d’un coût de 2,9 milliards de FCFA, la première phase du Projet d’Appui à la Restauration du système Faguibine (PARF) sera l’élément déclencheur de la deuxième, qui consistera en l’élaboration d’un document de projet dont le contenu sera partagé par tous.
Lancée le mardi 15 février 2011 par le ministre de l’Agriculture, Aghatam Ag Alhassane, la première phase dudit projet est à la dimension du système Faguibine, lui-même: une vallée des chenaux d’alimentation naturels, constitués par les marigots du Kondi, long de 64 km et du Tassakane, long de 104 km. Avant de se jeter dans la zone lacustre, ces marigots traversent le Kessou et le Killy, qui sont constituées d’immenses plaines et mares fertiles, dont la superficie est estimée à 25 000 ha. La zone lacustre, quant à elle, constituée des lacs Télé, Takara, Gouber, Kamango et Faguibine, interconnectés, totalise une superficie de 86 000 ha.
C’est toute cette zone, a rappelé le ministre Aghatam, qui constituait «le grenier du septentrion malien grâce à sa production agricole. Par les services qu’il rendait aux écosystèmes, il offrait un cadre de vie exceptionnellement agréable, décoré d’une végétation verdoyante, dans laquelle vivaient en symbiose les hommes et les femmes de toutes ethnies, de toutes couleurs, les oiseux et les animaux».
Mais, avec l’assèchement des lacs depuis les années 70, causé par le changement climatique et les activités anthropiques, tous les espoirs se sont envolés. Un spectacle de désolation, caractérisé par une famine sans précédent, le départ massif des chefs de familles, laissant derrière eux femmes, enfants et vieux, s’est installé dans la zone lacustre.
Depuis plus de deux décennies, nombre d’actions ont été menées par le gouvernement du Mali et certains de ses partenaires. C’est dans ce cadre qu’est né l’Office de Mise en Valeur du système Faguibine (OMVF), dirigé par le Général Tidiani Kalil Ascofaré.
Lors du lancement de la première phase de ce gigantesque projet, le représentant du Maire de Goundam, Mamoutou Sall, ne s’est pas empêché de marteler «aujourd’hui, l’espoir est permis, l’espoir renaît», avant de réitérer l’accompagnent des politiques pour la réussite du travail.
La Chargée d’affaires de l’ambassade de Norvège au Mali, Alida Boye, certainement la plus Maliennes des Européens, ce jour-là n’a pas lu de discours. Elle a tout simplement laissé parler son cœur: «nous sommes venus voir tout ce qu’on nous a dit de bien sur les potentialités de la terre, des hommes et des femmes de cette zone. Je crois que l’espoir est permis. Si nous réussissons ensemble la première phase, la seconde sera réussie» a-t-elle laissé entendre.
Ce sont les même sentiments qu’on a retrouvé dans les propos de Maurice de Wolf, représentant du PNUD à cette cérémonie: «avec les résultats acquis, l’espoir est permis. Je suis convaincu que le Faguibine retrouvera toute sa valeur d’antan».
Une kyrielle d’activités
Le PARF, qui a été ainsi lancé, vise à conforter les efforts de restauration du système Faguibine consentis actuellement par le gouvernement de la République du Mali. Par son approche holistique, il tentera de renforcer les services rendus par les écosystèmes, avec une amélioration tangible et considérable du bien-être de l’ensemble des groupes ethniques et socioculturels du système Faguibine.
Pour ce faire, plusieurs grands travaux seront entrepris. Il s’agit des surcreusements des chenaux, pour assurer l’alimentation en eau su système Faguibine, du développement agricole, à travers l’amélioration des revenus des bénéficiaires par l’augmentation de la production agricole et de l’amélioration des conditions d’élevage, de pêche et de production forestière.
De plus, le PARF s’attèlera à la protection de l’environnement, par la stabilisation des dunes (fixation biologique et mécanique, protection des berges), la reconstitution faunique et floristique et la plantation d’arbres.
d’autres activités, telles que l’organisation et le soutien aux groupes socioprofessionnels, le renforcement des capacités de l’OMVF, par l’acquisition des matériels et équipements, et l’appui à l’amélioration des ressourcs humaines ne seront pas en reste.
d’une durée de 5 ans, le PARF comprend deux phases. La première s’étend de janvier à décembre 2011 et comprend des actions prioritaires, notamment le curage des chenaux hydrauliques, la mise en valeur agro-sylvo-pastorale et la protection de l’environnement. Elle permettra surtout de préparer un document de projet pour une deuxième phase qui s’étendra sur quatre ans, à partir de 2012.
Rien d’étonnant si le ministre Aghatam Ag Alhassane a lancé un appel solennel à tous pour la réussite le cette première phase: élus locaux et nationaux, société civile, partenaires techniques et financiers.
Paul Mben, envoyé spécial
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