtout une alerte d’urgence sur cette situation humanitaire dans le Sahel en général et au Mali en particulier.

 

 

Dans une déclaration liminaire, M. Gressly dira que, selon la commission des mouvements de populations (CMP), à la fin novembre dernier, il y avait environ 255.000 personnes déplacées internes au Mali. Un effectif  enregistré et évalué par l’OIM. Les réfugiés maliens sont estimés à 168.000 dans les pays voisins à la date du 31 novembre 2013. Des mouvements de retour ont été observés au nord en milieu d’année et se poursuivent. Ces personnes retournées  au bercail sont pour le moment estimées à environ 137.000. Mais, les opérations de mise à jour des données continuent. «Les retournés, les personnes déplacées et les populations restées sur place bénéficient toutes de l’assistance sur la base de leur niveau de vulnérabilité», a expliqué le Coordinateur résident des Organisations Humanitaires au Mali.

 

 

Parlant de la crise alimentaire et nutritionnelle, le principal conférencier a rappelé que la situation reste, dans l’ensemble, préoccupante. C’est, du moins, ce qui révèlent les données issues de l’enquête nutritionnelle SMART menée en 2013. Dans les Régions du Sud où le taux de malnutrition aiguë global (MAG) est de 8,6%, la situation est très proche du seuil d’alerte de l’OMS fixé à 10%. Pour le nord, l’enquête n’a pu être menée pour le moment qu’à Gao où le taux de MAG est de 13,5% et alors que le seuil d’urgence fixé par l’OMS est de 15%, a-t-il révélé avant d’y insister que: «cette année, 660.000 enfants de moins de 5 ans sont en risque de malnutrition aiguë». Il précise davantage que les structures socio- sanitaires appuyées par les organisations humanitaires ont réussi à assister environ 211.000 enfants touchés. Il a rappelé, ensuite, que, selon les résultats d’une enquête sur la sécurité alimentaire (EFSA) effectuée en juillet 2013, trois ménages sur quatre (soit 75% des ménages enquêtés) sont actuellement modérément ou sévèrement touchés par l’insécurité alimentaire dans les régions de Gao, Kidal, Tombouctou et certains cercles de Mopti. Pour le sud, les résultats sont attendus.

 

 

En dépit de tous les progrès réalisés par les autorités et les organisations humanitaires de la place, l’accès aux services de base demeure limité dans les zones touchées par la crise de 2012-2013, dira M. Gressly. Sur plus de 1100 écoles fonctionnelles avant le conflit, 781 ont pu rouvrir leurs portes pour la nouvelle année scolaire. Cependant, à Kidal, aucune école n’a rouvert pour le moment. La réouverture des classes a permis à plus de 145.000 élèves de reprendre le chemin de l’école dans les régions de Gao et Tombouctou (soit 73% des enfants en âge scolaire inscrits dans les deux régions avant la crise). Aussi, 180 centres de santé sont rendus fonctionnels sur les 203 ciblés (soit 87%) par les interventions humanitaires dans les zones déstabilisées par la crise au nord et ont facilité l’accès à l’eau potable à près d’un million de personnes affectées par le conflit soit la moitié des cibles, ajoutera-t-il.

 

 

Le Coordinateur résident des Organisations Humanitaires au Mali a encore alerté en disant que les prévisions de la campagne agricole et pastorale de cette année font redouter d’une aggravation de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition. Les résultats prévisionnels annoncés indiquent une baisse globale de 19% par rapport à la campagne 2012-2013 et de 9% par rapport à la moyenne quinquennale (2008-2009/2012-2013).

 

 

Les contraintes opérationnelles auxquelles les organisations humanitaires sont confrontées, dira l’orateur, sont liées à l’accès limité à certaines zones comme Kidal et à l’insuffisance des ressources financières. A titre de rappel, il dira que l’appel de fonds humanitaire (CAP) pour le Mali est financé à 50%, soit 239 millions de dollars sur 477 millions de dollars sollicités.

 

 

En perspectives, les acteurs humanitaires sont entrain d’élaborer un plan de réponse stratégique devant être lancé en début de février 2014. L’idéal est de mettre en place un plan de réponse stratégique d’une durée de trois ans (2014-2016) pour mieux prévenir les crises et apporter des solutions durables aux défis humanitaires du sahel y compris du Mali. Ce plan sera intégré dans une stratégie régionale, a-t-il conclue.

 

 

Par B.D.

 

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