Programme de filets sociaux “Jigisemejiri” : L’Arbre de l’espoir contre l’extrême pauvreté au Mali

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Le Programme de filets sociaux “Jigisèmèjiri” ou Arbre de l’espoir est une réponse de la Banque mondiale à la demande du gouvernement du Mali pour lutter contre l’extrême pauvreté. Il a été institué par décret n°2013-195/PM-RM du 27 février 2013 et placé sous l’autorité du ministère des Finances et est financé par l’Association internationale de développement (IDA) et la Banque mondiale sous forme de “Projet d’urgence de filets sociaux” d’un montant de 35 milliards F CFA. Le programme a eu 5 ans cette année. Pour célébrer cet anniversaire, Mahmoud Ali Sacko, son coordonnateur, et Mme Ouédraogo Djénéba Tall étaient devant la presse le mercredi 24 octobre 2018 à l’hôtel Salam pour parler de la capitalisation des acquis du programme. La conférence était placée sous la présidence d’Amadou Diallo, conseiller technique au ministère de la Solidarité et de l’Action humanitaire.

Le programme “Jigisèmèjiri” ou l’arbre de l’espoir pour les ménages pauvres et vulnérables a pour objectif de mettre en place des transferts monétaires ciblés aux ménages pauvres souffrant d’insécurité alimentaire et d’établir les piliers d’un système national de filets sociaux au Mali.Son objectif immédiat est d’acheminer des transferts monétaires ciblés aux populations chroniquement pauvres et vulnérables. A moyen et long termes, il s’agit d’améliorer les résultats en matière de capital humain (en santé, nutrition, hygiène et économie familiale) des enfants afin de réduire la transmission intergénérationnelle de la pauvreté.

LES 5 COMPOSANTES DU PROGRAMME “JIGISEMEJIRI”

Composante 1 : Transferts monétaires et mesures d’accompagnement. Cette 1re composante concerne des transferts monétaires ciblés aux ménages les plus pauvres et en insécurité alimentaire avec des mesures d’accompagnement afin de rompre le cycle intergénérationnel de transmission de la pauvreté. Cette composante comprend aussi 3 sous-composantes. La 1re sous-composante “Transferts monétaires (TM)” a pour objectif de fournir des transferts réguliers, prévisibles et dans les délais requis aux ménages éligibles. Le montant du transfert est fixé à 10 000 F CFA par ménage et par mois. Les paiements sont effectués par trimestre durant 3 ans, soit 30 000 F CFA par trimestre par ménage bénéficiaire.

La 2e sous-composante “Mesures d’accompagnement (MA)” comprend des séances d’animation dispensées aux ménages bénéficiaires ou non de transferts monétaires, des informations essentielles faisant la promotion du capital humain de leurs enfants. Les mesures d’accompagnement abordent les thématiques concernant, entre autres, la santé de la mère et des enfants, la nutrition des enfants, l’éducation des enfants et l’hygiène. Les séances sont organisées tous les trois mois et ce durant 3 ans.

La 3e sous-composante “Paquet nutritionnel préventif (PNP)” est une intervention complémentaire aux séances de MA, pour prévenir et prendre en charge la malnutrition modérée des enfants et des femmes enceintes et allaitant. La sous-composante est mise en œuvre dans 20 % des communes bénéficiaires. Dans les villages sélectionnés, tous les ménages avec enfants âgés de 6 à 59 mois et/ou femmes enceintes et allaitant sont sélectionnés et reçoivent un PNP pendant leur participation aux séances d’accompagnement.

Composante 2 : Mise en place d’un système de filets sociaux. Il s’agit d’un appui institutionnel que le programme apporte à la mise en place des éléments clés d’un système de filets sociaux, notamment un système de gestion de l’information, un registre unique, un système de ciblage, des systèmes de paiement et suivi-évaluation.

Composante 3 : Gestion du programme. Cette composante permet d’assurer le fonctionnement de l’Unité technique de gestion des filets sociaux (UTGFS) et des différents organes de pilotage et de coordination du programme. Elle finance notamment les salaires du personnel et les coûts opérationnels au niveau central, régional et local ; l’équipement et les frais de fonctionnement directement liés à la gestion quotidienne du projet, la conduite d’audits internes réguliers et d’audits externes annuels.

Composante 4 : Développement de travaux publics à haute intensité de main d’œuvre (Himo). Elle permet de fournir des possibilités d’emplois à court terme à la population adulte inscrite dans le registre social, tout en renforçant les atouts communautaires pour une meilleure résistance aux chocs et risques liés au changement climatique.

La Composante 5 : Développement des activités génératrices de revenus (AGR) permet aux ménages pauvres et vulnérables inscrits dans le registre social à être plus productifs, tout en stimulant l’économie locale.

Les grandes activités du programme “Jigisèmèjiri” de 2013 à 2018

L’année 2013 a vu entre autres, la mise en place du financement IDA de 70 millions de dollar US et de la contribution de l’Etat malien pour 600 millions F CFA pour la mise en œuvre du programme de filets sociaux Jigisèmèjiri sur la période 2013-2018 ; la mise en place de l’Unité technique du programme (UTGFS) ; la sensibilisation et le ciblage des bénéficiaires des 3 communes pilotes : Commune III Bamako, Boura (Yorosso) et Kébila (Kolondiéba).

En 2014, il y a eu, entre autres, la mise en place du comité de pilotage du programme ; la sensibilisation et le ciblage des bénéficiaires dans les zones de la vague 1 (région de Sikasso) et de la vague 2 (régions de Kayes et Koulikoro) ; le démarrage des paiements de transferts monétaires dans les vagues 1 et 2, à Bamako, Sikasso, Kayes et Koulikoro, soit 13 400 ménages bénéficiaires ; le démarrage des opérations de mesures d’accompagnement dans les communes de Bamako et Sikasso.

En 2015, le programme a procédé, entre autres, à la sensibilisation et le ciblage bénéficiaires dans les zones de la vague 3 (régions de Ségou, Mopti et Gao) ; la poursuite des paiements de transferts monétaires dans les vagues 1 et 2 (43 613 ménages bénéficiaires) ; la poursuite des opérations de mesures d’accompagnement dans les communes de Bamako, Sikasso, Koulikoro et Kayes ; la mise en place de l’unité technique du Registre social unifié (RSU) ; la mise en œuvre de l’Enquête de référence. En 2016, il y a eu, entre autres, le financement Suisse pour la réalisation des TM et MA à Youwarou (231) et Niafunké (1369) ; la poursuite des paiements de transferts monétaires dans la vague 1, 2 et le démarrage dans la vague 3, à Ségou et Mopti (60 715 ménages bénéficiaires) ; la poursuite des opérations de mesures d’accompagnement dans les communes de Bamako, Sikasso, Koulikoro et Kayes et le démarrage à Ségou, Mopti et Gao ; la publication du rapport de l’Etude de référence ; la mise en œuvre de l’Enquête d’impact à mi-parcours ; le démarrage des études pour le développement du Registre social unifié (RSU) ; la validation du modèle de données du Registre social unifié (RSU).

En 2017, il y a eu, entre autres, le financement du Projet gouvernemental de filets sociaux (PGFS) avec 12,5 milliards F CFA (2017-2021) ; le financement du 1er Fonds additionnel (IFA) de la Banque mondiale (BM/DFID) pour 10 millions de dollars US (2017-2018) ; la poursuite des paiements de transferts monétaires dans toutes les régions (67 867 ménages bénéficiaires), dont 60 715 pour IDA, 3788 pour le FA et 3 414 pour le PGFS ; la poursuite des opérations de mesures d’accompagnement dans les communes du Programme ; le démarrage des activités de travaux publics à Haute intensité de main d’œuvre (Himo) et des activités génératrices de revenus (AGR) ; l’acquisition et la distribution du Paquet nutritionnel préventif (PNP) dans 20 communes pilotes ; la publication du rapport de l’enquête d’impact à mi-parcours ; la validation de la première version de la plateforme RSU ; l’enregistrement des bénéficiaires de Jigisèmèjiri par l’UTRSU via les outils RSU.

L’année 2018 a vu, entre autres, l’achèvement des paiements dans les vagues 1 et 2 et la poursuite des paiements de transferts monétaires dans la vague 3 et dans les communes de contrôle, dans le PGFS et dans les communes du FA (71 488 ménages bénéficiaires) dont 60 715 pour IDA, 3738 pour le FA et 7035 pour le PGFS ; la poursuite des opérations de mesures d’accompagnement dans toutes les communes du Programme ; la poursuite des activités de travaux publics à haute intensité de main d’œuvre (Himo) et des activités génératrices de revenus (AGR) ; la poursuite de la distribution du paquet nutritionnel préventif (PNP) dans 20 communes pilotes ; la fin des études pour le développement du Registre social unifié (RSU) ; la réalisation de la phase pilote de la plateforme du registre  social unifié ; la mise en œuvre de l’enquête d’impact de fin de programme ; la négociation d’un 2e financement additionnel de la Banque mondiale pour le Programme de 52 millions de dollars US en vue de son extension sur la période 2019-2022 ; la négociation du Projet de développement de la productivité et de la diversification agricole dans les zones semi-arides du Mali (PDAZAM) avec l’implication de Programme Jigisèmèjiri pour la mise en œuvre de la composante 1 du Projet, pour environ 18 millions de dollars US, sur la période 2019-2022.

Commentant son projet, Mahmoud Ali Sacko dira que le concept du Programme Jigisèmèjiri ou l’Arbre de l’espoir est connu de Kayes à Kidal et profite à 20 % des ménages pauvres et vulnérables  du Mali. Ces ménages pauvres, à ses dires, sont les plus pauvres parmi les pauvres. Ce sont des indigents qui sont dans l’extrême pauvreté sur le plan alimentaire et dans l’incapacité de production. Le choix de ces pauvres est fait avec les communautés à la base.

Représentant le ministre de la Solidarité et de l’Action humanitaire, Amadou Diallo a félicité et salué le projet Jigisèmèjiri pour ses interventions à l’intention des couches vulnérables du Mali. Il a rappelé les objectifs du programme cadrent avec une vision du gouvernement du Mali d’assurer le bien-être et d’éviter l’exclusion des plus pauvres du Mali.                             Siaka Doumbia

 

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