Après 13 années d’attente, les travaux de reconstruction du marché principal de Kalabancoro ont repris de la plus belle manière. Le maire Tiecoura Hamadoun Diarra, en avait fait une promesse électorale en 2017.
C’est un grand défi que le maire de Kalabancoro est en train de relever : la reconstruction du marché principal de Kalabancoro. Au lendemain de son élection comme maire de la Commune et conformément à sa promesse de campagne électorale, le maire Diarra, à travers le conseil communal a commencé les travaux de reconstruction du principal marché du quartier. Depuis près des mois, ledit Grand marché qui avait connu un arrêt des travaux de plus d’une décennie est de nouveau en chantier.
Sur les lieux, ce sont les maçons, les ferrailleurs qui s’activent pour la construction des hagards, l’aménagement des allées. Ces travaux se passent sans difficulté majeure.
Le coût des travaux est estimé à peu plus de 251 millions F CFA. Pour reconstruire, la mairie a procédé à la démolition de 320 boutiques. Cette démolition s’explique par le fait que le marché, lors de la première tentative de construction, sous Issa Bocar Ballo, ancien maire, était mal construit en ce sens qu’il n’y avait pas de passages prévus. Les boutiques étaient construits de tel sorte qu’il était impossible de se trouver un passage. L’ancien plan n’avait pas prévu le passage des véhicules de secours notamment les sapeurs pompiers en cas d’incendie.
Les boutiques avaient poussés à la place des hagards rendant impossible l’occupation du marché à cause du nombre élevés de demandeurs. Les vendeurs et autres commerçants ont du coup refusé de les occuper.
Un lieu de vente de drogues
La nature ayant horreur du vide, le marché était devenu la zone de refuges, voire un internat de bandits. Il n’était pas rare de voir la police et la gendarmerie mener des opérations pour déloger des bandits qui s’adonnaient à la vente de drogues tous azimuts. Des délinquants ou du moins des obsédés sexuels traînaient des filles de force en pleine journée pour assouvir leur instinct sexuel au grand dam des passants.
Fatigués, le chef de village de Kalaban et d’autres notabilités ont demandé au maire Diarra la reconstruction rapide du marché. Reconstruire un marché aussi grand que celui de Kalabancoro demande la mobilisation de fonds. L’édile communal, selon un nouveau plan conforme à celui édicté par le ministère du Commerce, s’est lancé dans la reconstruction. La population applaudit et ne souhaite qu’une chose : la fin des travaux et son opérationnalisation. « Nous ne pouvons que bénir le maire Diarra et son équipe qui n’ont ménagé aucun effort pour que le marché soit un vrai », a affirmé Atouma Diarra, vendeuse à côté de la Mosquée. Boucher de son état, Daouda Coulibaly est de ceux qui pensent qu’après la fin des travaux et la répartition équitable des hagards, le maire et son équipe auront gagné leur pari. Et de faire une doléance « Après ce marché, nous demanderons à la mairie de faire face aux autres marchés de la Commune. L’ancienne équipe communale en ont fait du marché principal et marchés secondaires un fonds de commerce. Il faut que les marchés reviennent aux commerçants », a souligné Fatoumata Traoré, vendeuse de condiments.
Quel sera le sort réservé à ceux dont les magasins ont été démolis ? Selon nos informations, il a été demandé aux propriétaires de magasins détruits de se faire recenser auprès de la commission mise en place à cet effet. Il s’agit des propriétaires de magasins qui avaient des contrats de bail de 10 ans. Faut-il noter que ledit contrat est arrivé à terme. La mairie est en train de réfléchir sur comment les propriétaires vont être indemnisés à hauteur de leurs investissements. Pour ce faire, un expert sera commis et après son étude et analyse, le montant de l’indemnisation sera fixé.
1200 hagards et les immeubles
En ce qui concerne la distribution des hagards qui sont au nombre de 1.200, c’est après une réunion avec les différents syndicats des marchés qu’il sera décidé ce qu’il y a lieu de faire. D’ores et déjà, la mairie entend proposer aux futurs occupants le paiement d’une caution pour avoir une place. « Les gens qui sont commerçants seront prioritaire », affirme une source crédible. « Ceux dont les boutiques ont été démolies, seront parmi les bénéficiaires des hagards », affirme la même source.
Les immeubles qui entourent le marché n’ont ni été concernés par la démolition ni par la reconstruction. Tout comme les boutiques, les immeubles ont un contrat de bail de dix ans qui sont arrivés à expiration. Puisque le contrat de bail n’est plus d’actualité, d’une manière intelligente, la mairie et les propriétaires d’immeubles vont se rencontrer et dégager des pistes pour un partenariat gagnant-gagnant surtout que la plus part des propriétaires d’immeubles ne payent pas de redevances à la mairie. En tout cas, la mairie a tous les pouvoirs après la fin de la validité du bail de négocier en sa faveur le devenir des immeubles.
Echec de la construction du marché par Issa Ballo
La reconstruction du marché fait suite à une première tentative ratée par l’ancienne équipe communale sous le leadership d’Issa Bocar Ballo. Confronté à un problème financier, les travaux du marché, du moins pour les hagards ont été interrompus. La préoccupation majeure de M. Ballo était en réalité l’occupation des espaces dédiés aux hagards pour en faire des immeubles et boutiques. Il faut dire que ces immeubles qui arborent une bonne partie du marché appartiennent pour la plus part aux opérateurs économiques.
Le projet de construction du marché sous M. Ballo a fait l’objet d’affrontements entre les forces de l’ordre et des autochtones opposés à l’initiative. Ce jour du 25 mars 2010, des chefs de familles, mères et enfants ont été « gazés », humiliés, blessés et emprisonnés.
Cette intervention musclée de l’ancien maire Ballo a crée un climat de défiance et de méfiance entre certains. Plus de dix ans après, les séquelles du « coup de force » de M. Ballo restent toujours visibles. A preuve, certaines familles ne se disent toujours pas bonjour et ne se fréquentent plus.
Le 25 janvier 2010, une partie de la population, qualifiée de minoritaire par M. Ballo, munie pour certains de gourdins, pour d’autres de bâtons, s’est opposée à la mise en œuvre du « projet d’aménagement » du Grand marché de Kalaban-Coro.
Les raisons: pendant le mandat 2004-2009, le conseil municipal avait adopté par délibération le projet d’aménagement du marché. Cette délibération avait été approuvée par la tutelle. A l’arrivée d’Issa Bocar Ballo à la tête de la Commune à la faveur des élections d’avril 2009, le nouveau maire devait réunir le nouveau conseil municipal pour l’informer du dossier, mais hélas, il ne l’a pas fait oubliant que l’administration est une continuité. A la grande surprise, le maire un cadre du Cnid-Fyt avait mis en cause le premier recensement des occupants du marché effectué avant sa venue sachant bien que ce travail avait été fait par une commission municipale, assistée par la gendarmerie.
Déterminé à exécuter son plan machiavélique, le maire Ballo s’est concerté avec une association du marché pour faire une nouvelle liste des occupants qui ne prenait pas en compte tous les « authentiques occupants ».
Au lieu de prendre en compte la volonté de ceux qui sont opposés à sa façon de voir le projet d’aménagement, le maire s’était mis à vendre les parcelles de boutiques à des sommes hors de portée des vendeurs du marché. « La population s’est révoltée lorsqu’elle a appris que les places du marché faisaient déjà l’objet d’une spéculation. Mécontents, les « opposants au projet » ont du coup refusé de quitter le marché. Ainsi s’en sont suivi des affrontements.
Mamadou Sidibé