Le projet de lancement de la campagne africaine d’éradication de la mouche tsé-tsé et de la trypanosomiase PATTEC a été créé en juillet 2000, au sommet de l’OUA à Lomé. C’est en 2005 que le PATTEC Mali a vu le jour à la faveur d’un protocole d’accord de prêt signé le 14 février 2005 entre le gouvernement malien et le Fonds africain de développement (FAD). Laquelle structure a été chargée de traduire cette décision en plan d’action et en mobilisation pour le compte des pays affectés au sein de l’Union africaine.
Le PATTEC a pris contact avec la Banque africaine de développement (BAD) pour obtenir un appui financier. Bien vrai que le projet a accusé un retard, il suit parfaitement son cours. Mais des zones d’ombre planent sur l’exécution de certaines phases du projet. Pour en savoir plus, nous avons rencontré le coordinateur du PATTEC Mali, Mamadou Sylla. C’est ainsi que, selon la description de M Sylla, la première phase du programme-cadre a abouti à l’obtention du financement, sous forme de subvention et de donation, d’un projet intitulé, « Création de zones libérées durablement de la mouche tsé-tsé et de la trypanosomiase en Afrique de l’ouest et de l’est ». Il regroupe le Mali, le Burkina Faso, le Ghana, le Kenya, l’Ouganda et l’Ethiopie. L’objectif global du projet est de collaborer à la réduction de la pauvreté et à l’amélioration de la sécurité alimentaire dans les pays bénéficiaires. A ce titre, le projet œuvre à la création de zones libérées à long terme de la mouche tsé-tsé et de la trypanosomiase, tout en garantissant de façon adéquate et permanente, la mise en valeur économique de ces zones reconquises sur le fléau. Mamadou Sylla précise que la réalisation des objectifs du projet s’articule autour de quatre composantes. La première concerne la réduction de l’infestation et l’éradication des glossines. Principale composante, elle est basée sur une stratégie de lutte combinée, séquentielle et intégrée sur la totalité de la zone ciblée. Elle associe des techniques corrélativement fondamentales et non polluantes, telles que les pièges et écrans imprégnés d’insecticides et les traitements épi cutanés des animaux pour la suppression des mouches tsé-tsé et l’application de la technique de lâcher de l’insecte stérile (TIS) pour l’éradication de la population résiduelle de glossines. Ensuite, cette première composante, selon le coordinateur, contient le dépistage et le traitement de la maladie chez l’homme et le bétail.
La composante 2, portant sur le renforcement des capacités, vise la création d’un système intégré de gestion des informations et le renforcement des dispositions des agents aux niveaux régional et national pour leur permettre de s’impliquer énergiquement dans les actions d’éradication des mouches tsé-tsé et de la trypanosomiase, indique Mamadou Sylla. La gestion durable des terres est le principal pivot de la troisième composante, elle vise la planification de l’utilisation intelligente des terres libérées de glossines et le renforcement des capacités institutionnelles. La composante 4, coordination et gestion du projet, concerne la mise en place d’une cellule de coordination et de gestion du projet (CCGP), la création de systèmes stratégiques d’échanges de données et de coordination entre les CCGP nationales, les « points focaux » PATTEC dans chacun des pays concernés et le bureau central PATTEC de l’Union africaine à Addis-Abeba. En répondant à la question de savoir à quel niveau d’exécution se trouve le projet, le coordinateur avancera que le projet suit son cours normal, bien vrai qu’il ait accusé un certain retard, et qu’actuellement c’est la pulvérisation qui est en exécution. La pulvérisation aérienne fait partie des différentes techniques utilisées dans la lutte contre les mouches tsé-tsé. Ces techniques, même si elles sont efficaces, permettent seulement de couvrir seulement une petite zone. La coordination du projet a par conséquent envisagé la pulvérisation aérienne pour couvrir de grandes superficies. Avec cette pulvérisation, il est possible de mener le combat contre la mouche tsé-tsé à grande échelle et durablement, selon M Sylla.
Dans sa description de cette phase du projet PATTEC, le coordinateur dira que dans le cadre de la protection de l’environnement, sa structure a reçu l’avis de la direction nationale du contrôle des pollutions et des nuisances (DNACPN) et, pour le suivi environnemental une convention a été signée avec cette dernière. Les travaux de pulvérisation aérienne, d’un coût de 1,1 milliard FCFA pour un délai d’exécution de 60 jours ont été confiés à l’entreprise chinoise Zhong Ma construction, sur appel d’offre. Aux dires du coordinateur Mamadou Sylla, ils ont commencé le 1er décembre 2012, les travaux auraient pris fin le 31 janvier 2013. Mais certaines sources proches du projet attestent le contraire et affirment qu’aucun vol de pulvérisation aérienne n’a été effectué par ladite entreprise qu’elles estiment fictive. Pendant que d’autres sources, moins concordantes, affirment que les travaux de pulvérisation auraient été suspendus à cause de la situation sécuritaire du pays. Jusqu’à l’heure où nous paraphons cet article, aucun de nos interlocuteurs, le coordinateur Mamadou Sylla et nos sources internes et externes ne nous ont apporté une preuve palpable des affirmations avancées, ce, après plusieurs rendez-vous manqués. Nous y reviendrons.
Rokia Diabaté