SIBI-SIBI (Commune de Dandoli): Les motopompes qui soulagent les productrices

0

Avec la réception  de 10 motopompes, c’est une nouvelle ère qui s’ouvre pour les productrices de Sibi-Sibi, soumises autrefois à la sempiternelle problématique de l’arrosage de leurs parcelles. La remise de cet important matériel par le ministre de l’Agriculture, Aghatam Ag Alhassane, le mercredi 7 septembre 2011, a enregistré la présence des autorités administratives régionale et locales ainsi que d’un monde fou.

Au premier rang, les femmes. Elles ont sorti leurs plus précieux masques. L’une d’entre elles, Yagalé Djiguiba, nous explique que «c’est un grand jour, c’est un nouveau souffle que les femmes viennent de recevoir, avec l’acquisition des motopompes». Avec un large sourire, elle confie «avant, ce sont les hommes qui dictaient la conduite à mener. Il fallait acheter de l’essence et se plier à la traditionnelle séance de négociations pour pouvoir arroser les parcelles».     

Pour le maire de la commune de Dandoli, Thomas Podiougou, «cela démontre l’importance que le département de l’agriculture accorde au développement du secteur dans la localité».

Invité spécial de cette cérémonie, le tout nouveau ministre délégué à la Décentralisation, David Sagara, a laissé entendre que «ce jour est spécial, car il marque la transition entre les traditionnelles méthodes d’arrosage et les modernes». En effet, de la calebasse au seau et, aujourd’hui, la motopompe, l’agriculture sur le plateau dogon a fait du chemin. C’est pourquoi le ministre de l’Agriculture, Aghatam Ag Alhassane, a exhorté les populations à «prendre soin dudit matériel et à veiller à le réparer, chaque fois que cela sera nécessaire». Dans le style qui lui est propre, Aghatam Ag Alhassane a «loué le génie créateur» des ses cousins dogons, qui, avec seulement 10% de leurs terres cultivables, font des merveilles et approvisionnent tout le Mali de leurs produits maraîchers, notamment l’échalote. Le ministre n’a pas manqué d’attirer l’attention des producteurs sur la mise en place de structures de stockage. Et pour cause, malgré la production d’environ 1 200 000 tonnes d’échalotes par an, le Mali en manque à une certaine période de l’année et est contraint d’en importer.

Cette fête a été meublée par des danses traditionnelles, sous les regards admiratifs du Chef de Cabinet Cheick Sidiya Diaby, de Mme Samaké Mouna Touré, Chargé de Mission, de Seydou Coulibaly, Coordinateur de l’Initiative Riz et de plusieurs directeurs centraux et régionaux des services rattachés au ministère.

Dans cette zone presque hostile à l’agriculture, un projet appuie de façon conséquente les populations. Il s’agit du Projet d’Irrigation de Proximité au Pays Dogon et dans le Bélèdougou (IPRO-DB). Il a démarré à Bandiagara en 1990, dans le cadre d’un Fonds d’Entraide au Pays Dogon. Cofinancé par la Kreditanstalt für Wiederaufbau (KfW, Allemagne) pour un montant de cinq millions d’euros, ledit projet est mis en œuvre par la Direction Nationale de l’Agriculture (DNA), appuyée par une assistance technique de la GIZ (ex GTZ), en étroite collaboration avec la Direction Nationale du Génie Rural. Une antenne de ce projet, intitulée Petits Barrages dans le Bélédougou (PBB) a été ouverte à Kati, en 2005, pour une phase expérimentale qui a été concluante. Depuis août 2009, cette antenne est devenue un Projet, à gestion autonome par rapport à celui de Bandiagara, consacrant le début de la quatrième Phase du Projet, avec la nouvelle appellation «IPRO-DB». En plus de cette particularité, un grand intérêt est porté à la mise en valeur des ouvrages hydro agricoles.

Un nouveau bailleur, l’Agence canadienne de développement international (ACDI), a souscrit à cette dynamique germano-malienne, en contribuant au projet de Bandiagara avec un montant de 3,4 millions d’euros.

C’est ainsi que, dans ses zones d’intervention au Pays Dogon (Bandiagara, Bankass, Douentza et Koro), le projet a procédé à la réhabilitation de 90 micro-barrages, dont 15 sur le fonds DANIDA (Danemark), à la construction de 87 micro-barrages, à la réhabilitation de 573,06 km de pistes d’accès aux villages et à la réhabilitation de 3 pistes régionales: Bandiagara – Bankass (39 km), Bandiagara – Kendié (41 km) et Kendié – Borko – RN16 (62,3km).

Des effets directs de ces réalisations, on peut retenir l’amélioration des revenus par la conservation, la transformation et commercialisation des produits issus du maraîchage, le désenclavement du Pays Dogon, la maitrise des  techniques d’entretien et de gestion des ouvrages par les comités de gestion et la réduction de l’exode rural par l’extension des terres exploitables. Quant aux effets indirects des interventions du projet, ils ont permis d’impulser le développement de différents secteurs (transport, tourisme, commerce, éducation, santé, etc).
Paul Mben, Envoyé spécial
   
KARWASSA
Le forage de l’espoir

Dans quelques jours, sinon quelques semaines, les habitants d’une des nombreuses fractions du Karwassa (Commune de Djaptodji, zone tampon entre les régions de Mopti et de Tombouctou) ne connaîtrons plus la corvée d’eau. Et pour cause, ce sont sept personnes appartenant à une entreprise de forage et recrutées par le Président de l’ONG Tanfo Kalanda, Adalahi Ag Ansary, qui sont au four et au moulin pour faire de ce rêve une réalité.

Sur place, le jeudi 8 septembre 2011, vers 15 heures, quand nous arrivions au bord de ce futur forage, Ali Guindo, l’un des travailleurs, qui se trouve au fond du puits, appelle son collègue et homonyme, Ali Togo, afin qu’il lui fasse parvenir de l’eau. Ali Togo nous explique que «cette eau sert à enlever la sueur qui coule abondamment et empêche de travailler correctement». Mine de rien, et centimètre par centimètre, lui et ses collègues avancent bien. Et ils espèrent atteindre la nappe phréatique au bout de 45 mètres de forage.

Au moment où nous nous entretenions avec Ali Togo, les «durs», au fond, étaient à 38 mètres en dessous du niveau de la mer. «C’est de l’argile que nous extrayons actuellement. Nous croyons qu’après 45 mètres, ce sera fait!» nous a-t-il lancé, avec un léger sourire. Un sourire que l’on retrouve chez Mariama Walet Mahamadine, une habitante du hameau. D’ailleurs, elle n’a pas manqué d’exprimer ce qu’elle ressentait: «tout comme les autres femmes, j’attends avec impatience ce forage. Il viendra alléger nos corvées d’eau et permettra à nos enfants d’aller correctement à l’école coranique». Comme si cette dame avait soif de dire ce qu’elle avait au fond du cœur, elle continuera sur un ton plus soutenu: «nous, les femmes, devions attendre souvent 72 heures pour avoir de l’eau propre à la consommation. Ce qui nous obligeait à nous lever très tôt et à transformer nos enfants en sentinelles. Nous remercions toutes les autorités du Mali et notre bienfaiteur, Abdalahi, pour cet ouvrage, qui est d’une valeur inestimable».

Le maire de la commune ira plus loin en affirmant que: «ce forage, c’est comme Dieu qui est venu à notre secours, car, au mois de mars, ce sont les bêtes et, partant, les hommes, qui étaient en détresse. Nous mourions de soif et je crois qu’avec cet ouvrage, cette hantise ne sera plus qu’un souvenir». Il tiendra à nous faire savoir que «de telles infrastructures sont gérées par des comités mis en place par les populations elles-mêmes». En somme, une gestion consensuelle.

Il faut savoir qu’avant la construction de ce forage, en plus de l’éloignement des anciens points d’eau, les populations devaient avoir les bras assez costauds ou des animaux bien portants pour extraire la précieuse matière liquide, à environ 70 mètres de profondeur. Techniquement, il faut aussi savoir que le nouveau forage produira 35 mètres cube d’eau par seconde, contre 2 pour les anciens puits. Trop peu pour les six fractions qui habitent cette aire géographique.

Dans le Karwassa, il est très difficile de s’y rendre et d’échapper aux plats traditionnels, tous à base de viande. Le ministre de l’Agriculture, Aghatam Ag Alhassane, et la forte délégation qu’il conduisait s’en sont rendu compte. Non sans savourer aussi les musiques et danses traditionnelles.
Paul Mben, Envoyé spécial

Barrage – seuil de Djenné :
C’est parti pour les travaux de construction

Le Président de la République, Amadou Toumani Touré, a lancé, le samedi 10 septembre 2011, les travaux de construction du barrage – seuil de Djenné. C’était en présence de plusieurs membres du gouvernement, de hauts cadres venus des quatre coins du Mali et d’une foule des grands jours.

Techniquement, la construction du barrage – seuil de Djenné s’inscrit dans la stratégie du développement et d’aménagement du Moyen et Intérieur Bani, à travers la réalisation d’ouvrages de régulation permettant de rehausser et de contrôler les niveaux de crues. Ceci afin d’améliorer le remplissage de la rivière pour l’irrigation des plaines et, par conséquent, la production agricole de la zone. Le financement du projet est assuré par le Fonds Africain de Développement (FAD). La maîtrise d’ouvrage, elle, est assurée par la DNGR. Les travaux, y compris la période de préparation, dureront 37 mois, pour un montant de 19 549 918 FCFA. Nous y reviendrons plus largement dans notre prochaine édition.
Paul Mben, Envoyé spécial 

Commentaires via Facebook :