La biomasse contribue à plus de 80% à la consommation énergétique nationale du Mali. Elle est consommée à travers soit le bois, le charbon que les gens brûlent pour préparer leur repas quotidiennement. Pour en savoir plus nous nous sommes approchés d’un spécialiste, M. AdamaSambou Sissoko doctorant en environnement à l’Institut de Pédagogie Universitaire de Bamako (IPU).
L’énergie biomasse est la forme d’énergie la plus ancienne utilisée par l’homme depuis la découverte du feu à la préhistoire. Cette énergie permet de fabriquer de l’électricité grâce à la chaleur dégagée par la combustion de ces matières (bois, végétaux, déchets agricoles, ordures ménagères organiques).
Selon M. Sissoko, la population malienne devrait savoir que c’est le bois qui est principalement utilisé pour fabriquer le papier sous toutes ses formes. D’après lui, la biomasse englobe également les déchets organiques qui sont produits par le cheptel, dont la gestion relève du ministère de l’Elevage.
De même, il a précisé que ceux qui sont censés proposer des politiques énergétiques efficaces pour le pays, sont en majorité à l’abri de faire autant recours à la biomasse pour leurs besoins (la cuisson en l’occurrence). Que ceux-ci ont soit le gaz butane, soit le réchaud électrique pour cuisiner, avant de souligner que sans compter le gaspillage énergétique notoire dans l’administration publique, dans des camps des porteurs d’uniformes, entre autres.
« Si dans certaines régions du pays, les populations continuent à ramasser du bois mort pour satisfaire leurs besoins culinaires dans d’autres régions par contre, les habitants coupent du bois frais pour le faire, en vue de le sécher et l’utiliser en bois de cuisson » a-t-il affirmé.
A ses dires, l’exploitation forestière bascule vers la surexploitation en passe de devenir la principale cause de dégradation des ressources du Mali. Toujours selon lui, les besoins d’énergie domestiques couverts par la biomasse, ont enregistré un accroissement de 142% entre 2007 et 2016.Elle représente l’essentiel de la consommation énergétique dans notre pays avec comme corollaire de la pression sur les ressources forestières. S’y ajoute, l’émission de gaz à effet de serre et de polluant atmosphérique. Que le secteur de l’énergie a émis en 2015 un total de 5478,54 mégatonnes de dioxyde de carbone, selon le rapport de l’Agence de l’Environnement et du Développement Durable en 2017.
Ces émissions de gaz dans l’atmosphère, dit le spécialiste en environnement, ont un impact négatif sur la santé humaine sans compter l’élévation des températures à travers l’effet de serre et la perturbation du climat.
« Nous constatons déjà des déplacés écologiques à l’intérieur du pays, si rien n’est fait pour arrêter cette hémorragie, dans un avenir si proche, les Maliens se verront dans l’obligation de franchir les frontières du pays à la recherche des terres agricoles »a-t-il déploré. Selon M. Sissoko, les pertes annuelles en terres arables sur les 3 à 3,5 millions d’hectare de terres cultivés sont en moyenne de 6,5 tonnes par hectare et peuvent atteindre plus de 30 tonnes par hectare dans certaines zones.
Par ailleurs, il affirmera que sur de nombreux sites, la capacité de charge est largement dépassée et près de 26% des terres cultivées sont marginalisées. Tout en soulignant que le phénomène de la dégradation des terres est grave (réduction des terres de pâturage, exquisément de la fertilité des terres agricoles et dégradation des écosystèmes).D’après lui, ces pertes économiques liées à cette dégradation sont estimées à 4 239 FCFA par hectare par an pour les terres marginales cultivées. Et 90 000 FCFA en zone soudanienne suite à la perte d’élément fertilisant. Le coût total annuel, dira-t-il est estimé à environ 12% du PIB. En effet, l’exploitation de l’or à ciel ouvert cause de nombreux dépôts qui sont rassemblés en terrils.
« Il est grand temps afin que l’on réfléchisse sur comment plafonner la consommation énergétique électrique dans l’administration publique, dans des entreprises et dans les ménages. Rien n’est de trop pour parvenir à l’efficacité énergétique, qui à son tour peut être facteur d’efficacité économique » a-t-il lancé comme message. Et de souligner que chaque année ce sont des milliards qui sont engloutis dans le paiement des factures énergétiques par l’administration publique. Que cette somme, si elle est rentabilisée, pourrait servir à étendre la déserte en énergie et à la création de l’entrepreneuriat afin d’absorber le chômage. Par ailleurs, il dira que cette marge financière, si elle arrivait à être acquise à travers l’efficacité énergétique, qu’elle peut servir à financer des projets de recherche dans le domaine de la conception et de la vulgarisation des équipements de cuisson moderne assez économes.
Par Fatoumata Coulibaly