L’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) devient de plus en plus irréalisable au Mali, et pour causes : la crise politique, économique et sécuritaire, l’instabilité et la fragilité des institutions et surtout, l’occupation des régions du Nord par des rebelles apatrides.
Le Mali est un pays enclavé avec une superficie de 1 241 238 km2 dont les deux tiers sont désertiques. La population malienne était de 14,5 millions d’âmes en 2011, avec un taux de croissance démographique de 3,6%. Depuis belle lurette, le Mali s’est lancé dans une lutte acharnée contre la pauvreté. Notre pays se classe désormais 175è sur 187 pays avec un Indice de développement humain (IDH) de 0,359 en 2011. Au Mali, le taux de pauvreté monétaire est estimé à 41,7% en 2011, contre 43,6% en 2010. Il pourrait atteindre 42,7 % en 2012. A seulement trois ans de l’échéance de 2015 pour atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), le Mali semble à mesure d’être au rendez-vous pour certains objectifs dans les domaines de l’Education, de l’accès à l’eau potable, de la lutte contre le VIH-SIDA.
En dépit de ces progrès, les défis restent énormes pour le pays qui veut pourtant atteindre les OMD à l’horizon 2015. Or il est presque impossible pour notre pays de relever ces défis, en particulier dans le domaine de l’emploi des jeunes, du développement durable et de la santé maternelle et infantile. Malheureusement, la crise sociopolitique devrait conduire le pays dans une récession économique avec une prévision de la croissance économique de -1,5% en 2012 contre 5,6% initialement prévus. Par ailleurs, les effets de la crise dans le Nord du pays, qui souffre déjà d’une pénurie alimentaire, ont contraint près de 700 000 personnes à se déplacer vers le Sud du pays ou à se refugier dans les pays voisins. L’occupation de certaines régions du Nord a provoqué des désastres physiques et psychologiques sur les populations et les a maintenues dans une précarité sans précédent. Dans les domaines de l’éducation surtout, ces OMD sont loin d’être atteints si l’on tient compte du nombre exorbitant de déplacés et de refugiés dont les enfants rateront la chance de poursuivre leurs études dans des conditions idoines. Mieux, avec la dépravation du commerce tant au Sud qu’au nord du pays, sans compter l’arrêt brutal de l’aide extérieure, il va de soi que l’atteinte des OMD dans le délai prévu relève de l’impossible.
Abdoulaye Faman Coulibaly