Le Conseil municipal de Safo a été dissous par le Conseil des ministres, une décision officiellement justifiée par des accusations de morcellement et de vente illicite d’un terrain destiné à la construction d’une centrale solaire. Ce projet, soutenu par des partenaires internationaux, est censé répondre aux besoins énergétiques croissants du pays et renforcer l’accès à l’électricité pour les populations maliennes.
Cependant, cette dissolution suscite des débats vifs. Tandis que les autorités accusent la mairie d’avoir retardé ce projet vital par la vente du terrain, les responsables municipaux rejettent fermement ces allégations. « Nous sommes devenus les boucs émissaires d’une situation bien plus complexe », a déclaré un élu municipal, préférant garder l’anonymat.
Lors de la présentation des vœux à la société civile, le chef de l’Etat avait déjà dénoncé ce morcellement, affirmant qu’il a été la cause du retard de la réalisation de la centrale solaire. Pourtant, certains observateurs considèrent cette affaire comme révélatrice des failles du cadre juridique et institutionnel entourant la gestion foncière au Mali. « C’est une situation symptomatique : un manque de planification urbaine, des conflits d’intérêts et une absence de mécanismes de contrôle efficaces », explique un spécialiste des collectivités locales.
Avec la dissolution de son Conseil municipal, la Commune rurale de Safo se retrouvera désormais sous la tutelle d’une délégation spéciale, chargée de gérer les affaires courantes jusqu’à l’élection d’un nouveau conseil.
Cette mesure drastique, bien que visant à rétablir l’ordre, soulève des questions fondamentales sur la gouvernance locale et la gestion des ressources foncières. Reste à savoir si cette décision marquera le début d’un changement positif ou si elle ajoutera simplement une nouvelle page au long chapitre des crises locales.
Djibril Diallo