De la France au FMI en passant par l’Organisation de la coopération islamique (OCI), une centaine de pays et d’institutions internationales ont promis d’aider financièrement le Mali à «gagner la paix».
«Les dons seront substantiels», a annoncé le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, à l’ouverture de la conférence «Ensemble pour le renouveau du Mali», coorganisée par l’Union européenne et la France.
Son objectif est de lever 1,96 milliard d’euros, une somme qui correspond à 45% du montant du Plan pour la Relance durable du Mali présenté par les autorités maliennes pour remettre en marche le pays sur deux ans (2013-1014). L’essentiel du financement de ce plan, évalué à 4,34 milliards d’euros, doit être financé par le budget interne malien.
L’UE, principal bailleur de fonds
Les organisateurs espèrent mobiliser rapidement au moins un milliard d’euros auprès des bailleurs étrangers, ce qui permettrait de lancer un certain nombre de projets urgents pour «rétablir les services de base», conditions indispensables pour redonner confiance à la population malienne, selon le Commissaire européen chargé du Développement, Andris Piebalgs.
«Le constat est simple: il n’y aura pas de sécurité et de stabilité durable sans développement et sans démocratie. Il faut donc agir de front sur les trois côtés du triangle: sécurité, démocratie, développement», a expliqué M. Fabius.
L’Union européenne devrait rester le principal bailleur de fonds en apportant une aide de 520 millions d’euros pour 2013-2014.
La Banque Mondiale va participer à hauteur d’environ 250 millions d’euros, la Banque islamique de Développement de 130 millions tandis que les grands pays, des Etats-Unis au Japon, vont également accroître leur soutien.
Quant à la France, premier partenaire bilatéral, une aide de 280 millions d’euros sur deux ans devrait être annoncée dans l’après-midi par son président, François Hollande, qui clôturera la conférence.
Ce soutien marque une hausse sensible puisque l’aide de Paris s’élevait à environ 50 millions d’euros par an avant la crise politique provoquée par le coup d’Etat du 22 mars 2012.
L’aide mieux contrôlée
A cette occasion, la France va lancer un dispositif, avec un site internet, afin de garantir l’efficacité de son aide et d’éviter le détournement ou la mauvaise utilisation des fonds.
«Si un projet ne se réalise pas ou est en retard, les gens pourront prévenir par téléphone ou SMS, via une hotline, de ce qui n’a pas encore été fait. Cela permettra aussi de décentraliser le suivi citoyen de l’aide et favorisera l’appropriation par les Maliens des projets», a expliqué le ministre au Développement, Pascal Canfin.
Les dirigeants maliens, présents en nombre à Bruxelles, ont promis que l’aide serait bien utilisée. «Cette crise nous aura beaucoup appris», a témoigné le ministre des Affaires étrangères, Tieman Coulibaly.
Le président Dioncounda Traoré a également tenté de rassurer sur la transition démocratique, en annonçant sa détermination à organiser le premier tour de l’élection présidentielle le 28 juillet, comme le souhaitait la communauté internationale.
«Cela peut paraître très proche» mais «c’est un pari que nous sommes obligés de gagner car nous sommes convaincus que les véritables problèmes qui se posent au Mali (…) ne peuvent être réglés que par un gouvernement élu, légitime et disposant de plus de temps», a expliqué M. Traoré, qui a précisé qu’il ne se présenterait pas à cette élection.
La principale difficulté sera d’organiser le scrutin dans le nord du pays, qui n’est pas encore totalement pacifié et est en partie contrôlé par le mouvement touareg MNLA, qui réclame une large autonomie pour la région de l’Azawad. «Organiser les élections dans le nord représente un sacré défi à relever, et le temps presse», a fait remarquer un diplomate européen.